Précédée par la visite à Washington du président français Emmanuel Macron censée lui baliser le terrain d'approche, suivi du Premier ministre britannique, Keir Starmer porteur d'une invitation de Sa Gracieuse Majesté à un Donald Trump qui ne s'en laisse pas compter pour autant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a payé le prix en se jetant tête baissée dans une embuscade totalement inédite dans les annales des relations diplomatiques internationales. Pris dans une tourmente républicaine, dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche, il a donc eu une altercation avec son homologue américain au point d'être contraint de quitter prématurément les lieux. Le monde entier a suivi, éberlué, un épisode qui pourrait figurer sans peine dans la série «Dallas, ton univers impitoyable», avec un temps fort lorsque le vice-président américain J.D Vance et Donald Trump ont violemment apostrophé leur hôte au motif qu'il aurait «manqué de respect» et surtout de «reconnaissance» à la superpuissance américaine qui exige réparation. Et c'est à ce niveau que se situe le véritable enjeu, sachant que Trump chiffre à plus de 500 milliards de dollars le «préjudice» subi par les Etats-Unis depuis le début de la guerre entre la Russie et l'alliance atlantiste. Le président républicain considère que l'Ukraine a l'entière responsabilité d'un conflit «qui n'aurait pas dû avoir lieu» et qui, de plus, «aurait dû prendre fin beaucoup plus tôt», même s'il ne cache pas sa colère envers les alliés européens coupables, eux aussi, d'avoir profité sans retenue du parapluie américain. «Il a manqué de respect aux Etats-Unis dans leur cher Bureau ovale», a accusé Donald Trump sur le réseau X de son ami et conseiller Elon Musk. L'objectif de l'administration républicaine et de son chef est de se débarrasser au plus vite de conflits jugés «mineurs», comme celui de l'Ukraine, pour se consacrer principalement au bras de fer avec le rival majeur qu'est la Chine du président Xi Jinping. L'obsession de l'establishment américain et de sa face cachée sioniste reste de protéger par tous les moyens le leadership mondial, tant économique que militaire. Et pour cela, Trump entend larguer le «dossier ukrainien» pour avoir une Russie comme partenaire et non plus comme paria du monde occidental, alors que l'Ukraine doit devenir non pas un «allié», mais «un client» et ce, quels que soient les efforts de Macron et de Starmer venus à Washington le convaincre de refuser un accord de paix au détriment de Kiev. Ni les gestes physiques de l'un ni l'invitation royale de l'autre n'ont fait bouger les lignes d'une stratégie à laquelle Trump est bien plus attaché qu'on ne le croit». La seule chose que Zelensky aurait dû dire en public - quelle que soit la question - était: «Merci M. le Président, merci l'Amérique», a ironisé Jack Keane, un général à la retraite sur la chaîne Fox News. Fareed Zakaria, expert en politique internationale à CNN, aurait même conseillé de lui prêter du «génie», mais à vrai dire, aucune flatterie ne pouvait suffire à convaincre Trump de renoncer à sa stratégie de l' «America first again».