Le Venezuela organise, dimanche, une élection sous tension avec un duel entre le président sortant, Nicolas Maduro, qui brigue un troisième mandat de six ans, et Edmundo Gonzalez Urrutia, qui cherche à faire sortir le pays de 25 années de chavisme, la doctrine d'inspiration socialiste de Hugo Chavez dont Maduro est l'héritier. Dix candidats sont en lice lors du scrutin à un seul tour mais seuls deux vont réaliser des scores significatifs. Le président sortant, Nicolas Maduro, 61 ans, brigue un troisième mandat de 6 ans. Dauphin désigné de l'ancien président Chavez, président d'inspiration socialiste de 1999 jusqu'à sa mort en 2013, Maduro espère prolonger l'expérience chaviste au pouvoir. Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans. Diplomate, travailleur de l'ombre, il a accepté au pied levé d'être le candidat de l'opposition après la confirmation de l'inéligibilité de la leader de l'opposition, Maria Corina Machado, âme de la campagne. Quelque 21 des 30 millions de Vénézuéliens sont appelés à voter dans l'un des 30 000 bureaux de vote. Selon les observateurs, plus la participation sera forte plus les chances de l'opposition sont grandes. Selon des estimations, 17 millions pourraient effectivement voter, 7 millions de Vénézuéliens ayant fui le pays avec la crise qui a vu le PIB se contracter de 80% entre 2013 et 2020. Les revenus moyens avoisinent 150 dollars par mois dans le privé alors que le salaire minimum 4 dollars auxquels s'ajoutent des primes obligatoires de quelque 130 dollars. De nombreux observateurs estiment qu'une victoire de Maduro pourrait entraîner une nouvelle vague d'émigration. Le Conseil national électoral (CNE) est l'organe électoral vénézuélien qui gère l'élection. Le comité directeur est composé de 5 membres dont 3 sont considérés comme pro-pouvoir et 2, voire un seul, selon certains opposants, comme pro-opposition. Il n'y a aucun doute sur les sentiments de son président Elvis Amoroso, ancien contrôleur des comptes (fonctionnaire agissant comme une Cour des comptes) qui, avant de devenir président en 2023, avait notamment déclaré inéligibles les principaux leaders de l'opposition. Il fait partie depuis 2017 de la liste de personnes sanctionnées par les Etats-Unis dans le cadre de la crise politique vénézuélienne (interdiction de se rendre aux Etats-Unis, gel d'éventuels comptes ou biens aux Etats-Unis...). Une des grandes questions du scrutin est quelle sera l'attitude de l'armée, considérée comme pro-pouvoir. Hugo Chavez était un ancien militaire qui a particulièrement choyé l'armée et Maduro a continué sur cette lancée, permettant à la hiérarchie d'accéder à de nombreux postes au sein du pouvoir et de l'économie. Maduro s'est aussi beaucoup appuyé sur les forces armées pour la répression de l'opposition et des manifestations lors de troubles sous son mandat. «La force armée nationale bolivarienne me soutient», a réaffirmé cette semaine Maduro. De son côté, le candidat de l'opposition Edmundo Gonzalez Urrutia a appelé dans une lettre ouverte les militaires à «respecter et faire respecter (la) volonté souveraine» du peuple lors de la présidentielle. Le président Maduro brigue un troisième mandat mais il cherche aussi à normaliser les relations du Venezuela pour desserrer l'étau des sanctions. Depuis 2019, le pays vit sous le régime des sanctions américaines imposées dans le sillage de la réélection contestée de Maduro en 2018 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition et entaché de fraudes, selon elle.