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«Le mensonge tue l'artiste»
FARID FERRAGUI À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 15 - 03 - 2007

En plus de l'album qui sortira dimanche prochain, le chanteur prépare une tournée nationale.
Estimé, parce que franc, respecté, parce que juste, admiré parce que vrai, Farid Ferragui fait partie de ces rares chanteurs kabyles à être fidèle au style qu'il a adopté, voilà maintenant plus de 27 ans. Ses fans se comptent aujourd'hui par centaines de milliers. Tous, attendent avec impatience son retour sur la scène.
Cette scène qu'il dit avoir quittée parce qu'il devait faire face aux aléas de la vie. Maintenant que le fleuve s'est calmé, notre artiste revient. Il revient et avec autant de force que de surprises. La surprise?
En fait, vous la découvrirez ce dimanche, en vous déplaçant chez votre disquaire. Son dernier album sera là à vous attendre. Il s'intitule Assif Tudherth (Le fleuve de la vie).
Dans l'entretien qui suit, cet enfant de M'kira, pas loin de Djurdjura, nous en parle ainsi que de la tournée nationale qu'il entamera dès le 28 mars.
L'Expression: Après une absence de près de quatre ans, vous revenez avec un nouvel album, Assif Tudherth (Le fleuve de la vie), qui sortira dimanche prochain sur le marché. A quoi est due cette absence?
Farid Ferragui: Quand on n'a vraiment rien à dire, il vaut mieux se taire. Et puis, pendant tout ce temps, je n'avais de cesse de me débattre dans le long fleuve de la vie. Son cours m'a entraîné très loin.
Et puis, ce genre de situation peut survenir à tout moment. La vie nous réserve des surprises auxquelles on s'attend le moins. Elle nous attend à chaque tournant pour nous montrer le meilleur et le pire.
La vie est ainsi faite, de bien et de mal. Il faut, par conséquent, savoir faire face sans pour autant se résigner. Il faut se montrer capable de l'affronter.
Votre nouvel album s'intitule Assif Tuderth (Le fleuve de la vie). Un titre à la portée et résonance à la fois philosophiques et poétiques. Question classique: pourquoi avez-vous choisi un titre pareil?
Prenez ces deux mots, et essayez mentalement de leur accorder l'image qui leur convient.
Vous avez d'un côté le fleuve qui est quelque chose de concret, qu'on voit et de l'autre, la vie, quelque chose de philosophique, et de métaphysique. Quand on réunit ces deux mots, on ne peut obtenir qu'une image sublime et poétique.
Maintenant, pour ce qui est du choix de ce titre, Assif Tuderth est le mot choc de l'une des chansons présentes dans cet album. Au début, j'allais mettre Thimaqvarth Itswatsun (Le cimetière oublié).
Un titre triste, lugubre et morose...pourquoi?
Souvent, on a tendance à oublier ces lieux. Parfois, quand le hasard nous y mène, on se rappelle que, en fin de compte, ce sont ces lieux-là qui, un jour ou l'autre, nous accueilleront. C'est ici le dernier gîte du pauvre et du riche. Ces deux couches sociales seront égales.
Et pourquoi avez-vous renoncé à ce titre?
J'ai agi sous l'impulsion des amis qui l'ont justement trouvé trop triste.
Les chansons qu'on trouve dans cet album, sont-elles aussi tristes?
Tout à fait.
Pourquoi autant de mélancolie?
Je ne peux pas mentir. Le mensonge tue l'artiste, et l'art, au sens noble du terme, ne tolère jamais le mensonge. L'art est justice et équité. Et puis, le public n'est pas dupe.
Par ailleurs, je ne peux chanter que ce que je ressens. Je ne peux écrire que ce que je vis. Autrement dit, tout ce qui correspond à ma personnalité. Je ne pourrais jamais chanter une chanson rythmée, alors qu'aux tréfonds de moi-même, il y a la tempête et la houle.
Une chanson ce n'est pas seulement des mots et de la musique, mais des maux et des airs. Chacun a sa propre histoire qui influence sur ce qu'il fait, et moi j'ai la mienne. J'ai ma propre histoire que je chante.
Je parle de mon vécu, qui est aussi celui des milliers de jeunes Algériens. Dans mon nouvel album, tout comme les précédents, j'ai de tout temps prié ceux qui m'écoutent de me pardonner. Je vous cite, à titre d'exemple, la chanson Aydesthaqssayem (Vous m'interrogez), dans laquelle j'explique à mes fans que je ne peux chanter que les déceptions, les amours difficiles et impossibles, en somme, les coups durs que la vie nous assène.
Vous chantez aussi l'amour au sens noble du mot...
Effectivement, je chante l'amour de la bien-aimée, de la mère, de l'épouse, de la soeur...
L'une des caractéristiques des chanteurs kabyles qui, arrivés à un certain âge, ne chantent que le politique et la situation économique du pays dépouillant ainsi leur style de tout ce qui est sentimental et sensible. Vous, par contre, vous continuez à chanter l'amour...
