Il y a de drôles de situations que l'on vit, de temps à autre, dans nos salles d'audiences, surtout en ce mois sacré de Ramadhan 1446. La robe noire, très mal boutonnée, les cheveux en bataille, des talons hauts bruyants, une avocate entre dans la salle d'audiences en trombe. Un véritable dérangement a lieu devant un trio de magistrats indifférents car l'attention était plutôt dirigée vers les cinq prévenus de commercialisation de came. La plaideuse qui n'a rien dit se confond en excuses avant de venir à la barre plaider. La présidente afficha son plus beau sourire et jeta froidement à l'intention de la malheureuse avocate : «Alors Maître, où étiez-vous ?» La magistrate, qui s'était adressée sans ton à l'avocate, regarda l'inculpée à la barre qui vociférait doucement des mots, heureusement, pas beaux à entendre. L'avocate répondit sur un ton désolé : «Je téléphonais dehors, je me suis oubliée, et je m'excuse d'être en retard. Je suis sincèrement désolée !» La juge n'a d'autre choix que de répondre du tac au tac : «Non, Maître, c'est la cour qui est désolée. Votre cliente, qui ne voulait pas d'un énième report des débats, vient de prononcer le traditionnel dernier mot que la loi lui attribue. Elle a été obligée de se passer de vos services et, tout compte fait, nous avons la nette impressionne qu'elle a bien fait ! Rendez-vous la semaine prochaine pour la sentence… si toutefois vous n'aurez pas encore un autre très long coup de fil à donner…», dit-elle, en ramassant son matériel informatique qui venait d'être introduit, préparant ainsi l'arrivée, sur la pointe des pieds, de la fameuse modernisation.