Un événement révélateur des mutations que connaît le marché de l'énergie en Europe. La compagnie nationale Sonatrach a conclu, jeudi, un mémorandum de coopération énergétique avec Eon Rhurgaz, filiale gazière du groupe allemand EON, portant, notamment, sur le gaz naturel liquéfié (GNL). Cet accord, qui constitue l'essentiel des résultats ayant couronné la visite du chef de la diplomatie allemande à Alger, est d'autant plus spécifique du moment qu'il marque l'entrée, pour la première fois, de ce pays dans l'arène du gaz algérien, en qualité d'importateur. Un événement révélateur des mutations que connaît le marché de l'énergie en Europe, hanté par des appréhensions relatives à la sécurisation des approvisionnements. Lesquelles appréhensions étant intervenues à la suite de la crise gazière de l'Ukraine et son exacerbation après la conclusion de l'accord de partenariat entre Sonatrach et le géant russe Gazprom. Cet accord, faut-il le rappeler, avait été interprété dès lors par les Européens comme un signe avant-coureur de la formation d'une Opep gazière pouvant mettre les 15 sous l'emprise des Russes. De ce fait et après les Italiens, les Espagnols et les Français, c'est au tour des Allemands de se rabattre sur le gaz algérien. Le ministre allemand a, d'ailleurs, déclaré à ce sujet que le mémorandum s'inscrit dans une démarche visant à diversifier les approvisionnements de son pays en énergie. Une bonne manière aussi de contrecarrer «l'alliance algéro-russe», par la finalisation d'accords d'approvisionnement à long terme avec l'Algérie, classée deuxième fournisseur de l'Europe en gaz. Outre ces aspects qui s'inscrivent dans une conjoncture d'incertitude énergétique, Chakib Khelil, a déclaré, lors de la cérémonie de signature du mémorandum, que la coopération entre les deux parties est dictée par le fait que «la compagnie Eon Rhurgaz devient notre partenaire dans le gazoduc Medgaz devant relier l'Algérie à l'Espagne, puisqu'elle vient d'acquérir le groupe espagnol, Endesa, notre partenaire dans le projet». Cela en plus du partenariat liant Sonatrach à Wintershall, un autre groupe allemand associé dans le projet de gazoduc Galsi, devant relier l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne. Il y a lieu d'indiquer, d'autre part, que la présence en Algérie des entreprises germaniques dans l'industrie des hydrocarbures, est des plus remarquables, et ce, malgré que ce pays ne figure pas sur la liste des clients du gaz algérien. Il s'agit, notamment des activités en rapport avec l'exploration, le transport et la pétrochimie où les deux partenaires exploitent des projets, même en des pays tiers à l'exemple de l'Espagne. Aussi, Chakib Khelil a beaucoup insisté sur la nécessité de consolider la coopération dans le domaine des énergies renouvelables où les entreprises allemandes passent pour des pionnières en la matière. Une coopération qui pourrait permettre un certain niveau de transfert technologique, le plus substantiel des profits que l'Algérie pourrait tirer de ce partenariat.