La communauté internationale, Etats-Unis en tête, redoublait hier ses appels pour dissuader Israël de lancer une agression à grande échelle à Rafah, où près d'un million et de demi de Palestiniens sont piégés à la frontière avec l'Egypte. Après quatre mois de bombardements sauvages, les attaques sionistes se concentrent sur le sud de la bande de Ghaza assiégée et dévastée, entre la ville de Khan Younès, où l'armée israélienne a annoncé jeudi mener une «opération ciblée» dans l'hôpital Nasser qui abrite des milliers de déplacés, et celle de Rafah.Tirs d'artillerie contre ses bâtiments, soldats déployés dans les couloirs, chaos chez les patients: les forces sionistes ont mené jeudi une opération dans le plus grand hôpital du sud de la bande de Ghaza, prétendant notamment y retrouver des dépouilles d'otages. Cette «opération ciblée et limitée» à l'hôpital Nasser de Khan Younès a commencé tôt dans la matinée, a indiqué l'armée sioniste, après des semaines d'intenses bombardements et d'affrontements avec les combattants du Hamas dans le quartier. N'ayant trouvé aucune dépouille d'otage contrairement aux premières déclarations, elle a lancé une autre intox selon laquelle elle a arrêté une vingtaine de Palestiniens qu'elle accuse d'être de présumés acteurs de l'opération du Hamas du 7 octobre, Toufan al Aqsa. Cela sans avancer la moindre preuve. Le président américain Joe Biden a réitéré au Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu, lors d'un appel téléphonique, son opposition à une opération militaire à Rafah «sans un plan crédible et réalisable assurant la sécurité des civils à Rafah», selon la Maison Blanche. Netanyahu a annoncé une «action puissante» contre Rafah pour parachever le génocide en cours contre la population civile palestinienne, tout en réitérant le mensonge clamé pendant plus de quatre mois sur une armée sioniste qui «permettrait auparavant aux civils de quitter les zones de combat». Ni le gouvernement Netanyahu ni l'armée sioniste ne sont en mesure d'expliquer vers quelle destination ils comptent contraindre la population à se diriger. Environ 1,4 million de personnes, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises, s'entassent à Rafah, transformée en gigantesque campement. «Plus de la moitié de la population gazaouie s'entasse dans moins de 20% de la bande de Ghaza», résume l'ONU. Rafah est en outre le principal point d'entrée de l'aide humanitaire depuis l'Egypte, contrôlée par Israël et insuffisante pour répondre aux besoins d'une population menacée par la famine et les épidémies. Lors de cette conversation, Joe Biden a également «réaffirmé son engagement à travailler sans relâche pour assurer la libération de tous les otages dès que possible». Des négociations en vue d'une trêve incluant de nouvelles libérations d'otages du Hamas et de Palestiniens détenus par Israël se poursuivaient au Caire jusqu'à hier soir, sous la médiation du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis. L'armée sioniste a «justifié «son agression criminelle contre l'hôpital Nasser de Khan Younès où elle a assassiné quatre personne,s violenté le personnel médical et détruit un maximum d'installations, par «des renseignements crédibles» selon lesquels le Hamas y aurait retenu des otages «et qu'il y aurait des corps d'otages». Après sa conversation avec Joe Biden, Benjamin Netanyahu a rejeté jeudi soir toute reconnaissance internationale d'un Etat palestinien, en réaction à un plan évoqué par le quotidien américain Washington Post.» Le journal rapporte que l'administration Biden et plusieurs pays arabes alliés des Etats-Unis travaillent à un plan global destiné à établir une paix israélo-palestinienne durable. Ce plan prévoirait un cessez-le-feu «d'une durée prévue d'au moins six semaines», la libération des otages israéliens, ainsi qu'un calendrier pour l'établissement à terme d'un Etat palestinien, une perspective rejetée par le gouvernement Netanyahu. Le Washington Post cite des responsables américains et arabes qui espèrent un accord avant le 10 mars, date de début du Ramadhan. Ce plan pourrait faire l'objet de discussions à la Conférence de Munich sur la sécurité, qui s' est ouverte hier, selon ses promoteurs. Pour sa part, lors d'un entretien téléphonique jeudi avec Netanyahu, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a dit que parvenir à une trêve humanitaire était une «priorité immédiate». Parmi les 28 476 martyrs que l'agression barbare sioniste a commis à Ghaza, figurent de nombreux journalistes. Sur 99 journalistes et employés des médias tués dans le monde en 2023, 72 sont morts «dans des attaques israéliennes sur Ghaza», souligne dans son rapport annuel publié jeudi le Comité de protection des journalistes (CPJ).