L'Expression: La saison estivale a officiellement été lancée, hier, par le ministre de l'Intérieur. Sera-t-elle une bonne saison touristique pour le pays? Nadir Belhadj: Vu l'expérience des trois dernières années, on table sur un boom touristique en Algérie. Tous les indicateurs laissent présager une bonne saison estivale. Les Algériens, faut-il le souligner, ont une préférence pour certaines villes et régions du pays qu'ils ne connaissaient pas. Et là je profite pour mettre l'accent sur l'importance et le rôle d'une communication offensive à adopter par nos opérateurs. Air Algérie et l'Enmtv ont annoncé des réductions importantes des prix des billets. Pourriez-vous nous dresser un état des lieux après cette annonce? C'est une louable décision et bien réfléchie qui permettrait à un bon nombre de notre diaspora de passer les vacances auprès des leurs. En termes de chiffres, l'impact positif est déjà là. Les places pour l'été ont été écoulées rapidement. Les réservations affichent déjà «complet» à partir du 15 juillet. C'est une aubaine pour les autres métiers qui sont liés au secteur touristique. Que reste-t-il pour la destination Algérie dans la rude bataille du tourisme méditerranéen, l'espace le plus fréquenté au monde? Je profite de votre question pour souligner que ce n'est pas le grand rush habituel pour notre voisin de l'Est. Les offres compétitives du tourisme dans les différentes villes tunisiennes, et même pour les autres pays du pourtour méditerranéen ne sont plus alléchantes, à cause de l'inflation. Les prix pratiqués en Algérie y sont meilleurs. Nos opérateurs touristiques ont ainsi une occasion en or à saisir. La Tunisie séduit de moins en moins de touristes algériens ayant tendance à y passer les vacances, à cause de l'inflation et la hausse vertigineuse des prix. Par contre, on assiste d'autre part à un intérêt croissant, et une fréquentation plus importante qu'ont connus différentes régions du pays. Le tourisme touche plusieurs secteurs. Est-ce que ces derniers sont impliqués comme il serait souhaitable? Le pays n'a pas suffisamment profité des deux années de fermeture des frontières pendant la période de pandémie afin de satisfaire le touriste algérien. Il reste beaucoup à faire et il y a beaucoup d'insuffisances. Les prestations de services ne sont pas au top, mais avec le temps on espère voir une amélioration. De nombreux secteurs sont pris de court, comme le transport. Nous prévoyons des flux importants, et ça restera une nouvelle expérience, même pour les autres filières qui sont directement ou indirectement liées comme pour l'artisanat et les autres métiers. Certains propriétaires d'agences se plaignent de fausses agences de tourisme. Peut-on parler d'un phénomène généralisé? La filière du voyage est en effet envahie par des pseudo-organisateurs de voyage et de tourisme. C'est le big problème qui gangrène le secteur, notamment ces dernières années. Résultat: le touriste algérien est en péril. L'escroquerie, les fausses promesses concernant la qualité des prestations sont en effet monnaie courante. Les autorités sont invitées à frapper d'une main de fer pour mettre fin à ces agissements. Le phénomène cause un énorme préjudice au Trésor public et il est devenu le cauchemar des agences de voyage agréées.