Il avait le courage de défier les faiblesses naturelles et inévitables de la vie et une envie d'être toujours face à ses fans pour s'adonner à ce qu'il sait faire le mieux: chanter. Djamel Allam nous a quittés il y a deux ans. Deux années déjà se sont écoulées depuis que son visage a quitté ce monde, mais sa voix est restée la compagne fidèle de ses fans ainsi que ses mélodies dignes d'un compositeur exceptionnel et hors-pair. On se souviendra toujours de cet artiste qui a toujours accordé une importance capitale à l'aspect musical de ses oeuvres dont avait tant besoin la chanson kabyle, longtemps basée sur la poésie. À une certaine époque, parler de la chanson kabyle était systématiquement synonyme de poésie car la non-reconnaissance de l'identité amazighe a fait que le besoin de s'exprimer à travers la chanson était devenu vital pour sauver une langue qui évoluait sous la menace permanente de la disparition. Mais Djamel Allam était parmi les premiers artistes à avoir compris que s'il voulait vraiment faire avancer les choses, il fallait impérativement s'inscrire dans la même lignée de ce qui se faisait ailleurs, dans d'autres pays où la musique évoluait à la vitesse de la lumière. Un nouvel élan à la chanson kabyle Les jeunes mélomanes algériens, kabyles plus particulièrement, commençaient à aller scruter ailleurs d'autres horizons musicaux, à la quête d'autres sonorités plus en phase avec leur âge. Le risque que les auditeurs tournent le dos à la chanson algérienne ou kabyle dans la fin des années soixante et durant les années soixante-dix était réel. C'est pourquoi, Djamel Allam et d'autres artistes ayant choisi la même voix (et ils n'étaient guère nombreux) étaient venus à la rescousse. Le succès fut immédiat et retentissant. Djamel Allam a réussi à insuffler un nouvel élan à la chanson kabyle en y introduisant des rythmes de modernité qui lui étaient jusque-là inconnus et étrangers. Pour réussir cette dure mission, Djamel Allam était bien nanti expérimentalement parlant. Il n'était pas né de la dernière pluie dans le monde de la musique, lui qui a appris cet art en fréquentant assidument le conservatoire de musique de Béjaïa dirigé par le grand maître Sadek Bedjaoui. C'est donc bien outillé qu'il entama une carrière artistique des plus palpitantes. Djamel Allam a aussi ouvert ses yeux sur la musique occidentale une fois en France, dès l'année 1970. Il se produisit en 1972 avec des artistes français de renom, puis travailla à radio France Inter à partir de laquelle il a également aiguisé son expérience. Un succès incroyable Dès l'édition de son premier album intitulé Argou (Rêve...), Djamel Allam sortit définitivement de l'anonymat car ça a été un succès incroyable. Pour un premier essai, ce fut un coup de maître. Même les médias saluèrent ce nouvel artiste qui venait d'entrer dans le monde de la chanson par la grande porte. C'était en 1974. Et quand il commença à se produire sur scène en France après la sortie du premier disque, Djamel Allam se retrouvait toujours devant une salle archicomble. Il a même effectué des tournées en Europe et aux Etats-Unis. Par la suite, chaque nouveauté était couronnée de succès comme ce fut le cas pour les disques «Les rêves du vent» ou encore «Si Slimane» et «Salimo». Son talent est sollicité, plus tard, pour l'écriture de plusieurs musiques de film. Il finit par camper des rôles dans des films. Sa chanson fétiche est incontestablement «Mara dyughal». Il l'a chantée devant plusieurs générations de fans. Et ces derniers la fredonnaient à chaque fois que Djamel Allam se produisait sur scène, par coeur et en choeur, avec le même plaisir et la même émotion renouvelée. Au moins deux livres ont été écrits et publiés sur Djamel Allam depuis son décès le 15 septembre 2018. Le premier, intitulé «Djamel Allam, une oeuvre universelle» a été écrit par le romancier et essayiste Rachid Oulebsir. Le second porte pour titre «Djamel Allam de Ou retsrou aux youyous des anges» et il a été écrit par l'écrivain-journaliste Abdelkrim Tazaroute.