La séquence algéro-marocaine de ces derniers jours ajoute une strate de plus au mur de provocation que Rabat édifie avec l'intention de pousser l'Algérie à la faute. Ainsi, après des tentatives d'atteinte à l'unité de l'Algérie en apportant son soutien au MAK, une normalisation honteuse avec l'Etat hébreu aggravé par des propos contre l'Algérie tenus par le ministre israélien des Affaires étrangères à partir du Maroc, l'agression terroriste fomentée contre l'Algérie en août 2021 en provoquant de gigantesques incendies en Kabylie, le Makhzen instruit le président de l'Organisation internationale des oulémas musulmans (Oiom) d'attenter à l'unité territoriale de l'Algérie. En revendiquant Tindouf, Raïssouni ne fait rien d'autre que servir l'agenda expansionniste du Makhzen avec l'arrière-pensée d'internationaliser le différend algéro-marocain auprès d'une instance mondiale censée être une référence en matière d'exégèse islamique. La manoeuvre ne brille pas par une quelconque intelligence au plan strictement politique, mais la malice de l'islamiste en chef tient dans une entreprise d'introduction du doute dans les esprits de jeunes embrigadés, disséminés un peu partout sur la planète. Même si l'appel au djihad était spécifiquement adressé aux Marocains avec la bénédiction du roi, il est enveloppé dans un lexique religieux et peut donc évolué au gré des discours et des fetwas jusqu'à prendre les allures d'une «mission sacrée», comme la «guerre sainte» au Machrek a été «vendue» à des dizaines de milliers d'excités du monde entier qui ont débarqué en Syrie. Il est de notoriété publique que le Maroc a fourni le plus gros contingent de terroristes sanguinaires à Daesh. Les hordes marocaines de l'Etat islamique ont été fanatisées en terre marocaine. L'on se pose donc légitimement la question quant aux intentions réelles du prédicateur missionné par le Makhzen. Le scénario peut paraître osé, compte tenu des circonstances dans lesquelles l'action des services de renseignements marocains agissent face à un pays fort, solide et uni. Mais, il faut savoir que le Makhzen n'est pas à son coup d'essai. Habitué à des opérations louches d'instrumentalisation de jeunes fanatisés, il est derrière la création du groupe terroriste, le Mujao, au Sahel, dont la mission était de créer un chaos permanent au nord du Mali. Il va de soi que Rabat n'a pas les moyens de nourrir la même ambition pour l'Algérie, mais le propos n'est pas d'organiser, mais de susciter des vocations meurtrières chez certains esprits fragiles, manipulés par des organisations islamistes internationales à l'image de l'Oiom. On peut donc dire qu'en la matière le plan de Raïssouni se déroule selon un agenda précis qui suppose d'autres étapes futures. Cette attaque en règle contre l'Algérie intervient quelques jours après la prétendue main tendue du roi qui a été très largement relayée sur les réseaux sociaux par les blogueurs du Makhzen. L'idée est de présenter le Maroc comme un Etat pacifique prêt à travailler de concert avec son voisin de l'Est pour le bonheur des peuples. La sortie haineuse du prédicateur islamiste détruit l'image de Mohammed VI. Mais ce n'est pas un souci pour la propagande marocaine qui agit par étape et sépare les stratégies et les publics ciblés. La séquence du roi, pensent les propagandistes soutenus par des professionnels israéliens, a atteint son objectif, celui d'endormir le peuple marocain. Celle de Raïssouni s'adresse aux «guerriers» fanatiques d'un islamisme violent et poursuit un autre objectif, pas du tout politique, mais simplement tactique, histoire de lever une armée informelle. Face à ce double jeu qui consiste à souffler le chaud et le froid, avec une intention plus qu'évidente de déstabilisation, l'Algérie fait bien de rester sur ses positions et ne jamais ouvrir les portes d'un quelconque dialogue avec un Etat voyou qui tire plus de 20% de sa richesse du trafic de drogue. Car le fond du problème tient au caractère crapuleux du régime qui tient le Maroc d'une main de fer et impose à son peuple la domination d'Israël qui a dépêché un de ses ministres pour récupérer de la main- d'oeuvre marocaine afin de servir les colons sionistes. Il est, de fait, impossible d'imaginer une médiation entre les deux pays, tant que le Maroc poursuit son rêve fou d'annexer un territoire qui ne lui appartient pas, en usant de pratiques dignes des gangsters. Ceux qui pensent que l'Algérie pourrait accepter un deal avec son voisin de l'Ouest en tournant le dos à l'un des principes qui fondent la République se trompent. Les deux rois qui se sont succédé à la tête du Maroc depuis l'indépendance de l'Algérie ont tenté de séduire les plus hautes autorités du pays. De Chadli Bendjedid, jusqu'à Abdelmadjid Tebboune en passant par Mohamed Boudiaf, Liamine Zeroual et Abdelaziz Bouteflika, la position de l'Etat algérien n'a pas bougé d'un iota. L'Algérie ne transige pas avec l'autodétermination des peuples. Tout le reste relève d'une agitation qui appelle une vigilance accrue, car le Makhzen ne reculera devant rien pour nuire à l'Algérie. Il l'a prouvé à maintes reprises.