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Les «gisements» du Gspc-Al Qaîda
CES QUARTIERS OUBLIES DEVENUS RESERVOIRS DU TERRORISME
Publié dans L'Expression le 26 - 04 - 2007

Plus que la religion, le désespoir reste la première matrice du terrorisme islamiste en Algérie.
La réflexion sécuritaire post-11 avril continue d'agiter les hauts responsables des services de sécurité: quelle est la solution, ou les solutions, après près d'un quart de siècle de lutte antiterroriste? Du tout-sécuritaire au tout-préventif, en passant par le tout-répressif, la concorde civile et la réconciliation nationale, on aura tout essayé. Pour peu qu'on oublie les formulations d'usage dans le marketing politique, du genre «terrorisme résiduel», on a, en face, un problème qui n'en finit pas de grossir, de s'élever, en techniques et en niveau, de sorte qu'aujour-d'hui, les chefs du GIA ne sont qu'une piètre copie des chefs actuels du Gspc-Al Qaîda.
Mais c'est surtout les nouveaux «modus operandi» des groupes armés qui font peur. Que peut-on contre un kamikaze? Même le ministre de l'Intérieur a essayé de minimiser l'onde de choc qui a touché tous les responsables de la sécurité intérieure en écartant -maladroitement- la thèse de l'attentat suicide, alors que tout, pratiquement tout, corrobore l'adoption par la branche-mère Al Qaîda, et au niveau planétaire, de ce mode opératoire. Au Maroc, en Algérie, en Indonésie, en Irak, en Turquie, à Madrid et à Londres, nous avons vu ces attaques suicide en action, et il serait vain et dangereux à la fois de faire comme s'il s'agissait d'un acte isolé d'un marginal ou d'une attaque qui ne se répéterait plus.
Zones-crise
La grande force du Gspc aujourd'hui, est de recruter dans les zones-crise, les zones-grises et les bas-fonds des quartiers populaires, où les marginaux et les laissés-pour-compte peuvent se changer en un rien de temps en une incontrôlable bombe humaine. L'avantage du Gspc par rapport au langage officiel est d'user de procédés simples et efficaces: l'Etat licencie, le Gspc recrute, l'Etat ne paie pas, le Gspc paie cash. Aux dernières statistiques -non officielles, bien sûr- il y a entre 15.000 et 20.000 qui n'auraient pas perçu leurs salaires depuis le mois de janvier 2007.
Les vendeurs à la sauvette ont été «délocalisés» des rues et ruelles où ils vendaient depuis toujours leurs produits de fortune. Cela avait créé des tensions énormes entre les APC et les vendeurs des quartiers populaires ambulants, ce qui avait souvent poussé les responsables communaux ou la wilaya à demander la réquisition de la force publique. La police, au bout de la chaîne sécuritaire, était obligée, à son corps défendant, d'user de moyens forts pour «nettoyer» les places et les rues de la commune.
Un responsable de la Bmpj d'un quartier populaire et «à risque» nous confiait avec amertume: «Tout est train de retomber sur nous. Les jeunes que nous sommes en train de chasser de leurs quartiers à coups de pied peuvent, par conviction ou par vengeance, intégrer le premier groupe armé qui leur propose argent et de quoi organiser leurs propres représailles. J'ai dit au maire de ce quartier qu'il faut qu'il propose aux jeunes un espace de vente au moins hebdomadaire à défaut de les laisser occuper illégalement les rues. Mais il semble qu'en ce moment, tout le monde est occupé à faire de la politique...»
Et justement, le jeune kamikaze qui a désintégré le Palais du gouvernement était un vendeur ambulant, qui, au gré des «descentes» policières, vendait de la tomate, de la sardine, ou s'abstenait de faire sortir sa marchandise...
Lorsqu'au lendemain des attaques du 11 avril, nous avions rendu visite à sa famille, la situation sociale dans laquelle tout le monde vivait, augurait déjà des germes vindicatifs qui se profilaient chez le jeune garçon harcelé entre une famille «aux quatre vents» et une police qui faisait son travail sans merci. Entre les deux, les élus locaux, la wilaya, les instances politiques n'ont pas fonctionné.
