L'alignement de la France sur les thèses du Maroc sur la question du Sahara occidental a été dénoncé, hier, par le Conseil de la nation, dans un communiqué, le moins qu'on puisse dire est qu'il était sans concession. Ainsi, la Chambre haute du Parlement a qualifié la décision française de «honteuse» et exprimé «sa condamnation, sa profonde préoccupation et sa plus vive condamnation et dénonciation», de cette posture indigne d'un Etat membre permanent du Conseil de sécurité. Pour le Conseil de la nation, «cette décision est une déviation et un risque injustifié». Le communiqué de l'institution dirigée par le moudjahid Salah Goudjil ne manque pas de considérer la dérive de Paris d'«assassinat moral des efforts internationaux qui ont mis» la cause sahraouie «depuis des décennies sur la table de la décolonisation». Une sorte de coup de couteau dans le dos de la légalité internationale. Le Conseil de la nation estime que l'alignement français sur les thèses marocaines dans le dossier du Sahara occidental constitue une nette contrition des usages diplomatiques mondiale. La France a perverti les normes en favorisant les intérêts au détriment des principes. Le communiqué n'y va pas par quatre chemins et considère que la position de l'Elysée «représente un désaveu flagrant de la France des résolutions de l'ONU et des avis consultatifs de ses organes». Le mot est ainsi lâché et les conséquences de la lâcheté de Paris sont insoupçonnables, au regard de la position de ce pays dans l'échiquier mondial et au sein de la principale institution onusienne. Transgression Le Conseil de la nation note que la reconnaissance de la prétendue marocanité du Sahara occidental n'est rien d'autre qu'«une bénédiction et une légitimation explicites d'une occupation d'un Etat membre fondateur de l'Union africaine». Il s'agit de la confirmation d'un acte colonial, pourtant condamné par le droit international. Le bureau du Conseil de la nation ajoute que «cette décision constitue une transgression de la part de la France» et de «ses obligations de membre permanent du Conseil de sécurité». C'est également une «violation de la légitimité internationale liée à la responsabilité du Conseil de sécurité et de ses membres permanents de mettre en oeuvre l'accord de 1991, conformément aux résolutions des Nations unies et aux exigences du droit international». Cette analyse très pertinente qui suggère un blocage durable de la question sahraouie a abouti à une volonté franco-marocaine de «saper les efforts des organisations internationales et régionales pour donner au peuple sahraoui son droit légitime à l'autodétermination». La victime du jeu malsain entre Rabat et Paris étant identifiée, leur alliance «honteuse» constitue, pour le Conseil de la nation, «une tentative désespérée du néocolonialisme de conférer une légitimité à la pensée coloniale». Le propos est très juste, d'autant que les soutiens apportés au Maroc émanent généralement de régimes colonialistes, à l'image de l'entité sioniste. Aussi, cet agissement français est «une nouvelle expression de l'enracinement de l'approche coloniale dans les politiques du gouvernement français». Pour l'institution présidée par Salah Goudjil, la France confirme la subsistance d'une «nostalgie constante d'un passé colonial honteux» dans le fonctionnement de son régime. Il va sans dire que cette alliance d'un autre âge ne saura effacer une mémoire nationale et internationale qui «conserve encore l'horreur des tragédies (coloniales), et ses répercussions douloureuses» sur tous les peuples qui ont subi ce régime raciste. Les victimes du colonialisme «témoignent encore de ses crimes contre l'humanité en Algérie, en Afrique et dans le monde», fait remarquer le Conseil de la nation. Tendances coloniales «L'Algérie, qui a combattu le colonialisme et l'a rejeté hier, le rejette encore et continuera à le rejeter, quelles que soient ses formes et quelle qu'en soit l'origine», rappelle la même source, soulignant que le peuple algérien a toujours fait «la différence entre le peuple français et le régime colonial». L'Algérie d'aujourd'hui «fait la différence entre le peuple marocain et le régime occupant du Makhzen». Elle constate, jour après jour, le «retour du système colonial basé sur des schémas collusoires, fondés sur l'intersection des intérêts au détriment des valeurs et des principes de l'humanité». Le Conseil de la nation dénonce le deal franco-marocain en signalant «l'alliance franco-marocaine-sioniste» qui s'est faite «au détriment des droits légitimes du peuple sahraoui et contre les droits du peuple palestinien dans la satisfaction d'un colonialisme réducteur, abolitionniste et d'exclusion». Le Conseil de la nation en appelle au pouvoir législatif français pour qu'il oriente «ses efforts dans le sens de ''purifier'' l'Etat français des tendances coloniales enracinées et obliger son gouvernement à revoir sa position». L'institution présidée par Salah Goudjil estime nécessaire de «tirer les leçons de l'histoire», à savoir que la colonisation est une étape historique criminelle qui est dépassée par le temps. Le Conseil de la nation clot son communiqué par la réaffirmation de son «soutien au droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance et son droit à défendre sa patrie et ses richesses par tous les moyens de résistance légitimes garantis par le droit international».