Le procureur général a requis la peine capitale contre l'accusé. L'ex-chef de l'unité aérienne de la Dgsn était poursuivi pour «homicide volontaire avec préméditation, tentative de meurtre et port d'arme à feu de 4e catégorie sans autorisation». Les faits de cette affaire remontent au 25 février 2010, lorsque Ali Tounsi a été assassiné au alentours de 11 h et demi, dans son bureau, au siège de la Dgsn. La défense de l'accusé a exigé avant l'ouverture du procès la présence des experts, une demande rejetée par la présidente de l'audience, qui a également refusé la demande de tester par les membres des services de sécurité présents au procès, les balles à l'origine de la mort du Dgsn, pour savoir si elles correspondent bien au calibre de l'arme de Chouaïb Oultache. Ce dernier, auquel on a montré les balles, a nié catégoriquement qu' «elles soient les siennes car elles sont, dit-il «d'un calibre supérieur». La présidente a rétorqué: «Je ne remets pas en cause l'expertise faite et il est inconcevable de tester l'arme du crime dans la salle.» Ce à quoi la défense répond: «L'expertise balistique ne lui a pas été remise.» En plus de la demande de réexaminer des preuves et la pièce à conviction, la défense a demandé le réexamen de l'expertise judiciaire et des procès-verbaux de constat dans cette affaire, notamment l'arme du crime. Le procureur général de son côté a interrogé l'accusé sur ses déclarations faites lors de l'enquête et le procès de reconstitution du crime. Lors de son audience, Chouaïb Oultache a nié en bloc d'avoir tué Ali Tounsi et plaidé la légitime défense. «Je n'ai jamais tiré sur la tête de la victime, mais tiré sur sa main pour me défendre», a-t-il affirmé. «Je n'avais aucune intention ni raison de tuer Ali Tounsi. Il m'a reçu froidement dans son bureau, le 25 février 2010, lors de notre entrevue, qui a durée environ une demi-heure. Il était visiblement très nerveux suite à la mise à l'écart de l'un de ses éléments comme chef de sûreté à Tipaza, il m'a reproché également le fait que la Dgsn était à la traîne en matière de modernisation par rapport à la Gendarmerie nationale», a-t-il raconté. «Je n'ai pas visé la tête» «Tout s'est passé en quelques secondes. Voyant que Ali Tounsi était en train de se lancer contre moi avec un cutter, en me traitant de traître. J'ai tout de suite sorti mon arme et tiré une balle dans l'air, pour l'empêcher d'avancer, en lui rétorquant que c'est toi le traître et fils de harki. Cependant, comme il ne s'est pas arrêté, j'ai dû tirer quatre autres balles sur sa main et non pas sur sa tête comme ça a été rapporté», a-t-il encore relaté. «Après l'incident, j'était pris de panique et essayé de me suicider, mais mon arme était bloquée et la dernière balle, qui s'y trouvait encore, y était coincée», a-t-il poursuivi. «Je suis un proche collaborateur de la victime et l'unité aérienne a été la première structure où tout a été informatisé. De ce fait, Ali Tounsi m'a demandé de prendre en charge le programme de modernisation de la Dgsn». À la veille de notre rencontre, il m'a demandé de le représenter à la cérémonie de signature d'une convention avec Tassili Airlines (Sonatrach)», a-t-il justifié. «Il m'était impossible de préméditer le meurtre d'un ami de près d'une trentaine d'années. Il n'y avait entre nous aucun différend qui m'aurait amené à commettre un crime. Et au-delà du fait qu'aucune transaction ne pourrait m'inciter au meurtre, je doit préciser que le marché d'onduleurs dont a bénéficié mon gendre est insignifiant», a-t-il déclaré. Le chef de la garde rapprochée de la victime a affirmé que lors de l'intervention de son groupe, un de ses élément a tiré une seule balle dans l'abdomen de Chouaïb Oultache. Or, la défense de l'accusé a relevé que 13 impacts de balles ont été relevés sur l'un des murs du bureau de la victime et que l'expertise balistique et le PV de la police judiciaire n'aient pas identifié le tir dont il parlait. Le colonel Oultache licencié en aviation civile et pilote instructeur professionnel, a révélé qu' «il avait laissé tomber l'offre de Khalifa pour rejoindre la Dgsn, grâce à l'insistance du défunt Mohamed Lamari, ex-chef d'état-major de l' ANP». Oultache visiblement affaibli, a dû s'asseoir sur une chaise pour répondre aux questions des magistrats et des avocats. «Alors qu'on faisait le point sur la modernisation des transmissions de la Dgsn, après avoir formé une trentaine d'ingénieurs à l'étranger et lancé des appels d'offres pour l'acquisition de 10000 ordinateurs de poche pour remplacer les machines à écrire, le ministre de l'Intérieur a ordonné de laisser tomber le programme», a-t-il soutenu. Une seule balle dans l'abdomen À propos de l'accusation de port d'arme sans autorisation, il a indiqué qu'en sa qualité de commissaire divisionnaire il avait le droit de porter une arme pour se défendre. L'ex-chef de l'unité aérienne de la Dgsn a fait savoir que «trois mois auparavant, on s'est entendu lors d'une réunion ayant regroupé le Dgsn, le chef de commandement de la gendarmerie, les chefs des commandements des forces aériennes, terrestres et navales sur l'achat de 2000 caméras de surveillance et 72 hélicoptères au profit de la police». Toutefois, ce marché qui devait être réalisé par la Dgsn a été annulé et l'argent a été reversé au Trésor public pour permettre au ministère de la Défense d'effectuer un achat groupé». À titre de rappel, le jour même de l'assassinat de Ali Tounsi, une rencontre regroupant tous les directeurs et sous-directeurs centraux devait se tenir à 10 heures au siège de la Dgsn. «La levée de ses fonctions de Chouaïb Oultache de ses activités à la tête de l'unité aérienne de la Dgsn après avoir effectué une transaction illégale, serait inscrite à l'ordre du jour de cette rencontre», avait rapporté le journal arabophone Ennahar, dans son numéro paru le jour de l'assassinat de Ali Tounsi. À ce sujet Oultache a déclaré qu' «il n'avait pas eu connaissance de cet article car il n'a jamais lu ce journal...». Oultache est poursuivi pour «homicide volontaire avec préméditation», «guet-apens», «tentative de meurtre avec préméditation, et port d'arme à feu de 4e catégorie sans autorisation», dans l'affaire de Ali Tounsi, tué le 25 février 2010 dans son bureau, au siège de la Dgsn à Alger. La réouverture du procès intervient après l'acceptation du pourvoi en cassation introduit par la défense de l'accusé, le parquet général et les parties civiles, contre le verdict prononcé par la cour d'appel en mars 2017.