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"L'aide de l'armée est capitale"
EXCLUSIF:ALI BENFLIS, PRESIDENT DE TALAIE EL HOURRIET, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 25 - 04 - 2019

img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P190425-15.jpg" alt=""L'aide de l'armée est capitale"" /
L'homme qui répond à nos questions, pourrait être la personne-clé pour une sortie de crise sans dégâts. Ali Benflis, puisque c'est de lui qu'il s'agit a la capacité de rassembler l'opposition et rassurer les populations en vue d'une transition douce. Mesuré, il a le sens de l'Etat pour avoir exercé de hautes fonctions. Il est donc à même de lancer une véritable refonte du système politique algérien, en favorisant une vraie démocratisation. Depuis le début de la révolution populaire pacifique, il a multiplié les rencontres avec les acteurs politiques et fait des propositions pour éviter que le pays ne sombre dans une crise sans lendemains. Dans cet entretien il tente de dénouer la complexité de cette crise en ouvrant des pistes et en avançant des offres de solutions.
L'Expression: L'Algérie vit une crise politique inédite. Entre les exigences du peuple et le système en place il y a un écart abyssal. Selon vous, quels sont les mécanismes à mettre en oeuvre pour asseoir une transition que les Algériens réclament depuis déjà neuf semaines?
Ali Benflis: Cet écart que vous qualifiez, à juste titre, d'abyssal est une conséquence logique de la situation actuelle. Vous avez d'un côté les revendications légitimes, claires et massives de la révolution démocratique pacifique en marche dans notre pays. Et vous avez, de l'autre côté, les figures emblématiques d'un régime politique qui n'a pas disparu et qui sont aux commandes des principales institutions de l'Etat. Je vais être plus clair. La Présidence de l'Etat est entre les mains de l'une de ces figures emblématiques, juste parce qu'elle occupait la fonction de président du Conseil de la nation à laquelle elle a été reconduite de fraîche date, c'est-à-dire en décembre 2018, par les forces extra-constitutionnelles encore toute infatuées de leurs pouvoirs sans limites. Quant au gouvernement, son statut est plus clair encore; il est la création de ces forces extra-constitutionnelles. Et que dire du président de l'Assemblée populaire nationale, sinon qu'il a été imposé dans des formes choquantes par ces mêmes forces extra- constitutionnelles. Quel constat peut-on faire à la lumière de cet état de fait? Il n'y en a qu'un seul qui vaille. C'est celui de l'impossibilité de trouver quelque terrain d'entente que ce soit entre une révolution qui réclame le départ d'un régime et les éminents représentants de forces extra- constitutionnelles qui jouent leur va-tout dans un combat destiné à assurer sa pérennité et sa survie derrière une nouvelle devanture. Dans ces conditions, l'on comprend aisément le refus catégorique de mettre entre de telles mains le sort de la prochaine présidentielle dont nous attendons tous qu'elle soit le véritable point de départ de la refondation démocratique dans notre pays. Qui dit refus des mains suspectes dit attente de mains rassurantes. Substituer aux mains suspectes, les mains rassurantes, c'est en cela que réside le facteur déclencheur du règlement de la crise actuelle. A cette fin, quatre conditions doivent être réunies.
Il s'agit en premier lieu de sortir de l'approche binaire qui oppose le règlement constitutionnel au règlement politique. La situation extrêmement grave que vit l'Algérie exige que les deux aillent de pair. Il s'agit, en second lieu, d'épuiser tous les recours possibles sur la voie constitutionnelle, mais dès qu'un blocage apparaît sur cette voie, il n'y a de place ni à l'hésitation ni à la frilosité quant aux recours à la voie politique. Après tout, les Constitutions sont censées mettre de l'huile dans les rouages institutionnels et non des grains de sable. Il s'agit, en troisième lieu, et dans le prolongement de ces deux premières conditions, de procéder à une mise en oeuvre combinée des articles 7, 8 et 102 de la Constitution.
Le rigorisme constitutionnel
Les articles 7et 8 et bien d'autres articles de notre Loi fondamentale peuvent aisément offrir une large couverture constitutionnelle à la partie politique du règlement de la crise. Il s'agit en quatrième lieu de l'Armée nationale populaire qui assume le rôle d'accompagnateur, de facilitateur, de garant et de protecteur d'un tel règlement. Toutes ces conditions relèvent de la volonté politique. Dès la manifestation de celle-ci, les mécanismes se mettront automatiquement en place. Et il n'y en a pas un seul, mais plusieurs comme l'a relevé, à juste titre, le chef d'état-major de l'ANP.
Pourquoi tant d'insistance à respecter la Constitution de la part de l'armée alors que le peuple semble lui donner mandat pour l'aménager s'il y a volonté pour cela, au mieux des intérêts des revendications populaires?
