Dans le village d' Ath Ahmed, niché au coeur des montagnes du Djurdjura, une émotion palpable émanait, hier, de la cérémonie organisée par le Front des forces socialistes (FFS). Militants et cadres, venus de Tizi-Ouzou et d' autres wilayas, se sont rassemblés pour honorer la mémoire d' Hocine Aït Ahmed, neuf ans après sa disparition. Sous un ciel bleu, le recueillement autour de la tombe de cet homme d' exception a été marqué par des discours et des instants de profonde émotion. Youcef Aouchiche, premier secrétaire national du FFS, a salué «un grand leader politique, un visionnaire dont l' engagement pour la liberté et la démocratie continue de guider les consciences». Autour de lui, les visages portaient les marques du respect et de la gratitude. Certains militants, émus, ont rappelé les valeurs portées par Aït Ahmed: justice, dignité et pluralisme, autant de principes qu' il a défendus au prix de sacrifices immenses. Né le 20 août 1926, Hocine Aït Ahmed a forgé très jeune son engagement au sein du Parti du peuple algérien (PPA). Il avait à peine 21 ans lorsqu' il prit la tête de l' Organisation spéciale (OS) en 1947, après la mort de Mohamed Belouizded. Ses faits d' armes, comme la préparation de l' attaque de la Grande Poste d' Oran en 1949, résonnent encore dans les mémoires. Les militants présents ont évoqué ses prises de position courageuses, sa participation au Congrès de Bandung en 1955, où il porta la voix des peuples colonisés et son rôle à l' Organisation des Nations unies (ONU) en 1956, où il défendit avec passion la cause algérienne. Ils n' ont pas manqué de rappeler le détournement tragique de l' avion du FLN, le 22 octobre 1956, où il fut capturé avec d' autres chefs historiques. «Même derrière les barreaux, il restait libre dans sa tête et dans son coeur», confie un militant visiblement ému. Mais son combat ne se limitait pas à la guerre: il rêvait d' une Algérie libre, juste et démocratique. Après l' indépendance, il a créé, en 1963, le Front des forces socialistes (FFS). Aït Ahmed était le dernier encore en vie des neuf «historique», les chefs qui ont déclenché la guerre de Libération nationale. Il est décédé le 23 décembre 2015 à Lausanne en Suisse, à l' age de 89 ans. Il est enterré le 1er janvier dans son village natal, conformément à ses dernières volontés, ses funérailles rassemblant près d' un million de personnes. Le 22 février 2023, le stade de la JS Kabylie est baptisé en son nom, Hocine-Aït-Ahmed-Stadium. Hier, une foule immense est venue saluer sa mémoire. Pour les présents, cet hommage dépasse le cadre du souvenir: il s'agit de raviver une flamme, celle du zaim. À travers ses combats politiques, il a laissé un héritage inestimable, une source d'inspiration. Au pied des montagnes, dans le calme solennel d'Ath Ahmed, la mémoire de Dda L' Hocine demeure vivante...