Vous savez, l'amour ne vieillit pas, il grandit. On a beau dire que nous avons atteint la maturité, l'être humain ne cessera jamais d'aimer. Au contraire, ce sentiment sublime donne plus de force à l'Homme pour continuer à vivre. L'amour est source de vie, tout comme la poésie et la chanson. L'amour est sagesse et maturité. L'amour est transcendance. Dire qu'on a cessé d'aimer signifie qu'on a tout perdu. Et je crois qu'il n'existe pas sur terre une perte plus terrible, plus affreuse et plus épouvantable que la perte de ce sentiment. Il faut continuer à aimer jusqu'à son dernier souffle.
Le corps vieillit certes, mais le coeur reste toujours jeune. Permettez-moi de vous rappeler cette vieille de Béjaïa qui, au cours de l'un de mes concerts, a insisté pour que je lui chante Tid Iyirhan (Celles qui me tuent). En écoutant cette chanson, elle s'est effondrée en larmes et sanglots. Vous voyez, même à 70 ans, on se rappelle ses vieilles amours. C'est une preuve cinglante, je crois.
La chanson kabyle traverse une étape des plus terribles. Certains chanteurs se sont convertis à la world musique, tandis que d'autres versent dans les reprises et le plagiat. Quel constat faites-vous de cette situation et quelle est la solution que vous préconisez?
Je suis tout à fait d'accord. A mon avis, la plus grande menace est celle de la mondialisation. C'est là, en fait, la source du marasme dont souffre, non seulement la chanson kabyle, chaâbi, et même du raï, mais l'ensemble du patrimoine des pays faibles ne pouvant, de surcroît, concurrencer les grandes puissances mondiales. Je dis bien que la mondialisation est un danger, parce qu'elle est basée sur la ruse. C'est la loi du plus fort qui prime.
Vous parlez de danger et de menace, pouvez-vous être plus clair?
Actuellement, le problème auquel les petits peuples sont confrontés, c'est le manque de moyens pour s'imposer devant les grandes nations. Que peut-on faire face à la déferlante des musiques occidentales? Il nous faut des garde-fous pour que notre culture ne soit pas aliénée; pour que nos enfants ne perdent pas leur identité. Ce que je me dois de signaler maintenant, ce sont ces Kabyles qui ont honte de chanter dans leur langue. Je trouve ça vraiment aberrant. Et pourquoi ne chantent-ils pas dans cette langue? Parce que le kabyle ne nourrit pas.
Il faut savoir contrecarrer ce phénomène et préserver ainsi notre culture qui est de plus en plus menacée de disparition. Cette préservation, ce ne sont pas les Orientaux ou les Occidentaux qui vont nous l'assurer, mais c'est à nous de le faire. C'est à nous de nettoyer devant notre porte. C'est à nous de maintenir notre culture et de la promouvoir. Mais le problème qui se pose actuellement, c'est qu'on n'est pas conscient du trésor que nous détenons. Prenez l'exemple de la gastronomie, il a fallu que le leader du couscous en Algérie, Lahlou, décroche le Prix du meilleur couscous face à 150 concurrents venus des différents pays du Bassin méditerranéen pour qu'on comprenne que l'Algérie a vraiment des trésors inestimables.
Et dans la chanson?
Justement, le malheur qui frappe la chanson est plus grave encore. On est en train d'importer des genres de musique étrangers sans être conscients du danger qui nous guette. Sans pour autant avoir une neutralité archaïque ou rétrograde, je dis et je répète que nous sommes en train de perdre du terrain parce qu'on a tendance à s'oublier. Le plus grave, c'est qu'on verse dans l'imitation. Vous savez bien que, comme dit cet écrivain: «Un lion qui imite un lion est un singe». Il faut donc éviter de tomber dans la singerie. Cela nuit, non seulement à notre culture, mais aussi à notre personnalité. Nous sommes en train d'importer du n'importe quoi et n'importe comment.
Mais la mondialisation «positive» peut tout de même exister...
Peut-être, mais à condition que l'autre sache respecter son vis-à-vis au lieu de l'écraser. Peut-être qu'il peut y avoir une mondialisation où les nations travaillent de concert. Mais pour cela, il faut déployer énormément d'efforts pour y arriver, ce que les autres nations (les superpuissances mondiales) ne semblent pas prêtes à faire.
Revenons maintenant à votre dernier album...
Il se compose de six chansons. Thimaqvart yetswatsun (Le cimetière oublié), Yel Thiqad'îth su meksa (Chaque troupeau a son berger), Sanda Atsoubine (Où veut-on la conduire?), Azzed Ayigenni (Reviens vers moi ô ciel!), Awi zran udm'im (Heureux celui qui te verra), Eggal Ar-Dhkemini (S'agit-il réellement de toi?). L'album dure près de 60 minutes.
Ce n'est pas un peu long?
Peut-être, de toute façon c'est mieux que de mettre deux albums sur le marché.
Et pour conclure?
Eh bien, je dis à mes fans que je suis en train de préparer une tournée à travers le territoire national avec la boîte Mass Production. Je l'entamerai le 28 mars en cours à Tizi Ouzou. Je souhaite donc la bienvenue à tous mes fans.


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