Permettez-moi de dire, d'emblée, que ce rigorisme constitutionnel honore nos forces armées. Il reflète leur attachement, et plus encore, leur enracinement républicain. Cela dit, l'ANP, tout comme la société algérienne et le peuple algérien lui-même, a profondément changé. Elle s'est professionnalisée. Elle est accaparée par plusieurs fronts, ceux de la lutte contre le terrorisme, ceux de la défense de nos frontières et ceux de la prévention de nombreuses menaces qui assaillent notre pays dans un environnement régional profondément instable. Elle veut mettre de la distance entre elle et les affaires politiques vers lesquelles elle ne veut plus être entraînée au détriment de toutes ses autres missions déjà bien lourdes. Ceci est à mon sens, un premier facteur. Il y a aussi un deuxième facteur, me semble-t-il; celui-ci tient au fait qu'elle ne veut, en aucune façon, être tenue pour responsable d'une atteinte à l'ordre constitutionnel. Souvenez-vous, la seule suggestion par son chef d'état-major d'une mise en oeuvre de l'article 102 a été instantanément et abusivement assimilée à un coup d'Etat.
La constituante va nous faire perdre baucoup de temps
Il y a, enfin, un troisième facteur qui relève d'un sentiment personnel et qui part du constat que nos forces armées se sont construites une réputation internationale honorable qu'elles ne souhaitent pas voir entachée par ce que tous les regards de l'extérieur qui sont rivés sur notre pays en ce moment pourraient interpréter comme un manquement au strict respect de cet ordre constitutionnel.
Mais en face de tout cela, il y a la quasi-unanimité du peuple algérien qui attend de ses forces armées qu'elles assument leurs responsabilités nationales et qu'elles ne privent pas le pays de leur aide dans la recherche d'un règlement à la grave crise actuelle.
Y a-t-il un personnel politique qui peut émerger en dehors des structures des partis?
L'Etat- Nation existe depuis le XVII ème siècle dans la forme que nous connaissons jusqu'à ce jour. Rien de fondamentalement nouveau n'a été inventé à son propos. Bien sûr qu'un nouveau personnel politique peut émerger en dehors des partis comme en témoigne dans notre voisinage immédiat le mouvement «Cinq Etoiles» en Italie et le mouvement «En Marche» en France.
Les plateformes numériques jouent, aujourd'hui, un rôle considérable en ce sens.
En sera-t-il de même dans notre pays? Je ne peux faire de pronostic ni dans un sens ni dans un autre. Je peux constater, par contre, que ces mouvements restent exceptionnels dans le monde.
Les médiations classiques, c'est-à-dire les partis, les syndicats et les Associations ont encore de beaux jours devant eux. Ce sont eux qui continueront, dans l'ensemble, à nourrir et à animer la vie politique. Dans notre pays, la vie politique dont nous héritons est un désert qu'il nous faut reverdir et refleurir. Voilà une tâche exaltante qui attend la révolution démocratique en marche dans notre pays. Elle doit investir le monde partisan, le monde syndical et le monde associatif avec la même énergie. Et de fait, sa victoire ne sera totale que le jour où après avoir fait tomber le régime politique en place du haut de son piédestal, elle prendra entre ses mains la construction d'une alternative comme elle le veut et comme elle l'entend.
Pensez-vous que l'institution militaire et ses chefs sont arrivés à la maturité organisationnelle pour laisser émerger un Etat civil? L'armée sera-t-elle un partenaire pour accompagner le peuple pour concrétiser ses aspirations comme le promet dans ses discours le chef d'état-major?
Qu'est-ce qu'un Etat civil? Pour moi, c'est d'abord un Etat de droit reposant sur des institutions constitutionnelles dont chacune assume pleinement les pouvoirs que lui confère la Constitution. Sur les vingt dernières années, le régime politique en place a eu à sa disposition plus que le temps nécessaire pour construire cet Etat civil. L'a-t-il fait ou y a-t-il simplement pensé? La réponse est catégoriquement non. Cette idée ne lui a jamais effleuré l'esprit. Elle n'était ni sa principale préoccupation ni sa première priorité. Ce qu'il voulait était aux antipodes de l'Etat civil. Il a choisi de construire méthodiquement un régime de concentration des pouvoirs au bénéfice d'un homme providentiel sanctifié. Et c'est ainsi que les trois révisions constitutionnelles sur la période ont enfanté un pouvoir personnel totalitaire. L'ANP ne porte aucune responsabilité dans cet état de fait. C'est un pouvoir civil qui a empêché l'émergence d'un Etat civil.
Aujourd'hui, le résultat est sous nos yeux. L'homme qui n'avait rien de providentiel parti, aucune institution ne tient debout. Aucune n'est en mesure de remplir ses obligations constitutionnelles. Pour le malheur du pays, nous ne pouvons que constater les dégâts.
