Lorsqu'un enfant se met dès l'âge de 5 ans à visualiser sans répit les jeux d'enfant ou lorsque sa maman reste branchée à son portable, oubliant parfois d'éteindre le feu sous la marmite, ou encore son papa qui somme son enfant de se taire parce qu'il est en communication, on se dit que les humains de ce siècle sont suspendus par les paupières. Pourtant, l'acte en soi est présenté par les textes sacrés comme l'un des supplices les plus terrifiants. Que dalle, diraient les fanas des jeux cybernétiques. Les appâts sont si diversifiés sur les écrans que les plus téméraires perdraient leur latin en s'y mettant dès les premières touches. L'attraction est devenue si alléchante, bien pire que les gestes d'amour ou de sympathie entre les êtres humains, qu'on serait tenté de dire que rien ne s'opposerait à la mainmise de cette pieuvre sur les sociétés. Lors d'une discussion avec Makri du MSP, il y a 5 ou 6 ans, ce dernier a répondu à son contradicteur: «Ecoutez, moi j'ai des dizaines de milliers d'amis sur FB. Il me suffit de lâcher une seule phrase et vous verrez ce qui se produira,». Déduction faite, Internet est déjà une arme fatale si on sait l'utiliser à dessein. Aujourd'hui, aucune élection ne peut se faire en dehors des réseaux sociaux les plus en vue, comme FB, Twitter, WhatsApp, YouTube, Astragram, etc. Même les personnalités politiques d'envergure, comme les chefs d'Etat, privilégient Twitter en balançant quelques lignes claires, au lieu de tenir des points de presse où les journalistes ne retiennent pas l'essentiel. On l'a vu avec Trump quand il est entré en insubordination, où la nouvelle équipe dirigeante de la Maison-Blanche a dù provoquer son interdiction d'accès à Twitter. C'est assez révélateur sur le pouvoir des réseaux sociaux sur l'action politique. Chez nous, tout le monde est branché. Toute information est très vite commentée et partagée ou rejetée. La réaction du plus rapide est déterminante parce que la correction prend beaucoup de temps, suffisant pour la fausse de frayer son chemin chez les millions d'internautes et d'en faire une opinion publique. Les élections offrent une opportunité idoine aux candidats pour mobiliser les troupes. Il faut l'avouer: un compte FC vaut des dizaines de meetings coûteux et exténuants. Si le candidat sait utiliser la machine à faire pencher l'opinion publique de son côté en quelque clics, il aura la main haute sur la compétition. Il, n'y a aucun doute là-dessus. Comme il aura le loisir de présenter son programme, en faisant apparaître les points saillants qui motivent et en faisant passer au second plan les passages qui peuvent provoquer la répulsion chez des électeurs. En somme, la même technique de brassage des foules par des meetings populaires se fait à huis clos avec des phrases courtes et alléchantes. Partout dans le monde, aucune élection ne se joue sur la terre ferme. Elle se joue sur les écrans, comme dans les guerres modernes d'ailleurs. Beaucoup de chercheurs en géostratégie estiment que les guerres traditionnelles n'auront plus cours de par le monde. C'est également le cas en politique. Celui qui ne sait pas utiliser un micro ne peut pas orienter le monde là où il veut. L'arme redoutable du siècle en cours est indéniablement Internet. Il n'y a pas de doute là-dessus.