Voler rapporte, mais se faire prendre coûte davantage. D'autant qu'un bien volé ne profite jamais longtemps. L'adage s'applique à merveille à la famille Mahieddine Tahkout, patron du groupe Cima Motors, et aux deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi, qu'aux anciens ministres des Travaux publics, Amar Ghoul et Abdelghani Zalène, de l'Industrie, Youcef Yousfi et Abdessalem Bouchouareb (en fuite à l'étranger). Le premier jour du procès en appel, qui s'est ouvert mercredi, à la 1re chambre pénale près la cour d'Alger, a vu les avocats de la défense tentés de démanteler les nombreuses accusations portées contre leurs mandants, en mettant l'accent sur de nombreux vices de forme et de procédure. C'est ainsi que l'avocat de l'ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal a invoqué l'article 177 de la Constitution qui prévoit une haute juridiction pour juger un Premier ministre, pour «blanchir» son mandant. «Je ne cesserai jamais de dire que les procès et les poursuites engagés contre Sellal sont inconstitutionnels. Il a agi dans le cadre de ses missions en tant que Premier ministre, en exécutant le programme politique du président. Si ses actes posent problème, la sanction est politique et non pas pénale», affirme-t-il. Abondant dans le même sens, les avocats de la défense d'Ahmed Ouyahia dénoncent la violation du droit à la défense: «Comment pouvez-vous dire que ces droits sont consacrés alors que je suis obligé de faire plus d'un millier de kilomètres pour rendre visite au prévenu, et par route, parce qu' il n'y a pas d'avion!» tout en réclamant l'annulation de la procédure. Tandis que les avocats de la défense de l'homme d'affaires Mahieddine Tahkout, patron de Cima Motors, qui ont dénoncé «la célérité» avec laquelle la justice «a confectionné» un dossier «sans prendre en compte» les textes et les lois de la République, ont tenté de dénoncer de «graves irrégularités» lors de l'enquête judiciaire. Pour eux, Mahieddine Tahkout a été entendu dans deux affaires distinctes, à savoir celles de TMC et Cima Motors. Dans leur réquisitoire contre la procédure et la forme, les avocats de la défense ont souligné que 47 entreprises appartenant au groupe Tahkout «sont poursuivies en tant que personne morale», alors que «certaines d'entre elles sont dissoutes depuis», ajoutant que des administrateurs sont désignés pour gérer ces mêmes entreprises, et au même moment, les comptes sont gelés. Pour étayer leurs argumentaires, les avocats citent 14 documents, dont des procès verbaux de la gendarmerie qui «comportent des vices de procédure et, de ce fait, suscitent l'annulation de la poursuite», et de relever que l'expertise de l'IGF, mais aussi les rapports de la Ctrf, (cellule de renseignement et du traitement financier) du ministère des Finances ont été «faussées». Ce qui exige leur évacuation du dossier. Sur sa lancée, la défense a rejeté la demande de constitution en tant que partie civile du Trésor public et du ministère de l'Industrie. «Les accusés sont poursuivis pour, entre autres, indus avantages, dont des avantages fiscaux, douaniers et dans le domaine du foncier» a souligné la défense. «Par quel miracle le Trésor public s'immisce-t-il dans cette affaire alors que les institutions concernées ne se sont pas constituées?» s'interroge la défense avant de répondre: «Seuls les Douanes, les Domaines et les Impôts peuvent se constituer du fait que les avantages soi-disant obtenus relèvent de leurs compétences en tant qu'institutions». Une stratégie de contre-attaque déboutée par le représentant du ministère public. Un rejet auquel accèdera le président de la cour qui a rejeté la demande d'inconstitutionnalité du procès et décidé de reprendre les auditions lundi prochain...