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Harry Potter est toute une école
PHENOMÈNE DE SOCIETE ET BEST-SELLER
Publié dans L'Expression le 08 - 01 - 2006

Le phénomène Harry Potter n'a pas fini de susciter écrits et thèses diverses tant l'engouement de la jeunesse pour les aventures de ce garçon né sous les meilleures étoiles est quasiment mondial.
Selon la légende, l'auteur, une brave employée née en 1966 et mise au chômage par inadvertance en 1998, J.K.Rowling, a eu l'idée d'écrire cette saga dont on peut être sûr qu'elle ira au-delà des cinq volumes déjà commis.
Au départ, les ingrédients étaient simples et la trame assez banale. Un enfant orphelin maltraité par la famille adoptive tout ce qu'il y a de britannique se retrouve, de façon prédestinée, à l'école de sorcellerie, la célèbre Hogwart. Déjà, il y a là de quoi faire saliver bien des chenapans qui n'ont qu'une idée en tête : trouver le moyen d'en finir avec l'école de papa!
Dans cette merveilleuse institution, Harry Potter va apprendre l'usage efficient de la panoplie, la plus large possible, ainsi que la maîtrise des petits manuels du parfait sorcier. Dans son sillage, ses jeunes lectrices et lecteurs vont découvrir, avec extase, des vocables peu ordinaires et donc acquérir un discours que les parents les plus avertis auront bien du mal à appréhender. Ainsi, parleront-ils aisément d' Azbakan, de Draco, d'Erised, de Circe, Hermes et Slytherin, etc.
Sans jamais savoir que tous ces noms se rapportent à de vrais démons décrits dans les textes des trois religions révélées, notamment dans la liturgie catholique, toutes versions confondues. Ils rendront, dès lors, innocemment hommage à ces personnages de fiction que J.K. Rowling convoque dans ses livres qui, à bien les regarder, se suivent et se ressemblent méchamment.
Monstres de foire
A l'heure de la mondialisation, des fêtes païennes telles que Halloween sont devenues de vraies affaires commerciales, s'imposant par-delà les frontières américaines et regagnant la vieille Europe et, surtout, la perfide Albion d'où elles étaient partie lors des vagues d'émigration irlandaises. Les médias aidant, l'ambiance générale est à une résurgence de l'occulte et l' intérêt latent des générations nouvelles pour la sorcellerie a trouvé matière à épanouissement avec ce genre de festivités où l'on se maquille et se déguise pour être plus affreux que n'importe quel monstre de foire.
Lorsqu'ils chantaient «Sound of silence», au moment où naissait J.K. Rowling, Paul Simon et Art Gardfunkel évoquaient les «graines qui se dispersaient dans le cerveau d'une génération dormante» de façon prophétique, en fins connaisseurs de la propagande occultiste. A l'orée du siècle nouveau, l' intérêt pour les sciences occultes et pour la sorcellerie tend à gagner du terrain partout à travers le monde.
Harry Potter est une contribution remarquable à l'essor de cette tendance puisqu'il agit au niveau des jeunes esprits et transcende les cultures et les frontières les plus diversifiées. Pendant que parents et éducateurs surveillent les jeux vidéo et Internet, Harry Potter se faufile subrepticement dans la mémoire des générations futures qui seront rompues aux ficelles de la pratique démoniaque positive. Car, avec J.K. Rowling, la magie blanche finit toujours par triompher de la magie noire, c'est-à-dire que le côté positif de la force l'emporte sur le côté négatif. Ainsi, l'un des personnages-clé s'écrie-t-il dans le quatrième volet de la saga potterienne: «Nous n'utilisons jamais la métamorphose comme châtiment!». Vous l'aurez compris, on l'a échappé belle car les lectrices et lecteurs de Rowling devront se contenter de châtier leurs ennemis de façon chaste ou, seulement, soft!
Le roman familial
Agissant sur l'imaginaire des jeunes comme le triangle des Bermudes agirait sur les bateaux ou les avions aventureux, cette imagerie d'une école fantastique formant des sorciers de haut niveau attise les rêves des adolescentes et adolescents quant à une refondation de leur propre personnalité. Sachant que la famille est devenue un défi de notre temps, tout en étant, face à l'individualisme triomphant, une valeur refuge et l'ultime espace collectif de fabrication des individus, tous les êtres portent en eux, dès les premières heures de l' existence, le «rêve d'une famille» où ils seraient «merveilleusement bien».
Mieux, cette aspiration les conforte dans leur élaboration du roman familial, processus qui, selon Freud, est un fantasme fondateur et conduit les enfants à s'inventer des oncles d'Amérique et de vrais parents disparus, hélas, au triste profit des parents (adoptifs ?) de tous les jours dont ils découvrent, peu à peu, et non sans une déception plus ou moins vive, les faiblesses et les lacunes.
Or, on le sait depuis la nuit des temps, cet âge est sans pitié! Et la lecture d'Harry Potter n'est pas faite pour arranger les choses. L'hymne à l'amitié, à l'amour latent, à la prédestination mais surtout à l'affirmation de soi dans la solitude et le défi permanents y est exprimé de façon prégnante.
La famille, en tant que système de fabrication, peut dérailler, parce que les liens y sont trop étouffants ou trop distendus, que des secrets terribles y sont portés de génération en génération, qu'un système de communication coercitif n'y permet ni l'expression des émotions ni la transmission des valeurs communes.
Auquel cas, c'est l'individu qui trinque et qui présente des symptômes de mal-être plus ou moins importants, ce qui n'empêche pas la famille à laquelle il appartient de demeurer le principal remède à sa douleur.
Les sept princes des ténèbres
Appréhendant ces données, de façon peut-être inconsciente, l'auteur d'Harry Potter en appelle au fantasme fondateur de ses jeunes lecteurs pour ensuite les promener dans les méandres du métaphysique, les enivrant de personnages et de situations mythologiques et, en même temps, leur chantant les louanges des sept princes démoniaques, sachant que le septième s'appelle «celui qui n'a pas de nom» (dans le guide de prononciation, J.K. Rowling parle de son personnage, Voldemort, comme étant «celui qui ne doit pas être nommé»).
En intronisant un tel lexique, conjugué à mille autres facettes plus ou moins subtilement distribuées, l'auteur banalise, avec finesse, le monde de l'étrange et argue de son efficiente attractivité auprès d'un jeune lectorat, fasciné par les dédales d'un monde labyrinthique où se croisent et s'affrontent des personnages de cauchemar.
D'autant que la sauce est assaisonnée avec tous les ingrédients du genre puisque, comme dans toute histoire d'héroïc-fantasy, on trouve les incontournables dragons, diverses bestioles surnaturelles et un univers bien au-delà du paranormal. Sans doute, les livres de Rowling recèlent-ils une part de catharsis pour mériter un tel engouement, peut-être même contribuent-ils à affranchir lectrices et lecteurs d'une once d'angoisse existentielle née du poids contraignant de la réalité moderne.
Le fait est que leur succès repose sur une connaissance profonde du monde des ténèbres et une science parfaite de l'occultisme, employée à dessein pour enseigner aux futurs adultes que l'envers du décor peut se révéler plus ensorceleur qu'ils ne l'imaginent. Mais nul ne sait encore à quel prix.
Une chose est sûre, pourtant. Si elle n'avait pas réussi sa carrière en qualité d'écrivain à succès, J.K. Rowling aurait, sans nul doute, brillé comme une Madame Soleil britannique sans égale!


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