Au moment de l'épreuve que nous traversons, nos institutions se sont révélées sous leur vrai jour, celui de coquilles vides. Qu'il s'agisse de la Présidence de l'Etat, du gouvernement, de l'APN, du Conseil de la nation ou du Conseil constitutionnel, aucune d'entre elles n'est en position ou en capacité d'apporter quelque contribution que ce soit au règlement de la crise actuelle en dépit de son exceptionnelle gravité.
Qui porte la responsabilité d'un passif aussi lourd? C'est incontestablement un régime politique dévoyé.
La présidentielle est le plus court chemin
Comme je viens de le dire, je crois sincèrement que l'ANP a profondément changé et que sa doctrine consiste à prendre de la distance par rapport aux affaires politiques. Mais cela ne suffit pas pour la naissance de l'Etat civil. L'Etat civil naîtra dans le sillage de l'Etat de droit.
Le mouvement populaire pacifique qui entamera demain sa 10ème semaine risque-t-il d'être inféodé par la fameuse «main étrangère» dont les instigateurs ne sont que les anciens hommes forts du système, comme le crie régulièrement le chef d'état-major de l'armée?
Lorsqu'un pays, comme c'est le cas du nôtre aujourd'hui, connaît une situation de très forte instabilité «les mains étrangères», comme vous le dites, cessent d'être un épouvantail ou une vue de l'esprit. Mon expérience m'enseigne que l'instabilité est propice aux interférences étrangères de manière directe ou par relais internes interposés. Nous vivons dans un environnement mondialisé. Chaque pays y défend ses intérêts comme il peut. La crise que vit notre pays met en jeu des intérêts considérables de nombreux pays. Nous ne devrions donc pas être surpris d'apprendre que des puissances étrangères s'emploient à influer sur le cours de cette crise soit directement soit par procuration.
Gaïd Salah a pointé du doigt l'ex-patron des services de sécurité, l'accusant de s'adonner à un jeu trouble et de vouloir porter atteinte à l'institution militaire et la stabilité du pays. Gaïd Salah pourrait-il aller au bout de ses menaces et arrêter le général à la retraite Toufik?
J'ai derrière moi une carrière d'homme de droit de près de quarante ans. Et certainement par déformation professionnelle, je ne juge que sur pièce. J'attends donc d'en savoir un peu plus sur cette affaire pour former mon jugement et me prononcer sur elle.
Par éthique comme par devoir politique, j'ai besoin que mon appréciation soit fondée sur une connaissance précise du sujet sur lequel je me prononce.
Doit-on aller à une présidentielle comme premier jalon à tout le travail de refondation de la République algérienne ou, au contraire procéder par un travail de fondation constitutionnelle et institutionnelle pour faire émerger le président comme produit d'une légitimité démocratique?
Je n'ai pas d'idée préconçue sur la nature ou la forme du règlement de la crise actuelle, qu'il s'agisse de la présidentielle ou de la Constituante. Par contre, il importe à mes yeux que le règlement quel qu'il soit remplisse les conditions suivantes: 1/ qu'il aide à combler le vide institutionnel au plus tôt; 2/ qu'il écourte la durée de la crise au lieu de la prolonger de manière inconsidérée; 3/ qu'il évite au pays d'avoir à s'acquitter de coûts prohibitifs politiquement, économiquement et socialement. Qui de la présidentielle ou de la constituante répond le mieux à ces trois conditions essentielles?
Manifestement, ce n'est pas la constituante. La constituante, c'est un minimum de deux à trois années de travail.
Pendant toute cette longue période, l'instabilité et l'incertitude seront les maîtres des lieux. La présidence de la République, clé de voûte de nos institutions, resterait sans titulaire légitime, incontesté et indiscutable. Le gouvernement serait désarmé alors même que le pays continuerait à vivre une situation en dégradation continue. La constituante se focaliserait sur l'objet de son mandat, c'est-à-dire la rédaction de la Constitution alors que toute l'oeuvre législative indispensable aux réformes urgentes à entreprendre serait différée ou gelée. Et pendant tout ce temps dont la longueur est proprement insupportable et intolérable, l'Etat serait sans président pour l'incarner et agir en son nom au-dedans comme au dehors. Le gouvernement aurait les mains liées alors que les chantiers à ouvrir en extrême urgence sont nombreux et vitaux. L'économie nationale déjà à l'agonie perdrait le temps précieux nécessaire à sa remise sur pied.
