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«Le campus de Oued Aïssi est un lieu mythique»
Ahcène Beggache, écrivain, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 12 - 05 - 2021

L'Expression: Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Ahcène Beggache: Je suis né en 1972 dans la commune de M'kira (Tizi Ouzou). J'ai commencé à lire dès le collège. Grâce à mon père qui achetait tout ce qui pouvait être lu: dictionnaires, revues, magazines et romans, j'ai dévoré tous les romans de Mouloud Feraoun. Le premier roman d'un auteur étranger que j'ai lu est: «Mon pote le gisant» de Serge Jacquemard, j'étais tellement emporté par l'histoire que je ne lisais que les romans policiers pendant la 1e année secondaire. Je suis diplômé en chimie de l'université de Tizi Ouzou. J'ai enseigné pendant plus de 12 années le français, et depuis 2012 je suis inspecteur de français. Mon premier roman est sorti en septembre 2020.
Comment êtes-vous venu à l'écriture littéraire?
Je suis venu à l'écriture par besoin plus que par vocation. En 2015, j'ai perdu un de mes meilleurs amis (Kamel). J'étais tellement triste que je me suis enfermé dans une bulle de tristesse pendant plus d'un mois. Impuissante face à ma détresse, ma femme rappela à l'enseignant que j'étais, qu'il a souvent écrit de petites histoires aux enfants, qu'il a toujours écrit dans son journal intime, ce qui l'avait marqué pendant la journée. C'était le déclic. Je me suis mis à écrire jour et nuit; plus j'écrivais plus j'avais l'impression de ressusciter mon ami, et plus je le faisais plus j'aimais ces moments de solitude où je ne sais jamais à l'avance ce que je vais écrire. J'ai terminé le premier jet de mon roman après plus de 3 mois. Aujourd'hui, j'écris pour créer un monde meilleur, un monde avec des personnages à qui je donne de la vie, de l'espoir et de l'amour. Quand j'écris, je suis l'âme, le coeur et la chair de chacun de mes personnages. Pendant ces merveilleux moments d'écriture, je vis l'histoire comme si elle était vraie. J'incarne chaque personnage, je me laisse pénétrer par ses sentiments: je pleure ou je ris avec mes personnages, je ressens leur tristesse, leur joie, leur solitude, leur colère, leur déception et leur amertume.
Vous signez un premier roman qui a pour cadre l'université de Tizi Ouzou, pourquoi avoir opté pour un tel choix?
Le choix du cadre s'est imposé de lui-même. C'est à Oued Aïssi que j'ai rencontré mon ami Kamel à qui je voulais rendre hommage à travers ce roman. Le campus et la cité universitaire de Oued Aïssi, ces deux lieux mythiques, ont fait de moi un «Homme», je leur dois tout ce que je vaux aujourd'hui. Ils m'ont appris le métier de vivre, donné les meilleurs amis du monde, et c'est le campus de Oued Aïssi qui m'a offert l'amour de ma vie, la mère de mes enfants. Ces lieux ont transformé complètement ma vie, ils m'ont appris à m'exprimer en public, à défendre mes idées, à me battre pour mon identité; ils m'ont aussi appris l'amour et l'amitié, qui sont les thèmes que j'ai abordés dans mon roman. Pour moi, il est inadmissible que le cadre de l'histoire de mon premier roman ne soit pas Oued Aïssi. Pour nous les anciens, le campus et la cité universitaire de Oued Aïssi étaient comme deux petits villages où tout le monde se connaissait de vue. Je me souviens une fois, j'ai croisé un jeune dans un hôtel au Maroc, nous nous sommes retournés en même temps, chacun appela l'autre «l'ancien»; je ne le connaissais pas spécialement, mais j'étais sûr à l'époque qu'il s'agissait d'un ancien étudiant à Oued Aïssi.
Votre roman raconte fidèlement la réalité telle qu'elle a été vécue dans l'enceinte de l'université de Tizi Ouzou à une certaine époque, pouvez-vous nous en parler?
J'étais témoin de mon temps. Les passages décrivant la vie estudiantine à Oued Aïssi sont parfois des aveux et d'autres fois des témoignages sincères. Par respect à celles et ceux qui sont passés par Oued Aïssi ou l'université de Tizi Ouzou de manière générale je ne pouvais pas me permettre de déformer la réalité. À chaque fois que j'écrivais je faisais appel à ma mémoire, c'était très facile pour moi, parce que ces souvenirs de l'étudiant que j'étais ne m'ont jamais quitté; même après plus de vingt ans, je continue à faire des cauchemars où je suis dans l'amphi en train de passer un examen de synthèse ou de rattrapage ou bien en train de réviser dans ma chambre tout en tuant les moustiques. Je voulais à la fois saluer toutes celles et tous ceux que j'ai connus dans ces deux lieux et que j'ai perdu de vue aujourd'hui, et dire peut-être à ceux qui n'ont pas connu Oued Aïssi combien nous avions la chance, nous les anciens, d'avoir fait la transition du jeune insoucieux à l'adulte responsable dans ces lieux mythiques et pleins de magie. J'ai évoqué les souffrances de Lyès et de son ami Kamel à passer d'une année à l'autre jusqu'à doubler et même parfois à tripler les années, la descente aux enfers de l'addiction au cannabis de Lyès, le quotidien de l'étudiant montagnard durant la décennie noire et enfin quelques histoires des amours contrariées. Ces souffrances sont partagées par la majorité des anciens de Oued Aïssi. J'ai présenté deux personnages Louisa et Kahina: l'une élevée dans une famille cultivée et plus ou moins aisée, l'autre dans une famille nombreuse et dont le père est ivrogne. J'ai évoqué le libre arbitre qui, parfois conseille mal la fille qui devient petit à petit l'objet des désirs de plusieurs étudiants, et montre un mauvais chemin aux garçons mal accompagnés qui finissent par fumer quotidiennement du cannabis. J'ai aussi écrit sur la formation sur le tas du jeune étudiant, formation dans divers domaines: politique, lutte syndicale, musique, littérature, psychologie...
