Les pays membres de l'OMS qui n'ont pas statué sur la question d'un retour de Taïwan comme membre observateur au sein de l'OMS, renvoyant la question à une réunion ultérieure, ont adopté, comme prévu, la résolution proposée par l'Union européenne qui réitère, en la circonstance, son soutien ferme et constant à l'organisation onusienne. Le texte approuvé par consensus prévoit de lancer «au plus tôt (...) un processus d'évaluation impartiale, indépendante et complète» de l'action internationale engagée face à la pandémie, en vue «d'améliorer les capacités mondiales de prévention, de préparation et de riposte face aux pandémies». Cette évaluation dont les contours demeurent encore flous devra passer au crible chronologie». L'OMS et son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sont sous pression constante des Etats-Unis qui leur reprochent de s'être «plantés» dans la gestion de la pandémie, laquelle a fait plus de 318.000 morts depuis son apparition en décembre en Chine. Washington accuse, depuis plus de deux semaines, l'organisation sanitaire mondiale d'être une «marionnette de la Chine», affirmant qu'elle a tu une alerte précoce sur la gravité du nouveau coronavirus en décembre dernier et d'avoir tardé à déclarer la situation de pandémie. En pleine réunion virtuelle, hier, les 194 pays qui adhèrent à l'OMS ont appris l'intention du président américain Trump qui a suspendu, voici une semaine, la contribution de son pays au budget de l'organisation, de procéder à un «blocage permanent» de la contribution, malgré la pandémie. Il a donné un mois pour l'obtention de résultats significatifs, assortie de l'épée de Damoclès d'un retrait définitif des Etats-Unis. «Si l'OMS ne s'engage pas à des améliorations notables dans un délai de 30 jours, je vais transformer la suspension temporaire du financement envers l'OMS en une mesure permanente et reconsidérer notre qualité de membre au sein de l'organisation», a tweeté Donald Trump et publiant des photos d'une lettre adressée au patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Cependant, la résolution portée par l'Union européenne a finalement été adoptée, hier, en début d'après-midi, même si elle ne fait nullement référence à la «responsabilité» de la Chine dans la propagation de la pandémie et les Etats-Unis ne s'y sont pas opposés. Lundi, le secrétaire d'Etat américain à la Santé, Alex Azar, avait assuré que l'»échec» de l'OMS face au Covid-19 avait coûté de «nombreuses vies», réclamant une OMS «bien plus transparente» et qui «rende davantage de comptes». La Chine a volé au secours de l'organisation hier en estimant que l'administration américaine essayait de «se soustraire à ses obligations» Et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a fustigé, sans les nommer, ces pays qui ont «ignoré les recommandations de l'OMS» de tester et Les autorités chinoises ont, à plusieurs reprises, répliqué aux allégations Tedros Adhanom Ghebreyesus a, pour sa part, rétorqué que l'OMS a sonné l'alarme «rapidement» et «souvent» et qu'il compte lancer une «enquête indépendante», «le plus tôt possible» mais «au moment approprié». Les Etats-Unis ont enregistré lundi 759 nouveaux décès dus au coronavirus au cours des dernières 24 heures, ce qui porte le nombre total de morts à 90 309, selon le comptage de l'université Johns Hopkins. Ce bilan quotidien est l'un des plus bas de ces deux derniers mois. Le pays, le plus endeuillé au monde en valeur absolue, compte plus de 1,5 million de cas de personnes infectées. Les Etats-Unis devraient atteindre quelque 112 000 morts d'ici le 6 juin, selon une moyenne de 20 modèles épidémiologiques réalisée par des chercheurs de l'université du Massachusetts. En toute décontraction, le président Donald Trump a jeté de l'huile sur le feu en assurant qu'il prenait de l'hydroxychloroquine à titre préventif. Sans être malade, il prend donc un médicament dont on ne connaît rien de l'efficacité et s'assoit au passage sur les recommandations des autorités sanitaires mondiales ou américaines. Silence radio, ou presque. Le président américain Donald Trump avait affirmé jeudi qu'il ne souhaitait pas, «pour le moment», parler à son homologue chinois Xi Jinping, en raison de son attitude face au coronavirus. «J'ai une très bonne relation (avec lui) mais pour le moment, je ne veux pas lui parler», a déclaré Donald Trump sur Fox Business. Interrogé sur les différentes mesures de rétorsion qu'il pourrait envisager, il s'est montré menaçant: «Il y a beaucoup de choses que nous pourrions faire. Nous pourrions rompre toute relation. Si on le faisait, que se passerait-il? On économiserait 500 milliards de dollars si on rompait toute relation.» Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré lundi, à l'ouverture de l'Assemblée mondiale de la santé, réunion annuelle des 194 pays membres de l'OMS qui se tient virtuellement pour la première fois: «Nous avons vu des expressions de solidarité, mais très peu d'unité dans notre réponse face au Covid-19. Les pays ont suivi des stratégies différentes, parfois contradictoires, et nous en payons tous le prix fort...De nombreux pays ont ignoré les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé. En conséquence, le virus s'est répandu dans le monde entier et se dirige maintenant vers les pays du Sud, où il pourrait avoir des effets encore plus dévastateurs; et nous risquons de nouveaux pics et de nouvelles vagues», a-t-il ajouté, sans nommer les pays concernés.