Son grand-père, septuagénaire tranquille, n'était pourtant pas fataliste: «Oui, il vivait ici, tranquille et sans histoire, il aidait son père et sa famille avec ce qu'il pouvait vendre quotidiennement de sardines ou de tomates.» Ses amis du quartier du «lot A» de La Montagne, le populaire «Haî al-Jabal» (d'ou il tirera son nom de guerre «Mouadh Ibnou Jabal»), ne donnent pas l'air d'être étonnés de l'acte de cet enfant du quartier. «Oui, il vendait ses tomates ici, au lot A. C'est sur ce côté de la chaussée qu'on exposait nos tables. La plupart du temps, Merouane vendait des tomates, mais il lui arrivait de trouver les marchés de gros de Bougara et des Eucalyptus saturés, vides, chers ou encombrés, alors on se rabattait sur la sardine de Zemmouri, qu'on vendait entre 100 et 140DA le kilo».
Face au «lot A», un commerçant, un homme d'âge mûr, nous disait: «Il vendait ici ses tomates ou ses sardines, et venait souvent acheter chez moi des sachets en plastique dans lesquels il emballait sa marchandise.» Son geste? «Je n'en reviens pas. C'est nouveau, ces attentats kamikazes. C'était un garçon rangé depuis qu'il a commencé à faire la prière, il y a une année, mais ce n'était pas un fanatique. Plutôt gentil et ouvert que renfermé. Mais qu'est-ce qui s'est passé dans sa tête? Je ne saurais le dire. J'ai vu qu'il fréquentait les mosquées, ne ratait plus ses heures de prière, mais de là à s'attendre à le voir s'en aller, se faire sauter...»
«Le second kamikaze semble être un garçon de Boubsila, un autre quartier de Bachdjarah. C'est un ami de Merouane», nous avait dit un jeune, ami de Merouane, et qui semble bien le connaître. Portant barbe et kamis, il jette des regards furtifs à gauche et à droite: «La police a fait une descente ici dans ´´la Place´´ de la Montagne et a embarqué beaucoup de jeunes barbus pour vérification.»
Le troisième élément qui se cache derrière le trio de kamikazes du Gspc-Al Qaîda serait un jeune de Baraki. Il y a quelques jours, une bombe avait explosé dans une caserne située dans cet ancien fief du GIA. Les investigations menées alors, ont abouti chez un jeune activiste de la ville.
La descente inopinée opérée chez lui, il y a une semaine, n'a rien donné, mais avait permis de trouver un numéro de châssis détaché au chalumeau, afin de ne pas donner d'indication sur la voiture. Aujourd'hui, les services spéciaux penchent pour cette thèse qui accrédite son implication dans les attentats suicide du 11 avril.
Le trio, sur lequel avait misé le Gspc Al Qaîda, Mouadh Ibn Jabal, Zoheir Abou Sadjida et Abou Doudjane, avait, délibérément, choisi un aller simple vers la mort. Leurs quartiers, qui sont à l'opposé de l'opulence économique du pays, les avaient préparés à l'autodestruction.
Les limites de la force
Le plus grand souci des services de sécurité aujourd'hui, reste la gestion spécifique des zones-crise, gestion qui dépasse de loin la seule option militaire pour brasser les aspects sociaux, économiques et culturels. La capitale ne se gère pas comme la région kabyle, ni celle des Touareg, ni celle des Ouled Naïl.
Un officier de l'Armée d'une zone opérationnelle est fatigué des plans de sécurité: «Je suis un militaire, je m'occupe de l'aspect militaire. Au gouvernement, chargé de mettre en place des procédures adéquates, une relance économique efficiente, un plan d'action afférent aux assemblées nationales, chargées de légiférer et de trouver les alternatives politiques, de trouver donc les solutions non militaires.»
Voilà, donc, lancé le grand débat: la lutte antiterroriste en Algérie implique quelles institutions et intéresse quels secteurs?
