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Une date aux multiples sens
LE NOUVEL AN AMAZIGH
Publié dans L'Expression le 10 - 01 - 2019

Le couscous est préparé avec une sauce à base de légumes secs
Dans la journée de «amenzu n Yennayer» (le premier jour de l'An), sont proposés «lesfendj» ou «lemsemmen». Une pâte qui gonfle ou qui s'étend facilement annonce forcément une année riche et généreuse.
Parce que Bouira représente l'Algérie dans sa diversité linguistique, sa différence culturelle, elle s'apprête à célébrer Yennayer fastueusement. Depuis une semaine, un riche programme est retenu pour la circonstance. A la différence des années passées et après la constitutionalité et l'officialisation de tamazight, la fête touchera toute la wilaya quand elle était exclusive à la région est. Dans cette ambiance festive, la direction de la jeunesse et des sports comme à son accoutumée vient entacher l'évènement en le caricaturant par l'organisation d'une finale inter-quartier de football. Que vient faire le sport-roi, mais qui se débat dans un marasme total dans la célébration d'une fête nationale qui pour les plus initiés reste un retour à la source et la vraie reconnaissance de l'amazighité du peuple algérien.
«L'an zéro du calendrier berbère remonte à des événements marquants qui datent de l'époque de l'Egypte ancienne. Shechnak 1er, prince de la tribu berbère des Mechaouech, qui a conquis le pays des Pharaons, est monté sur le trône pour y régner pendant 21 ans, de -945 à -924. Il est le fondateur de la 22e dynastie égyptienne. Il réunifia l'Egypte en l'an 950 avant J.-C. puis envahit la Palestine pour s'emparer à Jérusalem, de l'or et des trésors du temple de Salomon». C'est en ces termes que les historiens définissent Yennayer. «En tout cas, Yennayer, cette fête traditionnelle toute simple, mais profondément lointaine dans le temps, sera constamment pour nous une occasion pour que nos chemins, sur la route de la mémoire, se croisent souvent, et ainsi nous rétablirons la vérité, après des décennies où l'oubli et l'indifférence, des erreurs monumentales qui traduisent la méconnaissance de notre Histoire, ont constitué également cet outrage à l'encontre d'un peuple attaché à ses valeurs» qui mieux que cet auteur pouvait résumer le sens, la portée et la valeur de cette journée. Le 12 janvier 2019 correspond au 1er Yennayer 2969 de l'an amazigh. Chaque région a ses rites et ses habitudes liées à des croyances et mythes fondateurs de Yennayer. Yennayer, se veut surtout un moment festif et de convivialité familiale, il est aussi une occasion pour les personnes de se réconcilier entre elles. Depuis maintenant une semaine, les populations de la wilaya, à l'instar de leurs semblables à travers le pays et de toutes les communautés berbères du Maghreb, se sont préparées à accueillir le Nouvel An berbère.
Ces préparatifs sont de deux ordres. Il y a d'abord la célébration collective, mais aussi des rites spécifiques aux familles.
La couleur est annoncée par la direction de la culture qui pour une fois prend les devants en traçant un riche et varié programme pour la circonstance. Il commencera le mardi 8 et s'étalera jusqu'au 13 du mois avec des expositions, des concours et de l'animation. Les thèmes retenus vont de l'art culinaire, à la confection des tapis, l'industrie artisanale de la poterie, la robe, le bijou... pour ne citer que ces activités qui ont traversé des décennies de notre histoire et qui ont résisté aux attaques des civilisations qui se sont succédé sur cette terre.
Les associations «Tidukli» et «Thiragwa» de Merkala, en collaboration avec l'association «Histoire et Vestiges» de la même région, ont retenu un riche programme de festivités qui dureront jusqu'au 12 janvier prochain. La commune de Saharidj pour sa part et sous le patronage de l'association locale, en collaboration avec la commune, a retenu plusieurs actions commémorant l'événement. Takerboust, à une cinquantaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya, l'association théâtrale locale a mis les bouchées doubles dans le but de célébrer comme il se doit cette date. «En cette journée de Yennayer, nous comptons organiser des expositions de poterie, d'habits traditionnels et de livres portant sur l'histoire amazighe», a fait savoir le président de cette association. Dans la commune d'Ouled Rached, daïra de Bechloul, les organisateurs prévoient un stand dédié à l'art culinaire avec des plats et des mets traditionnels, une exposition de robes kabyles, de bijoux traditionnels, de plantes médicinales et de livres traitant de la culture et traditions amazighes. Le grand dîner au couscous, thimachrat et les animations étaient à l'honneur dans la région est et plus particulièrement à Ath Laksar qui continue à réserver à ce début d'une année nouvelle sa place et celle qui lui échoit. Au chef-lieu de wilaya, l'association «Héritage Algérie» a décidé de prendre le taureau par les cornes. «Cette date est plus que symbolique, elle fait partie intégrante de notre histoire. C'est le calendrier de nos ancêtres. Nous devons la fêter selon la tradition» nous avait confié un membre de cette association. Pour définitivement se démarquer des tapages folkloriques et allier l'utile à l'agréable, une association d'Algériens résidents à Marseille vient de doter le centre pour enfants orphelins de Bouira d'un important lot médical, vestimentaire et des jouets. «Yennayer reste un patrimoine national.
