La Commission électorale sud-africaine (IEC) a confirmé hier le succès en demi-teinte du Congrès national africain (ANC) aux élections législatives, qui offre un mandat fragile au président Cyril Ramaphosa pour sortir le pays de la crise. Le dépouillement des 22.925 bureaux de vote du pays approchait de son terme à la mi-journée. Seuls une poignée restaient encore à dépouiller par la Commission, qui doit publier les résultats complets du scrutin du 8 mai d'ici la fin de la journée. M. Ramaphosa assistait à la proclamation, selon la présidence, et devait en profiter pour livrer ses premiers commentaires. Le verdict des chiffres est tombé dès vendredi. L'ANC l'a emporté avec 57,5% des suffrages, loin devant l'Alliance démocratique (DA, centre) avec 20,7% et les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale) avec 10,7%. La victoire assure à l'ANC le renouvellement de sa majorité absolue à l'Assemblée nationale, ainsi qu'un nouveau mandat de chef de l'Etat à son chef Cyril Ramaphosa. Mais elle confirme le déclin continu du mouvement historique de Nelson Mandela depuis qu'il a pris le pouvoir à la chute de l'apartheid en 1994. Le parti avait recueilli 70% des voix aux législatives de 2004, 66% en 2009, 62% en 2014. Lors des élections locales il y a deux ans, il avait touché le fond en totalisant 54% des suffrages au niveau national.»Ce n'est pas vraiment une baisse car en 2016 nous avions moins (que 57,5%). C'est plutôt un progrès», a fait remarquer la secrétaire générale adjointe de l'ANC Jessie Duarte. «Nous sommes satisfaits d'avoir reçu un nouveau mandat pour gouverner et nous l'exercerons en gardant à l'esprit ce que le peuple nous a dit avant le scrutin (...) 'merci de ce que vous avez fait pendant vingt-cinq ans'' mais vous devez faire mieux et corriger ce qui ne va pas», a-t-elle ajouté. Pendant des mois, la campagne électorale a résonné de l'impatience et de la colère d'une part croissance de la population, excédée par la corruption, le chômage de masse (27%) et à les inégalités sociales criantes qui persistent. Modéré et pragmatique, Cyril Ramaphosa, 66 ans, a promis de réparer les erreurs du parti sous l'ère de son prédécesseur Jacob Zuma, englué dans une litanie de scandales politico-financiers. Elu chef de l'ANC fin 2017, M.Ramaphosa l'avait contraint à la démission deux mois après et pris les rênes du pays. Syndicaliste sous l'apartheid avant de devenir l'un des hommes d'affaires les plus riches du pays, il répète depuis qu'il va éradiquer la corruption et relancer l'économie. Son discours a permis de retenir de nombreux électeurs déçus dans le giron de l'ANC, estiment les analystes. Mais le score de 57,5% obtenu par l'ANC, sa plus faible performance législative, offre toutefois au chef de l'Etat un «mandat fragile». Les analystes anticipent de fortes résistances à ses velléités de réforme au sein de la direction de l'ANC, le véritable siège du pouvoir, où les partisans de l'ex-président Zuma, bien décidés à se défendre, gardent une forte influence.