Alors qu'il s'exprimait devant les walis qu'il a réunis, jeudi dernier, au Palais des Nations à Alger, le président de la République a fait une digression qui a particulièrement capté l'intérêt des spécialistes de la politique étrangère algérienne. «L'Inde, la Chine, la Russie, les Etats-Unis, l'Union européenne sont des partenaires amis. L'Algérie est amie avec tous les pays sauf avec ceux qui n'en veulent pas», a-t-il affirmé au détour d'une phrase avant de corser son propos en ajoutant que «l'Algérie n'est dépendante d'aucune orbite diplomatique». Tout est dit dans cette phrase qui, a elle seule, résume une indéfectible fidélité des dirigeants algériens aux idéaux de la révolution: pas de tutelle quelle que soit sa puissance et sa proximité. Un principe proclamé en 1956 déjà dans la plate-forme de la Soummam stipulant que l'Algérie «n'est inféodée ni au Caire, ni à Londres, ni à Moscou, ni à Washington». C'est dire que la neutralité prônée par l'Algérie n'est pas un combat pour le panache mais une conviction assumée dans les faits et les actes et qui tire ses racines de l'histoire de l'Algérie combattante. Il n'y a qu'à voir avec quel aplomb la diplomatie algérienne s'en est sortie de l'engrenage bipolaire durant toute la période de la guerre froide. L'Algérie restera soucieuse d'équilibre et n'a jamais mis tous ses oeufs dans le même panier. Le pétrole aux Américains et on achète des armes russes. Des milliers de cadres ont été envoyés étudier en Russie et les ingénieurs de Sonatrach se formaient aux Etats-Unis. Un exemple concret nous rappelant que l'Algérie est toujours restée partisane d'un non-alignement authentique et que les bonnes relations avec le camp occidental ou russe n'excluent nullement la poursuite d'une politique extérieure indépendante. C' est ce principe cardinal qu'a rappelé le président Tebboune dans son propos ce jeudi devant les walis. Inébranlable ligne de conduite. En attendant son départ en mai prochain pour Paris, une visite qui s'annonce déjà historique, Abdelmadjid Tebboune, n'exclut pas de se rendre également à Moscou tandis que se déroulent actuellement d'intenses échanges algéro-italiens avec l'arrivée, aujourd'hui, de la présidente du Conseil des ministres d'Italie Giorgia Meloni. Elle effectue sa première visite à l'étranger en dehors de l'Europe. Depuis trois ans l'Algérie a connu tour à tour le temps d'une convalescence politique, les durs moments de la pandémie et ceux de la refondation institutionnelle. 2023, qui n'a pas fini de porter ses fruits, sera l'année de la consolidation de tous ces acquis. Sitôt qu'il eut engagé fermement le processus de la lutte contre la bureaucratie et la corruption et amorcé la mise en place d'un édifice institutionnel, le président Tebboune a en effet déclenché une série d'actions diplomatiques d'envergure. En homme avisé, le Président a su choisir ses hommes pour mener à bien cette «reconquête diplomatique». Le résultat ne s'est pas fait attendre. L'Algérie a retrouvé sa place au plan régional et africain, elle est sollicitée et consultée sur tout ce qui concerne son espace géostratégique. De nombreuses actions donneront son véritable visage à la politique extérieure de l'Algérie. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n'a-t-il pas réussi en juillet dernier à Alger à réunir le président palestinien Mahmoud Abbas et le chef du bureau politique du mouvement palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, une rencontre qualifiée d'historique après un froid de plusieurs années. Après la réussite du Sommet arabe d'Alger marqué par une participation record, une organisation parfaite des Jeux méditerranéens et le CHAN qui se déroule dans de très bonnes conditions, l'Algérie consolide davantage sa place au niveau du Bassin méditerranéen en tant qu'acteur énergétique incontournable. Ainsi, la diplomatie a été pour l'Algérie, l'instrument qui lui a permis de se manifester sur le plan international et de faire entendre sa voix. Elle reposait sur le principe qu' il ne fallait compter que sur ses propres ressources humaines et matérielles, tout en appelant à l'élargissement de la solidarité internationale en faveur du peuple algérien. Soixante et un ans après, la voix de l'Algérie est demeurée audible et respectée dans le concert des nations, faisant de la question de la lutte contre le colonialisme et la défense des peuples opprimés son credo et la base de son action politique extérieure.