Le 17 octobre 1961 figure parmi les dates phares de la révolution algérienne. Elle revient chaque année pour déterrer et jeter à la face du monde, le visage barbare de la colonisation française, sur ses propres terres, mais elle met surtout en exergue l'héroïsme, le courage, le don de soi des Algériens pour briser les chaînes de l'humiliation pour que l'Algérie vive libre. À ce titre, le nom de Fatima Bedar est lié pour l'éternité à cet évènement tragique marqué par une répression féroce, des massacres, des atrocités d'une sauvagerie inégalée: des dizaines d'Algériens, seront jetés, puis noyés dans la Seine. L'épilogue d'un destin cruel que connaîtra la jeune Fatima. Comme l'ont connu petit Omar, lors de la bataille d'Alger, Bouzid Saâl qui fut abattu par un policier, alors qu'il brandissait l'emblème national, lors des manifestations du 8 mai 1945 et tant d'autres jeunes à peine sortis de l'adolescence. Le 17 octobre 1961, une des pages les plus dramatiques de la guerre de Libération nationale s'est écrite, il y a 63 ans, tout juste. Il s'agit d'un évènement d'une gravité exceptionnelle, dont le nombre de morts a fait dire à deux historiens britanniques (Jim House et Neil MacMaster) dans leur ouvrage Les Algériens, la République et la terreur d'Etat, paru chez Tallandier en 2008 qu'il s'agit de la répression d'Etat la plus violente qu'ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l'histoire contemporaine. Cet épisode, des plus dramatiques, qui s'est déroulé au coeur de l'ex-puissance colonisatrice, a marqué l'histoire de la guerre d'Algérie. 300 à 400 Algériens, selon les historiens, ont été sauvagement exécutés, alors qu'ils manifestaient de façon pacifique contre un couvre-feu qui les visait. Un évènement qui témoigne de la détermination d'un peuple à faire triompher son idéal d'indépendance quel que soit le prix à en payer. Il le paiera très cher en sacrifiant 1500 000 de ses enfants. Ce qui fera de la guerre, menée par l'armée coloniale française en Algérie une des plus meurtrières au monde. Provoquée le 1er novembre 1954, date qui marquera le déclenchement d'une révolution exceptionnelle pilotée par une génération remarquable de jeunes Algériens qui durera plus de sept longues années pour aboutir à l'indépendance de l'Algérie et à la fin d'un colonialisme français basé sur la répression féroce, la torture, les enfumades, les assassinats de sang-froid maquillés en suicide et les disparitions forcés, durant plus de cent trente années. À ce titre le 17 octobre 1961 s'inscrit dans le long processus qui a mené l'Algérie à son indépendance. Un processus qui trouve son expression dans les insurrections mémorables de femmes et d'hommes (Lalla Fadhma N'soumer, l'Emir Abdelkader, El Mokrani, Cheikh Aheddad...) figures emblématiques de la résistance contre l'envahisseur français qui allaient tracer le sillon de la liberté. Avant que n'interviennent les massacres du 8 mai 1945. Une tragédie qui demeurera un repère incontournable, qui attestera de la face barbare de la France coloniale. Plus de 45 000 Algériens qui manifestaient pour leur indépendance seront assassinés, des centaines seront arrêtés et d'autres portés disparus. Un drame qui s'est «joué» à huis clos à Sétif, Guelma et Kherrata, notamment villes martyres et symboles de ce génocide. Le parallèle avec les manifestations pacifiques du 17 octobre 1961 sauvagement réprimées est incontestable. On y retrouve la même brutalité, la même sauvagerie, exercées par les forces de police françaises de l'époque pour faire taire un peuple qui revendiquait sa liberté. À la différence que cela se déroulait sur le territoire français.