La tradition est célébrée chaque septième jour du mois de juillet à travers la Kabylie et plusieurs régions d'Algérie. Même si la mémoire collective orale ne garde pas beaucoup de détails sur l'origine de ce rituel, il n'en demeure pas moins que les usages encore en cours dans quelques régions indiquent que c'est une tradition en lien étroit avec l'activité agricole des populations. Jusqu'à nos jours, les vieilles femmes pratiquent encore quelques rituels même si la tradition tend à disparaître. L'Aïnsla est le nom commun donné à cette tradition qui tire ses racines millénaires du tréfond de la société berbère. En fait, quelques vieilles femmes encore vivantes se rappellent bien des années de leur jeunesse durant lesquelles cette pratique était encore vivace. «Nous récoltions des feuilles de tous les arbrisseaux et de la végétation qui se trouve dans nos champs. Nous en faisions des infusions. C'est très bon pour la santé. Aujourd'hui, je fais encore la même chose pour mes enfants», affirme Nna Fadhma, une vieille femme d'un village de la commune de Boudjima. À notre question sur les autres rituels pratiqués durant cette journée, notre interlocutrice se rappelle les mets préparés pour la circonstance. «Nous préparions un met appelé Avissar. On y mettait toutes nos récoltes en fèves, blés et autres richesses avec du «berkoukès» ou même du couscous. On préparait un dîner copieux. Avant d'entamer le repas nocturne, tous les membres de la familles devaient émettre des souhaits pour l'abondance des récoltes et la bonne santé», ajoute-t-elle. Durant cette journée, l'enfumage des vergers, surtout les figueraies, est encore pratiqué de nos jours. De bon matin, chaque 7e jour du mois de juillet, les vieilles femmes se lèvent pour mettre le feu aux herbes sèches tirées du champ, pour les brûler sous les figuiers. Certaines vieilles femmes gardent encore la tradition d'accrocher les figues mâles sur des figuiers femelles pour que la production soit abondante. Le rituel est encore vivant car il est facile de constater le même jour au matin, les fumées qui s'élèvent de toutes parts. En fait, ce rituel agricole n'a pas totalement disparu malgré les siècles et surtout la tradition orale qui a tendance à laisser s'échapper des rituels dès que leur pratique s'éteint. Comme Anzar, le mouvement associatif est attendu sur ce chapitre de l'Aïnsla pour faire revivre la tradition symboliquement. En effet, il a été constaté ces dernières années que le rituel d'Anzar a été sauvé de l'oubli par des associations culturelles qui l'ont remis au goût du jour. À Tarihant, village de la Kabylie profonde, les jeunes de l'association ont tiré de l'oubli ce rituel millénaire, depuis plusieurs années. C'est la même chose pour la rencontre du printemps «Amagar N tafsouth». Le mouvement associatif a joué un grand rôle dans la sauvegarde de cette tradition millénaire. Ces dernières années, dans beaucoup de villages, femmes, hommes et enfants sortent chaque matin du 21 mars pour accueillir le printemps avec des rituels remis au goût du jour par les associations.