L'Iran a vécu hier une véritable tragédie alors qu'il commémorait le quatrième anniversaire de l'assassinat en Irak, par les Etats-Unis, du général Kassem Souleymani, chef de la Force spéciale Al Qods relevant des Gardiens de la révolution. Deux bombes ont explosé à proximité de la tombe du général, faisant au moins 73 morts et plus de 170 blessés. Rapportées par l'agence de presse Tasnim et la télévision d'Etat, les images étaient dramatiques et le quartier de Kerman, au sud du pays, où la tombe de Souleymani se trouve, à proximité de la mosquée Saheb al-Zaman, était noyé de poussière et de larmes. Le général Souleymani était l'architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient et il avait joué un rôle décisif dans l'intervention de la Russie en 2015 pour soutenir la Syrie contre les hordes de terroristes et les tentatives de déstabilisation menées par la coalition internationale. Très rapidement, la piste terroriste a été évoquée tandis que les secours étaient toujours à pied d'œuvre. Le bilan est d'autant plus lourd que le général Kassem Souleymani, assassiné en janvier 2020, alors qu'il était âgé de 62 ans, dans une attaque de drone américain au sud de Baghdad, était un homme extrêmement populaire en Iran. Il était, en effet, un des principaux acteurs de la politique iranienne dans toute la région du Moyen-Orient, fort d'une expérience acquise durant la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988, et il avait comme passion la charge de chef des opérations extérieures de la République islamique. Lors de sa mort qui a vu l'Iran tirer plusieurs missiles contre une base américaine en Irak, le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait décrété trois jours de deuil national. Déclaré «martyr vivant» par Khamenei, alors qu'il était encore en vie, Souleymani était considéré comme un héros pour son rôle dans la défaite de Daesh en Irak et en Syrie. Pour de nombreux Iraniens, ses prouesses militaires et stratégiques ont évité la désintégration de l'Afghanistan, de la Syrie et de l'Irak. Ennemi juré des Etats-Unis et de leurs alliés, Souleymani fut l'un des plus importants fondés de pouvoir iraniens, portant l'agenda politique et militaire de l'Iran en Syrie, en Irak et au Yémen. Le fait que cet attentat terroriste intervienne le lendemain de l'attaque survenue au Liban, au cours de laquelle le chef adjoint du Hamas palestinien, Saleh al-Arouri, est tombé en martyr dans une attaque de drone sioniste, interpelle les observateurs. Ismaïl Haniyeh a indiqué que deux chefs des brigades Azzedine al-Qassam étaient également tombés en martyrs dans la frappe, Samir Fendi et Azzam al-Aqraa ainsi que quatre autres cadres du mouvement, Mahmoud Zaki Chahine, Mohammed Bashasha, Mohammed al-Raïs et Ahmad Hammoud. Comme à Beyrouth, les regards à Téhéran se tournent, désormais, vers l'entité sioniste qui semble rechercher un embrasement général dans toute la région.