En fait, il n'y a qu'à voir les zones, crises et leur rôle dans la création et le maintien en l'état des tensions, des turbulences, et donc, de la violence, pour se rendre compte que ces viviers produisent à l'excès, les formes de violence que les référents doctrinaux du Gspc tentent de légitimer en les faisant habiller d'un extraordinaire emballage religieux. C'est la «terreur sacrée» mise à portée de main. Les formes et les habillages de ces formes de violence importent moins que le fond du problème et qui, lui seul, est le véritable détonateur.
Les mêmes zones-crise qui ont, hier, généré la violence, continuent aujourd'hui, à être autant de points où la tension, les turbulences et les violences sont les maîtres-mots. De Mustafa Bouyali à Abdelhaq Layada, puis à Abdelmalek Deroukdel (1982, 1992, 2007), ce sont toujours les régions de Tablat, Boufarik, Baraki, Benghazi, Bougara, Oued Ouchaih, El Harrach, Laghouazi, Léveilley, Meftah, Dergana, Benzarga, Bab El Oued, Belcourt, Boufarik, etc. qui constituent le même péril aux yeux des services de sécurité.
Les derniers attentats de l'année 2004, perpétrés à «Hamoul» (Bougara), ont été l'oeuvre du GIA, et nous ont amenés à faire, récemment, un constat affligeant sur cette localité délabrée et qui reste un «vivier majeur» pour générer toute sorte de radicaux, la religion ne constituant qu'un habillage justifiant la prise d'armes.
Belaouadi, entre Baraki et Larbaâ, est aussi un cas type. Ce village du bout du monde, situé à trente minutes d'Alger, donne le tournis. Des cubes de ciment forment le village, et au-delà, les vergers s'étendent à perte de vue. A côté, Gaïd Gacem, Ouled Allel, Sidi Moussa, Bouinan et Tabaïnet sont encore là, pour rappeler que c'est ici, principalement, qu'éclate la violence, à la périphérie des villes, et en l'absence de toute perspective sociale ou économique et de tout repère culturel. Ce n'est quand même pas là que naîtront des philanthropes et des peacemakers, peut-on constater.
Aujourd'hui, à la lumière des réflexions post-11 avril, il serait tout à fait nécessaire de voir où les choses «disjonctent» pour que l'Algérien tout à fait ordinaire se transforme en bombe humaine ou en criminel irréductible.
L'Algérie n'est pas les Etats-Unis. La stratégie élaborée de l'islamisme dans le pays des droits de l'Homme ne s'applique pas à notre pays, où l'Islam émaille le quotidien des gens. Entre le musulman et l'islamiste, l'espace est si infime qu'il faudrait peut-être commencer à lorgner du côté de Sahel Bouberak, Laghouazi, Hamoul, Belaouadi, Oued Djer, Boumedfaâ et Les Eucalyptus, où vivent ces jeunes desperados, entassés les uns sur les autres, en marge de la société des nantis, pour comprendre ce qui échappe encore aux concepteurs d'une lutte politique contre les groupes armés. Horizons obstrués. Perspectives nulles et une jeunesse désespérée. Le double attentat-suicide qui a touché au coeur le pouvoir algérien, indique bel et bien que tous les ingrédients d'une déflagration étaient réunis.
Florence Baugé faisait, récemment, ce constat amère: «Le ressentiment et la frustration grandissent. Il n'existe pas, en Algérie, de relations de confiance entre gouvernants et gouvernés. Les uns et les autres s'observent - de loin - avec méfiance. C'est la règle du chacun pour soi. Les uns, pour le meilleur, les autres, pour le pire. Pas étonnant, dans ces conditions, que ceux qui sont au bas de l'échelle lorgnent, tôt ou tard, du côté des islamistes extrémistes. Qu'ont-ils à perdre? Dans ce terreau, jeune et prêt à tout, le Gspc et Al Qaida ont de quoi puiser. Le gisement n'est pas près de tarir...» Plus que tout, le désespoir reste la première matrice du terrorisme islamiste en Algérie. Ce sont là, dans une large mesure, ses racines. Auxquelles il faut s'attaquer.


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