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«On s'interdit d'interdire»
ALAIN DE POUZILHAC, PRESIDENT DU DIRECTOIRE DE FRANCE24
Publié dans L'Expression le 27 - 03 - 2007

C'est un regard français que porte la chaîne sur l'actualité du monde, tout en privilégiant la diversité et le débat contradictoire.
France 24 est une chaîne fondée sur des valeurs qui sont l'honnêteté, l'indépendance, l'analyse, la rigueur, le respect, l'écoute ainsi que la modernité. Première chaîne diffusée en deux langues dès son démarrage (français et anglais) puis en trois, le 2 avril avec le canal en langue arabe, l'espagnol étant programmé dans les trois ans à venir, France 24 a été lancée symboliquement «on line» avant même de l'être sur les écrans de télévision. Elle a, à l'origine, placé Internet au coeur de son dispositif pour faire de france24.com le premier véritable site vidéo d'information internationale. Il s'agit de la première expérience de convergence dès la conception et la création d'une chaîne abolissant toute frontière entre le broadcast et Internet. France 24 est disponible dans l'univers du numérique en français, en anglais et en arabe, au Proche et Moyen-Orient et en Afrique. Elle est également, distribuée à New York et Washington DC. Dans les deux ans à venir, la diffusion sera élargie à l'Asie/Pacifique, l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud. La couverture satellitaire en clair et les accords de référencement mis en place par France 24 avec les opérateurs commerciaux permettent la réception de la chaîne par près de 80 millions de foyers dans plus de 90 pays. En présence de Agnès Levallois, directrice ajointe de la rédaction, en charge des contenus en arabe de la chaîne, nous avons rencontré M.Alain De Pouzilhac lors de la réception, organisée lundi dernier à l'hôtel El Aurassi, pour fêter cet événement audiovisuel...
L'Expression: Pourriez-vous nous parler de cette nouvelle chaîne France 24?
Alain de Pouzilhac: La chaîne a été lancée le 10 décembre dernier en trois langues: français, anglais et arabe. On avait fait un journal de 10 minutes en arabe, après cela, l'arabe n'a été utilisé que sur Internet. Aujourd'hui, nous avons le français et l'anglais pour la télévision. Le 2 avril, France 24 commencera à émettre quatre heures par jour en langue arabe qui vont devenir après 6, puis 12, puis 24 heures, comme le français et l'anglais.
C'est une chaîne d'information continue. Comment parviendrez-vous ou quelles sont vos démarches à même de vous imposer et contrer la concurrence qui est rude, notamment CNN et Al Jazeera?
On a fait des études dans 12 pays sur 200.000 personnes par pays, très différents les uns les autres, dont les Etats-Unis, l'Algérie, l'Argentine, la France, la Chine, le Japon, l'Australie, etc. On s'est rendu compte de deux choses: la première est que les leaders d'opinions étaient très sceptiques par rapport au monde de l'information et en même temps très friands d'information. Très sceptiques. Pourquoi? Car ils disent en Occident: quand vous voyagez si vous ne parlez pas 17 langues, vous n'avez qu'une seule information dans les hôtels en anglais qui est le point de vue britannique et américain. Sur l'actualité internationale, c'est donc les Américains et les Anglais uniquement qui donnent leur point de vue. Cependant, ce n'est simplement qu'une petite vision du monde. Al Jazzera en anglais a comblé ce manque, aussi bien France 24 en anglais, cela a donné des opinions contradictoires. Et cela correspond aux attentes. Ils sont friands d'information, pourquoi? C'est parce que l'élément le plus important aujourd'hui, pour tout le monde, c'est la sécurité. Plus on a des informations à l'échelle du monde, plus on est contents. On veut aussi avoir des informations objectives, et pour ce faire, il faut avoir 3 ou 4 opinions contradictoires qui permettent de se faire une opinion. Ce qui est vrai pour le monde occidental est vrai aussi pour le Maghreb et le Proche et Moyen-Orient. Aujourd'hui, si vous parlez la langue arabe, vous n'avez qu'une seule vision du monde qui est donnée par Al Jazeera. Il est donc indispensable que des chaînes comme France 24 se mettent à parler arabe pour donner un autre point de vue sur le monde, de manière à ce qu'il y ait une objectivité plus grande.
Mais pourquoi une chaîne française est-elle lancée en langue arabe?
La France est considérée comme un pays rebelle, c'est-à-dire un pays qui dit ce qu'il veut, quand il veut, comme il veut, où il veut. A partir de là, c'est un pays non aligné. C'est-à-dire qu'on peut le trouver à mi-chemin entre les chaînes de langue arabe comme Al Jazeera, CNN et BBC. Disons France 24 est entre les deux.
Sur le dossier de presse, j'ai noté que France 24 défend les valeurs de la France. Quelles sont donc ces valeurs que vous comptez défendre dans les trois langues? N'est-ce pas aussi un peu contradictoire avec les valeurs connotées de la langue arabe?
On ne défend pas la langue, puisque c'est aux trois langues, français, anglais et arabe. On défend ce que vous appelez les valeurs de la France. Il y en a 3 principales. La première est que France 24 regarde le monde à travers sa diversité, par opposition aux Américains. CNN vous donne le monde vu de Washington. Nous, on essaye de montrer la diversité du monde, y compris culturelle, religieuse, environnementale...La deuxième chose, est qu'en France, on discute de tout. Vous dites, il fait beau, on vous dit non, il y a des nuages. Vous dites il faut froid, on vous dit non, je suis sorti dehors sans manteau. On a tourné cela en positif. France 24 est donc une chaîne de débat, de confrontation et qui va expliquer les faits d'actualité à travers de grands débats contradictoires, de grands magazines. La troisième chose est que la France est un pays qui n'a jamais arbitré entre la culture, l'art de vivre et l'économie, à l'inverse des Américains qui considèrent que l'économie a permis seule le développement des civilisations. On considère que la culture doit être traitée à parité avec l'économie, car la culture a participé beaucoup plus au développement des civilisations qu'à l'économie. Voilà les trois valeurs spécifiques qu'on développe sur France24.
