Pouvoir n Facebook paraît comme un domaine de la dénonciation et de la contestation. C'est là où s'élèvent désormais des voix furieuses d'indignation et c'est là aussi que s'érigent des mouvements de protestation. C'est là également où s'organisent des vagues de solidarité, s'écrivent des témoignages de sympathie, ou, le cas contraire, s'installent une réaction contre une opinion, une mesure, des agissements… Intéressons-nous au mouvement de solidarité. Souvenons-nous de Mohamed Dadah, alias Moh Vita Boy, ce jeune musicien de 29 ans qui, ayant l'habitude de se produire avec sa guitare à la place Audin à Alger centre, a été arrêté un 14 janvier, par la police et conduit illico-presto au commissariat. Le motif de cette arrestation n'était rien d'autre que d'avoir joué de la musique dans la rue pour gagner quelque argent déposé dans la housse de sa guitare. Mohamed Dadah a été accusé d'avoir occupé de manière illégale un lieu public, seulement un mètre carré de scène de rue sans autorisation. Le comble, celui qui a été relâché une heure après son arrestation, a été accusé de «mendicité professionnelle». Emmené sous les yeux des passants, la nouvelle de l'arrestation du jeune musicien s'est propagée rapidement sur facebook comme une traînée de poudre et y a provoqué un retentissant tollé, une vague d'indignations. Son arrestation a donc fait aussitôt le buzz sur le réseau social. En réaction, des internautes ont exprimé leur indignation parce que Mohamed Dadah qui est artiste a été considéré d'une part comme un mendiant et d'autre part comme un criminel – ce qui est une insulte à son talent et à sa sensibilité artistique. Les facebokeurs ont immédiatement affiché leur solidarité avec ce jeune artiste. «Qu'a-t-il fait de mal si ce n'est mettre de la joie avec sa voix et sa guitare dans cette ville qui sombre dans l'archaïsme ?», commente, souvenons-nous, un facebookeur. Rappelons que le soir de l'arrestation, Idir Tazerout et Mehdi Mehenni, deux journalistes et militants, décident de descendre à la place Audin pour «improviser une session musicale contestataire, filmée avec les moyens du bord dans le froid nocturne». Au moment de sa diffusion, la vidéo comptabilise plus de 28 000 vues sur la Toile et «marque le début d'un pic de critiques sur facebook». Et sans plus tarder, plusieurs internautes ont lancé un appel à la mobilisation afin que, note-t-on, «l'art puisse se réapproprier les rues de la capitale». «Les artistes doivent dans l'urgence s'impliquer et occuper les grandes rues et boulevards de nos grandes villes pour montrer à ces bouffeurs d'espoir que l'Algérie, ce n'est pas ça !», écrit un commentateur. C'est alors que des artistes anonymes ont organisé le samedi 16 janvier une action de solidarité avec le jeune guitariste Mohamed Doha. Ils se sont donné rendez-vous à 14 h au même endroit, munis de guitares pour un spectacle de rue. Des dizaines de fans, des passants et des médias ont été attirés par les groupes de musiciens qui ont chanté des morceaux de Rock, de Gnawi et des chansons d'Idir. Le spectacle de solidarité a duré jusqu'au soir. «Avec leur plume, leur caméra, leur guitare et leur voix, des artistes manifestent un soutien plus poétique et musical au mendiant professionnel de l'amour et du bonheur», commente un facebookeur. Des vidéos émanant d'artistes vivant en Algérie et en France font aussi le tour des réseaux sociaux. Et rappelons que le groupe algérien Djmawi Africa a offert à la place Saint-Michel un concert de rue en soutien à Moh Vita. Y. I. «Les Allumés» : un humour 100% algérien l «Les Allumés» est un recueil de dessins sobrement griffonné, voire de façon stylée. Il s'agit de personnages à l'apparence presque humaine, des figures humaines mais simplifiées, avec le corps rallongé et une grosse tête, et qui font rappeler des allumettes qu'on grille. La ressemblance est d'ailleurs frappante. L'originalité de ces dessins tient à leur ancrage social, ils sont inspirés de la société. Ils racontent des situations typiquement algériennes sous forme de bande dessinée (un cadre, un dessin et des bulles), cela donne aux textes qui sont inspirés du quotidien, un côté moins sérieux. Et à propos de ses dessins, l'artiste explique : «Dans Les Allumés, j'aborde le comportement des Algériens d'aujourd'hui, avec leur mentalité.» Et de préciser : «Avec Les Allumés, je voulais un truc 100% algérien dans lequel on reconnaît la société algérienne, avec nos repères linguistiques, nos réflexes notre façon de parler et de casser l'autre, même avec l'hypocrisie qui nous est propre. C'est un livre qui a été fait en Algérie avec une inspiration authentiquement algérienne». Ainsi, avec «Les Allumés», où ça parle franchement, où tout est dit avec un franc-parler hilarant, on est en plein humour à l'algérienne. Y. I.