Il s'appelle Hichem Turqui, 26 ans, alias Hix, son nom d'artiste. Il est actuellement étudiant en master 2 à l'Ecole supérieure des beaux arts d'Alger. Le 29 décembre dernier il a créé le buzz à Oran en allant se promener dans les rue d'El Bahia durant deux heures, mais aussi dans un magasin de vêtement. La particularité de cette performance artistique? Hichem était habillé comme l'homme de Cro-Magnon, un homme des cavernes. Un costume qu'il a conçu et fabriqué lui-même. Artiste plasticien polyvalent, Hichem Turqui, pour rappel, a touché déjà à plusieurs techniques artistiques dont la photo, la vidéo, la réalisation, et même la peinture.. Dernièrement, il s'est attaqué au domaine de la performance, très peu connu chez nous. Artiste éclectique n'aimant pas le cloisonnement - il s'est aussi essayé au théâtre et à la musique- Hichem a fait sensation lors de cette dernière sortie...le médium qu'il a exploré récemment n'est pas très en vogue, sinon très peu expérimenté et parfois bien maladroitement en Algérie, voilà pourquoi les gens ont été super-étonnés de le voir ainsi dans les ruelles d'Oran. Que s'est-il passé réellement? Notons que cette démarche s'inscrit dans son travail de thèse de fin d'année, dont le thème est centré sur le tabou, et ce, décliné en deux parties: le tabou dans l'art et le tabou de l'amour. «C'était impossible de les jumeler en un seul travail. J'ai donc entrepris de travailler sur le tabou de l'art dans la société en performance» pour laisser «le tabou de l'amour» à ma soutenance, que je travaillerai dans un cadre pédagogique bien précis, soutenance qui est censée se tenir d'ici la fin du mois». A Oran, révèle le jeune artiste «je voulais observer l'impact de l'art au regard des gens dans la rue, sans les prévenir car si c'est le cas ça devient un événement, un spectacle» et de souligner: «Pourquoi l'homme primitif? à la base, je ne voulais pas sortir de ma spécialité, sachant que je suis en formation sculpture. Si on parle de l'homme primitif, c'est à cette époque que l'homme a commencé à sculpter. Autrement j'ai voulu toucher à l'origine de ma spécialité. L'homme de pierre. Les gens n'ont pas trop compris cela. J'ai pris ce personnage aussi pour leur dire que nous sommes tous humains et ce, qu'importe le vêtement que nous portons sur nous-mêmes. Il ne faut pas juger l'Autre juste parce qu'il est habillé différemment.» et d'ajouter: «Ma performance a commencé aussi par la distribution de pommes d'amour, pour leur dire que sans l'amour on n'aurait jamais existé. De l'homme des cavernes jusqu'à nos jours, l'évolution humaine n'aura été que culturelle, pas autre chose. Ce qui n'a pas changé c'est le rapport humain.» Aussi, Hichem fait remarquer que le feedback entre les gens de la rue et ceux de facebook était complètement différent «on dirait deux sociétés. Sur facebook c'était beaucoup plus basé sur les insultes, mais petit à petit je recevais des encouragements car on commençait à comprendre ce à quoi je tendais... cela veut dire que j'ai touché à quelque chose en parlant du tabou de l'art et d'ailleurs, ma performance a fini par avoir un impact national...» Et de poursuivre: «la suite parlera du tabou en amour. Et je pense que ça va surprendre plus d'un...» Parlant de l'art de la performance, assez nouveau en Algérie, Hichem Turqui nous confirme son désir de vouloir en faire d'autres tout en avouant que «c'est compliqué dans notre société» et de conclure à propos de l'art contemporain en général en Algérie en s'adressant aux artistes: «Ils devraient oser beaucoup en termes de nouvelles techniques que l'Algérien ne connaît pas forcément de l'art. C'est pour cela que j'ai fait une performance alors que j'aurai pu faire de la photo ou de la vidéo pour exprimer mes idées...»