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Le choc post-traumatique de la barbarie israélienne
A Ghaza
Publié dans L'Expression le 14 - 06 - 2021

Les yeux rivés sur un portable affichant la photo de sa soeur et de ses enfants foudroyés par une frappe israélienne, Ola raconte l'indicible: «J'espérais les retrouver vivants sous les ruines», murmure la jeune femme à un psychologue de Ghaza. La petite trentaine, Ola pose le téléphone, passe ses mains sur ses yeux humides, alors que le psychologue vient s'enquérir de son sort et de celui des familles des plus de 60 enfants et adolescents palestiniens tués dans la «guerre des 11 jours» avec Israël. Du 10 au 21 mai, l'armée israélienne a pilonné la bande de Ghaza, micro-territoire de plus de deux millions d'habitants en réponse à des salves de roquettes du mouvement islamiste Hamas. L'un des bombardements a dévasté le quartier al-Rimal, dans la ville de Ghaza, et pulvérisé l'immeuble d'Abeer, la soeur d'Ola. Dix heures après la destruction, les secouristes ont extirpé des gravats, comme miraculés, le mari de sa soeur, Riad, et sa fille de huit ans, Suzy. Mais Abeer et les quatre autres enfants du couple n'ont pas survécu. «Je ne cesse de penser à ma soeur et ses enfants qui sont peut-être restés vivants des heures sous les ruines. Et je suis sous le choc, j'ai peur à présent de perdre mes enfants», confie Ola Ashkantana, qui refuse de prendre des anxiolytiques. Dans la pièce voisine, Riad tient sur ses genoux Suzy pendant que Hassan al-Khawaja, médecin spécialisé en santé mentale, lui propose d'entamer une psychothérapie. «Je suffoque. J'ai même pensé à aller vivre à leurs côtés au cimetière», lance Riad, resté muet plusieurs jours après le drame, selon sa famille. «Je ne serai plus jamais le même.» Et Ola et Riad ne sont pas seuls.
La guerre de Ghaza, la quatrième depuis 2008, dans cette langue de terre sous blocus israélien, a mené à la destruction d'un millier d'appartements, de bureaux et de commerces. Mais les rares psychiatres et psychologues de l'enclave, eux, craignent d'avoir à «reconstruire» des centaines de milliers d'âmes après des frappes aériennes d'une rare intensité. «Nous avons une partie importante de la population qui souffre de PTSD (Syndrome du stress post-traumatique)» hérités des guerres passées, souligne le Dr. Khawaja. Mais chaque guerre provoque son lot de «rechutes», mais aussi de «réactions aiguës au stress».
Or ce stress intense, s'il n'est pas pris en charge, peut se transformer en PTSD, d'où l'importance d'avoir dès maintenant des équipes spécialisées pour tenter de prévenir une explosion des cas dans les prochains mois. «Après la guerre, il nous faut aller sur le terrain, mais on ne peut pas simplement évaluer la souffrance des gens et leur dire ensuite ''bye bye'' (...) il faut pouvoir les aider», note ce spécialiste. A l'hôpital al-Awda, à Jabaliya, dans le nord de la bande de Ghaza, Bilal Daya, 24 ans, a le bras droit cassé, un trou dans un mollet, et la jambe gauche enserrée dans des attelles. Et pourtant, ce ne sont pas ses blessures physiques qui inquiètent le personnel médical. Un soir de mai, Bilal buvait du thé devant la résidence familiale de l'est de la bande de Ghaza lorsqu'un voisin a été blessé dans une frappe. «Il criait à l'aide, j'ai tenté de le porter, mais il y a eu une autre frappe. J'ai ressenti une sorte de ''buzz'' énorme dans mes oreilles, et autour de moi il y avait des morceaux de corps humains, de la fumée, je n'arrivais pas à tenir sur mes jambes, car j'étais blessé par un éclat d'obus», raconte-t-il. Bilal, qui dit ne pas être un combattant, a rampé pour être secouru mais sept autres personnes du quartier sont mortes. Sur son lit d'hôpital, il a le regard hagard. Plus rien à voir avec la photo du jeune homme pétillant, que fixe son père. Terrassé par une «réaction aiguë au stress», Bilal est suivi par Mahmoud Awad, un psychologue palestinien de Médecins sans frontières (MSF) qui tente d'éviter que le traumatisme le ravage. «C'est le trauma le plus important de sa vie. Nous tentons d'éviter que dans quelques mois il bascule dans le PTSD. Pour l'instant il est sous le choc et dans un déni, il a tendance (...) à parler de Ghaza en général, mais sans trop parler de lui», résume M. Awad.
La guerre de 2021 a été plus courte que celle de 2014, et a fait moins de morts et de déplacés, «mais les conséquences psychologiques seront plus importantes», estime le psychiatre Yasser Abu-Jamei, directeur du Programme communautaire de santé mentale à Gaza (GCMHP), une ONG locale. Cette guerre «était dans tout (Ghaza) et d'une intensité sans précédent, vous sentiez que la mort était là, que vous ne pouviez pas dire à vos enfants que tout ira bien».
A Ghaza, où aucune université n'offre de spécialité complète en psychiatrie, les ser-vices en santé mentale n'arrivent pas à répondre à la demande. Et certains spécialistes doutent que le terme de PTSD soit le plus approprié pour définir l'état de leurs patients. «Il y a les traumas de la vie privée, du passé, le blocus israélien, les bombes, il n'y a donc pas de situation post-trauma, à proprement parler», explique le Dr. Samir Zaqout, spécialiste en santé mentale. «Ici, la population vit dans des conditions traumatiques. C'est un processus continu. Les gens essaient de s'adapter, mais ils ne le peuvent pas vraiment, et cela mène aussi à un taux élevé de dépression et d'anxiété», souligne de son côté le psychiatre Fadel Ashour. Et le Dr Zaqout d'ajouter: «Pour guérir, il faut être en lieu sûr, mais à Ghaza (...) il n'y a pas de lieu sûr. On peut donc parler d'adaptation, de résilience, mais pas de guérison.»


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