Quelles sont vos perspectives?
C'est de donner un point de vue différent. On va toucher, dans un premier temps, 250 millions d'internautes ou de téléspectateurs potentiels. Aujourd'hui, les résultats de France 24 sont 5 à 6 millions d'internautes exclusifs, dont 2 millions aux USA. Ce qui est formidable. Cela montre qu'ils la regardent en voix anglaise. Cela donne à peu près entre 8 et 10 millions de téléspectateurs à travers le monde. Quand on regarde le site de France 24, on voit que les gens viennent de 200 pays différents et que la France ne représente que 14% de nos éditeurs. Cela veut dire que 90% des gens sont en dehors de la France. France 24 remplit donc bien son rôle qui est de couvrir l'actualité internationale avec un regard français.
Le site Internet a été donc un bon tremplin pour le lancement de la chaîne...
Oui. Je pense que le site Internet a deux vertus. La première est qu'il touche tous les citoyens du monde sans aucune discrimination. La deuxième est qu'il a un côté moderne. Il permet aux journalistes de mieux comprendre le nouveau monde et les nouveaux comportements qui sont générés par Internet. Les gens ne veulent plus être spectateurs, mais veulent être acteurs. Ils veulent de l'interactivité, de la réactivité, ils veulent comparer. Tout cela participe à faire le renouveau.
Peut-on dire que France 24 est une chaîne contre les compromis?
Oui, exactement. C'est une chaîne qui va vous donner les faits tels qu'ils sont, en toute indépendance de tout gouvernement, de tout lobby et parti politique, qui va le faire avec honnêteté et impartialité, parce que vous savez le bien précieux pour une chaîne d'information, c'est sa crédibilité. Il est interdit d'interdire chez France 24.
Qu'en est-il du poids politique?
Nous n'avons jamais ressenti un poids politique venant du gouvernement français ou d'un parti politique.
Qu'en est-il du traitement des sujets politiques?
On prend tous les sujets d'actualité et ce qui se passe dans le monde. A ce moment-là, les journalistes se réunissent pour définir la ligne éditoriale du jour. On propose les faits puis on les explique à travers des reportages, des talk-shows, etc.
Sur quel réseau peut-on capter cette chaîne?
Elle est sur l'ensemble du câble et du satellite, en mode numérique, traduit en clair. Elle est sur Arabsat, sur Nilesat, sur Hotbird, sur Astra, sur les grands satellites de communication.
Elle s'adresse à quel public potentiellement?
Elle s'adresse principalement aux leaders d'opinion classique, c'est-à-dire des gens qui voyagent beaucoup, qui ont des revenus plutôt élevés et qui ont plus de 45 ans. Mais elle s'adresse surtout aux nouveaux leaders d'opinion, c'est-à-dire aux gens entre 20 et 40 ans ainsi que ceux qui utilisent Internet pour pouvoir dialoguer avec leur communauté. Ce sont des nouveaux leaders d'opinion. Ils ne sont pas forcément riches. Ils n'habitent pas les grandes villes. Ils ne sont pas diplômés. Ce sont des gens qui véhiculent dans leur communauté leurs opinions, qui discutent, font des blogs, des forums...
Cette chaîne a dû demander beaucoup de temps de préparation, de casting, etc. Peut-on parler de «l'interne» de cette chaîne?
On m'a demandé de prendre la direction de la chaîne, en novembre 2005. A ce moment-là, elle n'avait personne. Elle n'avait pas de bureau. Pendant tout le mois de décembre, mes collaborateurs et moi avions fait des réunions chez moi, dans la salle à manger. On a commencé à avoir des bureaux, le 2 janvier. A partir de la page blanche, on a fait des études. On a regardé dans 12 pays du monde quelles étaient les attentes des internautes et des téléspectateurs. Après cela, on a regardé quelles étaient les valeurs de la France, puis nous avons bâti, petit à petit, une stratégie de France 24 à même de concurrencer CNN, BBC ou Al Jazeera.
Comment est-elle financée?
C'est un paradoxe français. C'est une chaîne privée qui a comme actionnaires TF1 50% et France Télévision 50%, et avec des fonds qui viennent du gouvernement français.
Comment s'opère le dispatching de l'information, quand on sait que TF1 et France Télévision n'ont pas la même vision des choses?
L'information a lieu à l'heure et à la demi-heure. 10 minutes de journal, pas plus. Les leaders d'opinion passent très peu de temps sur une chaîne d'information par opposition à une chaîne généraliste où on passe quatre heures par jour. Les chaînes d'information, on y passe trois fois cinq minutes. Il faut donc être très court dans l'information. Entre une info et une autre, vous avez la météo, le sport, les reportages, les magazines sur des timings très courts. L'émission la plus longue dure 15 minutes. Vous avez aussi les grandes semaines.
Une par exemple au Maghreb, une en Afrique, une autre aux Etats-Unis, en Asie. Vous avez des magazines qui traitent d'Internet. Nous avons, aujourd'hui, une chronique sur la campagne présidentielle française, chaque jour en six minutes, des magazines sur la santé, l'environnement, tout ce qui peut permettre à mieux comprendre le monde...


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