L'administration du pays resterait en léthargie. Et plus que tout, la dégradation de la situation économique allant de pair avec une dégradation sociale prévisible, il y a tout lieu de craindre que leur combinaison n'entraîne le pays dans une spirale de mouvements sociaux sans fin et aux conséquences incalculables. Je ne verse pas dans l'excès, mais j'ai des craintes sérieuses. Je crains, en effet, qu'après deux ou trois années, nous ayons certes une Constitution, mais pas un pays encore debout pour l'en doter. A mes yeux, la présidentielle est le plus court chemin et le moins coûteux pour la transition démocratique.
Il ne s'agit pas d'aller à la présidentielle à la hussarde.
La présidentielle va poser les fondations de la transition démocratique. Il s'agit de tout mettre en oeuvre pour que celle-ci soit la plus solide possible, car c'est de leur solidité que dépendra celle de la transition démocratique elle-même. La conception de cette transition formera, alors, l'essentiel des programmes des candidats à la présidence de la République. Ces programmes seront soumis au peuple algérien. Celui-ci se prononcera en toute souveraineté et optera pour le modèle de transition démocratique qui répond le mieux à ses attentes et comble le plus son désir de changement.
Gaïd Salah a souligné que toutes les options restent ouvertes, est-ce à dire que l'on pourrait s'acheminer vers un autre scénario que celui de l'application de l'article 102 et l'organisation de l'élection le 4 juillet 2019?
L'article 102 a fait une démonstration irrécusable, celle de son incapacité, à lui seul, de fournir le cadre d'un règlement constitutionnel chimiquement pur de la crise actuelle. Pourquoi? Parce que tout simplement, en dehors de la démission du président de la République, tout le reste de son dispositif entre en conflit frontal avec les revendications légitimes les plus insistantes de la révolution démocratique pacifique en marche dans notre pays.
Le constituant a conçu l'article 102 pour une situation normale. Or, l'Algérie vit tout, actuellement, sauf une situation normale. Elle connaît une situation exceptionnelle et, face à une telle situation, nécessité fait loi.
Il est manifeste que l'application stricte, littérale et intégrale de l'article 102 a conduit le pays vers une impasse dangereuse dont il importe de le faire sortir au plus vite.
Il me semble que c'est à ce même constat qu'est parvenu le chef d'état-major de nos forces armées lorsqu'il affirmait, il y a quelques jours, que toutes les perspectives de règlement de la crise restaient ouvertes.
Et de fait, certaines options restent toujours viables et praticables. Elles s'articulent toutes autour d'une combinaison de l'article 102 avec les articles 7 et 8 et même d'autres articles de la Constitution qui sont susceptibles de fournir une couverture constitutionnelle à la partie politique du règlement de la crise.
Mais pour cela la volonté politique demeure indispensable.
Si vous êtes appelé un jour à la magistrature suprême, comment entendez-vous régler les grandes questions comme la citoyenneté, les identités différentes et les droits fondamentaux difficilement partagés en raison de la politique pratiquée jusqu'alors par le jacobinisme bonapartiste?
Ce serait faire trop honneur à ce régime politique de le classer dans une catégorie politique clairement identifiable comme le jacobinisme ou le bonapartisme. Le jacobinisme comme le bonapartisme avaient une doctrine, une vision et une conception de l'Etat. Notre régime politique n'avait rien de tel. Il a été réduit à une catégorie politique inconnue et non identifiable.
La décentralisation renforcée est la voie la plus sûre vers la construction de l'Etat moderne
C'était un magma insaisissable qui charriait les archaïsmes de la tribu et les pouvoirs exorbitants du Sultanat. Ce régime nous a fortement éloignés de tout ce que représente l'Etat moderne.
Comme vous le relevez justement, l'Etat moderne c'est-à-dire l'Etat de droit, c'est d'abord une citoyenneté également partagée par tous; une citoyenneté jouissant de tous ses attributs en termes de droits et de devoirs; et une citoyenneté incluse dans la gestion des affaires publiques. Quant aux droits fondamentaux auxquels rien n'a été épargné comme négation et comme dépossession, ils devront faire l'objet d'une réhabilitation générale et intégrale au bénéfice de tous nos compatriotes. S'agissant de l'identité, il ne fait aucun doute dans mon esprit que ce combat a été gagné. Je crois en la Nation algérienne et je crois en une identité algérienne forte de ses constituants amazigh, arabe et musulman.
Enfin, en faisant référence au jacobinisme et au bonapartisme, vous soulevez la question de l'organisation de l'Etat et des territoires. Sur cette problématique, je suis on ne peut plus clair. Je compte parmi les tenants les plus engagés en faveur de la décentralisation renforcée que j'ai eu à développer en 2014 à l'occasion de ma dernière campagne présidentielle. A mes yeux, la décentralisation renforcée est la voie la plus sûre vers la construction de l'Etat moderne vers la promotion de la démocratie participative et vers une meilleure valorisation de nos capacités et de nos ressources au profit d'un développement économique plus productif, plus équilibré et plus harmonieux.


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