Affrontements et sabotages pour aggraver la crise «Nous avions avancé à près de 70% (dans le rétablissement de l'électricité) lorsque nous avons reçu à la mi-journée une autre attaque cybernétique visant une des source d'énergie», a affirmé le chef de l'état. La situation de crise politique au Venezuela devient de plus en plus délicate avec les retombées de la gigantesque panne d'électricité qui a plongé le pays dans le noir et coupé les Vénézuéliens du monde, les réseaux de téléphonie et de l'Internet étant depuis jeudi totalement coupés. La panne d'électricité, jamais connue par le pays, est en train de causer aussi des victimes parmi les patients dans des hôpitaux. En effet, 15 patients soufrant de maladies rénales ont perdu la vie faute de courant électrique indispensable pour le fonctionnement des différents appareils de traitement (dialyse). L'approvisionnement en eau potable commence à connaitre lui aussi des perturbations. De même pour plusieurs aliments frais nécessitant le courant électrique pour leur conservation. S'agissant des aliments, il y a lieu de souligner que le pays connait déjà une rareté sans précèdent en termes de disponibilité. «Des pans entiers de la société risquent en effet la famine», alertent plusieurs ONG. L'opération de rétablissement du courant est, selon le président du Venezuela Nocolas Maduro, perturbée par les Etats-Unis.»Aujourd'hui, 9 mars, nous avions avancé à près de 70% (dans le rétablissement de l'électricité) lorsque nous avons reçu à la mi-journée une autre attaque cybernétique visant une des source d'énergie qui fonctionnait parfaitement. Cela a annulé tout ce que nous avions réalisé», a expliqué Nicolas Maduro samedi devant des milliers de partisans réunis à Caracas. Ce sont les Etats-Unis qui sont à l'origine de tout le mal frappant ce pays. A commencer, indique-t-on, par le blocus économique exercé contre ce pays depuis plusieurs années. Les pertes causées par ce blocus sont estimées à 20 milliards de dollars, selon le président Maduro. Les accusations de Maduro sont pour beaucoup d'analystes justifiées. La crise politique que traverse le Venezuela, née après que l'ex-chef du parlement Juan Guido s'est autoproclamé «président de la République par intérim», a aussi pour origine, soulignent les observateurs, la complicité des Etats-Unis. Juan Guaido était jusqu'au 23 janvier, date de son auto-proclamation, un inconnu. «Tous les pays ayant reconnu Guaido l'ont fait suite à une pression de la part des Etats-Unis», qui sont aussi, soutiennent-ils, derrière l'idée d'une intervention militaire. Concernant la panne d'électricité, le gouvernement vénézuélien a affirmé qu'il allait fournir à l'ONU «des preuves» de la responsabilité de Washington dans cette affaire. Ces informations seront remises à une délégation du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme attendue dans quelques jours à Caracas, a déclaré le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez. La compagnie vénézuélienne d'électricité Corpoelec a dénoncé un «sabotage» de la centrale hydroélectrique vénézuélienne de Guri, la plus importante du pays et l'une des principales d'Amérique latine. Au-delà du Venezuela, cette coupure de courant gigantesque affecte aussi l'Etat frontalier brésilien de Roraima (nord), contraint d'utiliser des centrales thermiques pour fournir du courant à sa population de plus de 500.000 habitants. La situation critique a fait réagir le président légitime du pays Nicolas Maduro, qui a appelé ses partisans à défiler samedi dans les rues de Caracas «contre l'impérialisme», alors que l'opposant Juan Guaido a appelé les siens à marcher pour «pousser le président Maduro à quitter le pouvoir». Il est à rappeler que Guaido est revenu dans le pays après avoir échoué à faire entrer au Venezuela des tonnes d'aides humanitaires principalement fournies par les Etats-Unis et bloquées par les forces armées à la frontière colombienne. M. Maduro y voyait une tentative déguisée d'intervention militaire extérieure. La crise politique s'est aggravée quand l'opposant Juan Guaido, renvoyé le 22 janvier du poste de président de l'Assemblée nationale sur décision de la Cour suprême, s'est autoproclamé le lendemain «président en exercice du pays».