Les forces de l'ANL autoproclamée du général à la retraite Khalifa Haftar ont annoncé, samedi soir, avoir arraisonné un cargo turc battant pavillon de la Grenade, au large de l'est de la Libye, pour le fouiller, selon elles. Cette annonce coïncide avec l'approbation par le Parlement turc d'un accord de coopération militaire et sécuritaire avec le gouvernement libyen d'union nationale (GNA) dont le siège est à Tripoli, qui fait face depuis avril à une offensive du maréchal Haftar contre la capitale. Le navire turc a été conduit au port de Ras al-Helal, près de Derna (est) «pour le fouiller et vérifier sa cargaison», a expliqué Ahmad al-Mesmari, le porte-parole des forces de Haftar dans un bref communiqué. Sur sa page Facebook, le porte-parole a publié une vidéo montrant l'interception du navire et des copies des passeports des trois membres de l'équipage, tous turcs. Le GNA, reconnu par l'ONU, a annoncé jeudi la «mise en oeuvre» de l'accord de coopération militaire signé fin novembre avec la Turquie, ouvrant la voie à une intervention plus directe d'Ankara en Libye. Par ailleurs, le chef de la diplomatie grecque Nikos Dendias a effectué, hier, une visite éclair à Benghazi, fief du général Khalifa Haftar, dans l'est libyen, sur fond de tensions après la signature d'un accord maritime entre la Turquie et le gouvernement de Tripoli. Le gouvernement libyen d'union (GNA), basé à Tripoli (ouest) et reconnu par l'ONU, a récemment multiplié les signes d'un renforcement de la coopération avec Ankara, une démarche condamnée par Athènes. Dans ce contexte, M. Dendias s'est entretenu en matinée à l'aéroport de Benghazi avec deux responsables des autorités parallèles de l'est de la Libye, un pouvoir rival de celui du GNA: le chef de ce gouvernement, Abdallah Al-Thini, et son ministre des Affaires étrangères, Abdulhadi Al-Houeij. Il a ensuite directement quitté la Libye à bord de son avion. Cet entretien a notamment porté sur l'accord controversé de délimitation maritime signé fin novembre par Ankara et Tripoli, a indiqué M. Al-Houeij. Le gouvernement basé dans l'est libyen ne reconnaît pas la légitimité de son rival, le GNA de Fayez al-Sarraj. Ce dernier fait face depuis avril à une offensive de Haftar sur la capitale libyenne. L'accord signé par le GNA et Ankara constitue, selon Athènes, une «violation du droit maritime international et des droits souverains de la Grèce et d'autres pays». Il permet à Ankara d'étendre ses frontières maritimes dans une zone de Méditerranée orientale où d'importants gisements d'hydrocarbures ont été découverts ces dernières années. La Grèce a appelé le 10 décembre les Nations unies à condamner cet accord qu'elle a qualifié de «perturbateur» pour la paix et la stabilité dans la région. Un accord militaire controversé a par ailleurs été conclu entre Ankara et le GNA, ouvrant la voie à une implication militaire turque accrue en Libye. Les forces de Haftar accusent déjà la Turquie de fournir des armes et des conseillers militaires à leurs rivales du GNA. En juin, elles avaient menacé de s'en prendre aux intérêts turcs en Libye. Jeudi dernier, le GNA a indiqué avoir voté la «mise en oeuvre» de l'accord de coopération militaire conclu fin novembre avec Ankara.