Vos personnages sont balancés constamment entre les sentiments d'amitié et ceux de l'amour, quel est le message que vous voulez transmettre en mettant en relief ce genre de conflit intérieur?
J'ai, de tous temps, entendu ou lu que ces deux sentiments ne peuvent pas cohabiter. Quand deux garçons aiment la même fille, cela devient très compliqué, et c'était le cas de Kamel et Lyès qui aimaient Louisa. L'amitié entre ces deux amis est tellement forte que même leur amour pour Louisa n'a pas réussi à la détruire, parce que nous sommes en face de deux amis altruistes, qualité noble qui est rare aujourd'hui. Kamel ou Lyès savait que chacun était amoureux de Louisa. Quelle était leur réaction? Chacun voulait aider l'autre à conquérir le coeur de celle dont ils sont tombés amoureux! J'ai assisté tristement plusieurs fois à des querelles entre des amis à cause d'une fille, chacun traite l'autre de traitre ou de lâche. Dans mon roman, je voulais transmettre deux messages: le premier est que rien ne peut détruire une amitié fondée sur la franchise et la sincérité; et sauvegardée par la loyauté et l'altruisme. Loin d'être un moralisateur, à travers le personnage de Louisa qui est accompagnée par ses parents et chaperonnée par les valeurs du respect, de la prudence et de la sincérité, je voulais dire aux parents qui ont sacrifié leur vie dans l'éducation et l'instruction de leurs filles, mais qui ont peur de leur faire confiance dans le choix de l'homme de leur vie que les seules garanties pour éviter l'irréparable ou la rupture sont la communication et la confiance.
Pouvez-vous nous parler de l'impact obtenu par votre roman après son édition?
Mon roman est paru en septembre 2020. Bien que l'éditeur ait suspendu toute distribution à cause de la Covid-19, la première édition est épuisée. Au début de l'apparition de mon roman, j'ai rencontré des difficultés pour me faire connaître, mais grâce aux amis et à la famille que je remercie beaucoup et grâce aussi à tous les anciens étudiants de Oued Aïssi à qui je rends hommage, mon roman s'est vendu plus vite que je ne le croyais. Mon éditeur et moi venons juste de sortir une 2e édition parce que la demande a augmenté. Cela m'encourage à continuer. J'avoue que j'étais très actif sur les réseaux sociaux parce que je sais que la promotion est très importante. Le lecteur connait à présent: «Ce que l'amour doit à l'amitié!», il m'appartient de le séduire avec d'autres romans.
Parlez-nous de votre univers littéraire, vos écrivains préférés, algériens et étrangers?
J'ai une préférence pour les écrivains algériens. Je m'intéresse beaucoup aux jeunes écrivains pour découvrir les talents littéraires de nos contemporains. J'aime aussi comme un rituel de relire plusieurs fois nos grands écrivains comme Feraoun, Mammeri, Dib et Assia Djebar, que j'affectionne particulièrement. Je lis aussi Balzac, Stendal, Zola et Camus pour ne citer que ceux-là; parmi les contemporains français, je lis Guillaume Musso.
Quel est votre point de vue concernant la littérature algérienne d'aujourd'hui?
À mon avis, la création littéraire se porte bien, nous assistons à l'émergence de plusieurs écrivains. Par contre, sur le plan de la vente, beaucoup reste à faire. Certains écrivains sont connus des lecteurs algériens d'autres malheureusement non. Ces jeunes auteurs sont livrés à eux-mêmes, ils doivent faire du porte à porte pour vendre leurs livres. Les libraires qui encouragent les jeunes auteurs se comptent sur le bout des doigts. Certains n'acceptent même pas de mettre le livre d'un écrivain inconnu sur leurs étals, d'autres le font, mais ils ne paient l'auteur qu'une fois le livre vendu. Les éditeurs ne cessent de déclencher la sonnette d'alarme parce qu'ils n'arrivent plus à vendre le livre de manière générale et le roman plus particulièrement. J'espère que cette situation évoluera dans le sens qu'un écrivain ne soit plus obligé de faire le travail du distributeur et que l'éditeur ne rentre plus bredouille de ses déplacements. C'est pour cela que je pense que tout est à refaire. Je pense que le libraire doit prendre un certain risque d'acheter le roman, puisqu'il prend la plus grande marge de vente sinon il n'y aura plus de jeunes écrivains. L'Etat doit aussi se pencher sur les difficultés que rencontrent l'écrivain et l'éditeur dans la vente du livre.
Parlez-nous de vos projets immédiats...
Mon 2ème roman devrait sortir dans le courant de l'année 2022. J'ai aussi quelques projets d'écriture dans le domaine de l'éducation, j'espère avoir le temps de les réaliser.


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