La maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou organise le premier salon Djurdjura des arts plastiques en hommage à Issiakhem et Zmirli et à tous les artistes plasticiens. La manifestation qui durera du dimanche 29 janvier au vendredi 3 février, regroupera plusieurs wilayas dont Alger, Oran, Constantine, Sétif, Oum El Bouaghi ainsi que Ouargla, Tissemsilt, Sidi Bel Abbès, Tiaret, Saïda entre autres. En tout, ce ne sont pas moins de 28 wilayas qui sont attendues lors de ce premier salon. Si la première journée est réservée à l'accueil et aux formalités d'installation des délégations et autres expositions, le lundi 30 janvier est prévue la cérémonie d'ouverture avec projection du film Issiakhem, suivi d'une table-ronde témoignage sur la vie et l'oeuvre de l'artiste disparu par ses amis, sa famille et ses élèves. Un autre film retraçant cette fois la vie de Zmirli sera projeté toujours suivi par des témoignages sur la vie de Zmirli. Le lendemain mardi, une excursion est prévue sur Aït Kheir le village des mille et une potières ainsi que vers Aït Hichem pour faire admirer les magnifiques tapis aux dessins sublimes et enfin sur la ville du bijou: Beni Yenni la haute perchée. Une conférence sur les représentations graphiques et les signes identitaires sera donnée le mercredi 1er février par M. Bougadou alors que M.Zerkat animera pour sa part une conférence sur l'art: enseignement et enjeux. C'est certainement le lendemain jeudi 2 février qui attirera les jeunes artistes de la région et notamment les étudiants en arts plastiques avec la production picturale sur Aouchem avec le groupe Essebaghine, tout comme Ray Slim Amazigh délivrera sa performance sur la sémiologie et M.Guessoumet animera une conférence sous le thème Rétrospective de l'art plastique algérien et M.Boukerche développera le thème L'art rupestre des Amazighs. Durant toute la semaine, Tizi Ouzou sera la Mecque de l'art plastique et les artistes seront les bienvenus dans la capitale du Djurdjura qui a hâte de renouer avec le beau. Issiakhem et Zmirli seront ainsi honorés dans leur région. La majeure partie des gens et principalement des jeunes ignore ce que sont ces deux artistes et leur apport à l'art. rappelons que M'hamed Issiakhem est un enfant des Aït Djennad où il vit le jour en 1928 alors que Zmirli est natif de Tizi Ouzou où il vit le jour en 1909. M'hamed a connu des fortunes diverses et Zmirli pareillement, tous deux ont tôt fait de quitter la région ; M'hamed pour Relizane d'abord, là où enfant et en manipulant une grenade américaine, il perdit un bras et ensuite à Alger puis enfin à Paris, il a ainsi été l'élève entre autres de Racim et s'installe à la Casa Vélasquez en Espagne jusqu'en 1962, à l'indépendance il rentre à Alger où avec son ami Kateb Yacine, il intègre à Alger Républicain avant d'être professeur aux Beaux-arts à Alger et Oran. De son vivant il reçut le Simba d'or de l'Unesco pour l'Afrique et c'est à Alger que le grand artiste s'éteint le 1er décembre 1980. Zmirli, de son côté quitte Tizi Ouzou dès l'âge de quinze ans, attiré plus par l'art, il gagnait alors sa vie en peignant des dessins sur les coffres en bois des mariées à l'époque. Il est ensuite à Alger où il se distingue par une première oeuvre : une nature morte en 1930, ensuite il s'intéressa aux expositions qui se tenaient alors en cette ville, c'est à l'occasion de l'une d'elles qu'il rencontra Mohamed Racim. En 1935, Zmirli adhéra et exposa aux «orientalistes», puis à l'Union des artistes de l'Afrique du Nord, ainsi qu'à la société d'arts et lettres d'Algérie et des artistes libres. Chaque année et avec ce courage si caractéristique des «montagnards» Zmirli participe aux salons de ces sociétés artistiques. Il est aussi l'un des initiateurs et l'organisateur de l'exposition des jeunes peintres et miniaturistes musulmans d'Algérie au cercle franco-musulman d'Algérie. En 1962, il organise et participe au premier salon de l'indépendance, il est en 1963 le membre fondateur et trésorier de l'Unap, comme, il participe en 1972 à la création de l'Union des artistes arabes plasticiens à Baghdad, il participe également en 1974 au concours Arphila en France et est également membre fondateur du collectif d'avant-garde artistique et du festival des arts plastiques de Souk Ahras. Il recevra plusieurs distinctions et récompenses dont des mentions honorables, des médailles et des diplômes. Autodidacte, Zmirli maîtrise l'arabe, le français, l'espagnol et l'allemand. Tizi Ouzou se pare pour permettre aux artistes de tout le pays de faire connaissance et ensemble honorer ces grands de l'art plastique.