Acteur incontournable de la scène moyen-orientale, l'Emirat du Qatar assume, depuis des années, une posture politique particulière qui lui a valu, un temps les foudres de l'Arabie saoudite et en d'autres circonstance celles d'une partie de l'Occident. Il reste que dans les graves développements que vit la région depuis le 7 octobre dernier, Doha s'impose comme un interlocuteur central, en étant hôte de la direction du Hamas d'un côté et allié objectif des Etats-Unis, partenaire privilégié de l'Iran, sans oublier ses interactions avec les pays arabes que ceux-ci soient foncièrement anti-sionistes à l'image de l'Algérie ou en passe de normaliser avec Israël. Cette posture, loin d'être confortable en raison des tensions extrêmes qui traversent la région et des pressions, dont on imagine aisément la force, n'a pas influé sur la position de principe de l'Emirat. Cheik Mohammed ben Abdulrahmane Al-Thani, Premier ministre du Qatar est resté intransigeant. «Il n'est pas permis de condamner le meurtre de civils dans un contexte et de le justifier dans l'autre», a-t-il déclaré dans une conférence de presse à Doha, allusion à l'attitude des Occidentaux qui pointent un doigt accusateur en direction du Hamas et ommettent d'évoquer les crimes de guerre que commet l'entité sioniste depuis près de trois semaines de bombardements incessants. Joint par la Turquie qui considère par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, inacceptable «l'incapacité de certains pays d'Amérique et d'Europe à condamner et à empêcher le désastre à Ghaza». Le Qatar qui s'impose comme l'une des pièces maîtresses des prochaines négociations autour des otages israéliens détenus par Hamas, se hisse à la hauteur des alliés d'Israël et exige d'eux une attitude plus responsable. Comme le souligne d'ailleurs Hakan Fidan, la position européenne et américaine «constitue une politique du deux poids, deux mesures très grave». L'Emirat du Qatar qui ne s'est jamais départi de son rôle de défenseur de la cause palestinienne, n'entend visiblement pas renier sa proximité avec le mouvement de résistance, dont il abrite une partie de la direction et refuse d'épouser la position de l'Occident sur les évènements qui se déroulent présentement en Palestine. Annonçant son intention de travailler avec «des partenaires régionaux pour désamorcer le conflit», cheikh Mohammed dit assumer pleinement les positions de son pays dans la recherche d'une solution à la crise actuelle, sans avoir à sacrifier la résistance palestinienne, dont la légitimité n'est nullement remise en cause par le droit international. Le Premier ministre qatari accuse les détracteurs de son pays de saper «les efforts existants» dans la médiation du Qatar pour obtenir la libération d'otages.