Donald Trump a réitéré, jeudi dernier, sa menace d'imposer des droits de douane «à 100%» au bloc des Brics, après avoir réaffirmé qu'il comptait imposer des droits de douane de 25% aux produits canadiens et mexicains à partir de samedi. «L'idée que les membres des Brics tentent de s'éloigner du dollar, pendant que nous restons les bras croisés, est TERMINEE», a-t-il publié dans un message sur sa plate-forme Truth Social. «Nous allons exiger de ces pays, de toute évidence hostiles, qu'ils s'engagent à ne pas créer une nouvelle monnaie des Brics, ni à soutenir une autre monnaie pour remplacer le puissant dollar américain, ou bien ils seront soumis à des droits de douane à 100%», a ajouté le président des Etats-Unis. Le groupe des Brics comprend dix pays, dont le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud. Ce bloc de puissances souhaite réduire la domination occidentale dans un monde qu'il conçoit comme «multipolaire». Dans le domaine financier, ce groupe a mené des réflexions pour se passer du dollar, qui sert de monnaie de référence pour les échanges mondiaux. Ces pays ont notamment envisagé de créer leur propre monnaie commune. Même si, lors du sommet des Brics en Russie fin octobre, Vladimir Poutine avait jugé que cette idée n'était «pas encore mûre». À peine revenu à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé qu'il voulait imposer, dès le 1er février, 25% de droits de douane sur les produits provenant du Canada et du Mexique, deux pays pourtant théoriquement protégés par l'accord de libre-échange qu'il avait signé durant son premier mandat. Jeudi, il a confirmé son intention et affirmé qu'il déciderait dans la nuit s'il exempterait plus spécifiquement ou non de taxe le pétrole produit dans ces deux pays. Le président américain a notamment annoncé vouloir imposer, à compter de la même date, une hausse de 10% sur les droits de douane des produits chinois. Dans le même temps, les produits chinois seraient frappés par des droits de douane de 10%. Une possibilité qui inquiète les analystes, alors que l'économie américaine se porte comme un charme, avec une croissance de 2,8% en 2024 : selon Oxford Economics, si ces droits étaient appliqués, l'économie américaine perdrait 1,2 point de pourcentage de croissance, et pourrait dans le même temps plonger le Mexique dans la récession. Pendant la campagne, le candidat républicain avait dit vouloir imposer des droits de douane de 10% à 20% sur l'ensemble des produits importés aux Etats-Unis, et même de 60% à 100% sur les produits provenant de Chine. Plutôt qu'un outil pour combler la baisse des recettes fiscales, les droits de douane sont devenus une arme pour obtenir des concessions. Donald Trump a expliqué qu'ils étaient une réponse à l'incapacité de ses voisins à freiner l'entrée de drogues, en particulier de fentanyl (un opioïde) et de migrants aux Etats-Unis. La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, s'est montrée plutôt optimiste mercredi : «Nous ne pensons pas que cela arrivera. Mais si c'est le cas, nous avons un plan.» L'inquiétude existe malgré tout, en particulier pour le secteur agricole, qui exporte à près de 80% vers les Etats-Unis. Côté canadien, la possibilité de droits de douane a servi de révélateur à la crise politique qui rongeait déjà le gouvernement Trudeau. Le ministre canadien de la Sécurité publique, David McGuinty, était, jeudi, à Washington pour présenter les contours du plan visant à renforcer la sécurité de la frontière américaino-canadienne.