Il n'est pas l'exclusivité d'une région. Sa célébration doit se démarquer des actions routinières qui prévalaient jusque-là. Le chant, la danse, quelques habits traditionnels accrochés aux murs... la célébration se doit d'être une occasion pour écrire l'histoire et aussi servir de support pédagogique aux nouvelles générations qui connaissent Noël, El Hidjra, Moharrem, mais ne savent rien sur Yennayer qui reste notre date à nous Algériens et Algériennes», nous confie le docteur Djeridane, président de l'association nationale «Héritage Algérie», qui compte dans ses rangs plusieurs cadres de divers horizons, mais et surtout plusieurs jeunes archéologues, historiens.
Pour la circonstance, et depuis des décennies, les comités des villages s'attellent à faire des quêtes pour acquérir des bovins qui seront sacrifiés la veille et répartis équitablement entre les habitants.
Cette action appelée «thimechrat» n'est pas un rituel spécifique au Nouvel An, mais reste une manière d'affermir les liens entre les villageois et consolider les relations que le modernisme tend à effacer. S'agissant des caractéristiques de la journée, les familles préparent un grand dîner «imensi n Yennayer», qui se traduit généralement par la préparation d'un couscous avec du poulet. Le mets principal reste le couscous de blé. L'utilisation de la semoule d'orge est, ce jour-là, bannie, elle qui constitue en temps normal le repas du pauvre. Le couscous est préparé avec une sauce à base de légumes secs.
D'une région à une autre, les explications sont différentes quant au choix de la volaille. Certains préfèrent le coq qui symbolise la naissance de la lumière (le lever du jour), d'autres, la poule et ses oeufs qui incarnent la fécondité et par conséquent l'abondance. Dans la préparation des autres mets qui accompagnent le couscous, les femmes servent aux enfants, le matin du 12 janvier (tasebhit n yennayer) «uftiyen» ou «isrecmen», un mélange de céréales entières. Selon les moyens, on complète le plat par un mélange de fruits secs (inighmen) servis en abondance aux présents. La tradition exige que l'on ne vide pas les plats, ce qui signifie que l'on ne doit pas avoir faim. L'occasion est saisie pour réunir la grande famille «adhroum» autour de ce plat. La rencontre permet aussi de dissiper les malentendus, de régler les conflits pour permettre à tout le monde de commencer l'année sur de bonnes bases. Aux heures des prières, les croyants accomplissent leur devoir. La date est aussi et surtout une occasion des retrouvailles pour la gent féminine. Les femmes sortent rarement et ne se rendent visite que conjoncturellement lors des mariages, des décès ou autres fêtes familiales. Dans la soirée, les femmes déposent sur le toit des maisons quatre coupelles en terre remplies de sel représentant chacune les mois de Yennayer, «furar, meirs et yebrir» (février, mars, avril). Au matin de la journée de Yennayer, le niveau d'humidité du sel annonce un mois arrosé ou non, surtout que la vie en campagne est sujette aux aléas de la météo. Même si partout la cuisinière a pris la place, on renouvelle son «qanun»; la découverte d'un ver blanc sous les pierres ramassées pour le trépied du four, laisse entrevoir la naissance d'un garçon, une herbe verte signifie une moisson abondante, les fourmis symbolisent l'augmentation du bétail...Dans la même journée de «amenzu n Yennayer» (le premier jour de l'An), sont proposées «lesfendj» ou «lemsmmen». Une pâte qui gonfle ou qui s'étend facilement annonce forcément une année riche et généreuse. Plus à l'ouest et au sud de la wilaya, où résident les entités arabophones, la célébration tend à se généraliser ces derniers temps. Là aussi, les festivités se limitent à l'art culinaire. En plus du couscous, beaucoup préparent des crêpes «baghrir», le «rfiss», «chakhchoukha» et d'autres plats traditionnels. Cette tendance et cet engouement pour le traditionnel se veut un respect du caractère ancestral de cette date. En continuant à célébrer Yennayer, les Bouiris perpétuent une grande et ancestrale tradition, et enseignent l'histoire aux générations nouvelles.


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