Mamo, pour les intimes, est un modèle pour beaucoup de jeunes. D'aucuns devraient en prendre exemple... Mohamed Yargui est un garçon qui en veut! Son acharnement et sa persévérance ont payé. C'est devant un parterre d'amis, de gens de la profession et notamment de ses potes de Béjaïa, qui ont toujours cru en lui, qu'a été projeté Houria. Moment de retrouvailles et de félicitations. Cela fait des années que Mohamed scande haut et fort, qu'il veut faire des films, suit avec assiduité des ateliers d'écriture cinématographiques pour apprendre le métier et affûter ses armes. De la théorie à la pratique, il y aura un long chemin que Mamo traversera patiemment mais sûrement. Lundi soir, à la salle Ibn Zeydoun, nous avons eu droit à la projection de son second court métrage, Houria, un drame psychologique et social qui raconte le tragique destin d'une femme violée à l'âge de 23 ans et qui revient des années plus tard chez sa famille avec le fantôme de son agresseur la poursuivant là où elle passe... Chez ses parents, installés à Béjaïa qui avaient fui le déshonneur et la honte, Houria, campée par la comédienne Rania Serouti, commence à retrouver goût à la vie. Mais un jour, elle rencontre, par hasard, son violeur sous les traits d'un herboriste. Cette rencontre inattendue fait rejaillir ses tourments et l'entraîne dans une spirale de peur et de détresse. Houria décide alors de dénoncer son bourreau. Elle se heurte alors à sa propre soeur, alias Lynda Selam qui, pensant préserver l'honneur et la réputation familiale, s'oppose à sa décision. Le trouble s'installe dans la tête fragile de Houria qui décide de se venger et tuer son agresseur avant qu'il ne recommence, imagine-t-elle...Mais dans le train, elle croit encore voir son agresseur. Une image qui l'accompagnera toujours. Et celui qu'elle a tué, alors est-ce lui l'agresseur? Ayant le don d'émouvoir, Mohamed Yargui a su encore nous toucher par une histoire qui tire son essence du terreau social avec simplicité et éloquence. Une cohérence du sujet qui n'occultera pas toutefois, les quelques lourdeurs langagières qui rappellent les complaintes souvent sirupeuses des feuilletons télé. Une démarche qui trouverait peut-être sa raison d'être dans le suggestif, plus que dans le verbe, Mohamed Yargui ayant axé le visuel sur les plans serrés des visages pour mieux faire parler l'émotion, qu'elle soit de la peur, de la tristesse, de la détresse, de la haine ou de la violence... Réalisé dans le cadre de «Alger Capitale de la culture arabe 2007», ce court métrage de 26 minutes et produit par Mounès Khammar (Saphina Production), Houria est la première production nationale tournée en haute définition (HD). Fort de son succès lors du dernier festival du film amazigh qui s'est tenu le mois de janvier dernier à Tlemcen, en obtenant l'Olivier d'or du meilleur film dans la catégorie fiction Ad-t-bin tafat, Mohamed Yargui ne s'était pas monté la tête pour autant. Il se lancera immédiatement après dans cette nouvelle aventure qui le passionne tant, loin de se suffire de ce petit moment de gloire, même justifié...Mamo, pour les intimes, est aussi un modèle pour beaucoup de jeunes. D'aucuns devraient en prendre exemple...