«Pour atteindre cet objectif, il ne faut pas pratiquer uniquement la culture de la danse et de l'événementiel, sinon la culture sera toujours réduite à néant» A l'occasion de la Journée nationale de la poésie, coïncidant avec le 17 août de chaque année, l'association des poètes et hommes de lettres, El Fikr Oua El Adab, a organisé jeudi, en collaboration avec la direction de la culture de la wilaya de Blida, au niveau de la médiathèque les Rosiers, une journée «poétique» pour rendre hommage aux gens de la plume. Dans un discours prononcé à l'occasion, le premier responsable du secteur de la culture de Blida, M.Samadi Mohamed-El Aïd, a tout d'abord évoqué le 30e anniversaire de la mort du poète de la Révolution nationale, en l'occurrence Moufdi Zakaria, et qui demeure l'un des poètes les plus connus d'Algérie. Et dans le but de suivre les traces de nos aînés qui ont fait de la culture une véritable cause, M.Samadi insista sur la nécessité d'assainir la culture à Blida qui est «gangrenée» par des pseudo-artistes et hommes de lettres et culture, lesquels gèrent le secteur en faisant du business. «La culture à Blida mérite mieux et il faut la mobilisation de tous ceux qui veulent y apporter un plus pour qu'elle soit sauvée des businessmans et ceux qui ont l'esprit archaïque. Heureusement que les potentialités humaines sont là pour nous aider dans notre mission», dira-t-il aux assistants tout en rappelant que la wilaya de Blida manque d'infrastructures vitales pour le secteur de la culture comme les établissements à caractère culturel, club de l'artiste, théâtre, salles de spectacle, institut de musique et des beaux-arts... «Je vous annonce néanmoins que la salle Mitidja de Boufarik, ex-Colisée, sera réaménagée en théâtre», renchérit-il, voulant rassurer les amateurs de cet art et les troupes théâtrales qu'un lieu leur sera réservé tout en voulant relever le défi de donner à la ville des Roses une renommée maghrébine et arabe. «Pour atteindre cet objectif, il ne faut pas pratiquer uniquement la culture de la danse et de l'événementiel, sinon la culture sera toujours réduite à néant», rappellera-t-il et d'ajouter: «Certaines associations activent seulement 3 heures par an et ne cessent de demander des subventions. On se verra dans l'obligation de retirer les agréments à celles qui n'apportent rien», menace-t-il, en informant le public présent que 2008 sera l'année du «développement» culturel à Blida. Par ailleurs, la commission d'évaluation des meilleures oeuvres littéraires a sélectionné 4 poètes à honorer à l'occasion de leur journée. Ahmed Benarbia était le premier à l'être et faire face aux flashs des appareils photo afin de perpétuer cet événement, ô combien historique pour ces «lauréats». Poète et écrivain dans les deux langues, ce dernier a récité à l'occasion un poème glorifiant l'histoire de l'Algérie et ses nombreux héros en passant de l'Emir Abdelkader aux figures emblématiques de la Révolution de 1954, et ce, tout en bannissant les actes barbares des Français. Le deuxième a voulu être plus généreux en rendant hommage aux principales têtes de l'association El Fikr Oua El Adeb suite au travail qu'elle a entrepris pour la redynamisation de la culture à Blida. Une fois son intervention terminée, M. Boudjella Djeloul, car c'est de lui qu'il s'agit, a montré sa totale satisfaction pour l'initiative relative à la commémoration des poètes à l'occasion de leur Journée. Ecrivain et poète de longue date, il a derrière lui plusieurs articles et contributions dans les colonnes des journaux et dans la presse spécialisée. «Cela nous a fait plaisir de monter sur scène pour nous exprimer. Depuis 10 ans, je n'ai pas fait une pareille apparition en public vu que la situation du secteur de la culture était dans un état lamentable», nous dira-t-il sur un ton optimisme Entre-temps, on n'a pas cessé d'inviter les poètes et écrivains, et dans différentes langues s'il vous plaît (arabe, français, tamazight et anglais) à se présenter au niveau de la direction de la culture de Blida pour déposer tout document relatif à leur carrière afin que chacun d'entre eux puisse avoir un fichier bien étoffé et actualisé. L'utilisation de plusieurs langues et dialectes, visait à montrer que l'association est ouverte à tous les créateurs, sans exception. Le grand Bendiab, poète et écrivain ayant produit des émissions à la Radio nationale pendant plusieurs années, a été honoré en son absence vu son âge avancé, 93 ans. C'est sa femme, âgée de 82 ans, qui a reçu la distinction. C'était aussi une occasion pour ceux qui étaient présents de la saluer et de dire pour la énième fois, «Derrière chaque grand homme, il y a une femme». Une vérité «immuable». Ce natif de Biskra ayant appris le Coran dès son jeune âge avant de rejoindre la Zitouna de Tunis, s'est consacré durant sa carrière à l'enseignement en parcourant plusieurs villes d'Algérie avant de s'installer définitivement à Blida à partir de 1965, où il donnait des cours d'arabe au lycée El Feth. Sa renommée a dépassé les frontières nationales en publiant des contributions dans la presse étrangère. Il a formé des générations, lesquelles évoquent toujours avec plaisir son dévouement extrême pour la science en refusant les postes de responsabilité car d'après lui cela constitue un handicap à la recherche et au savoir. «Mon plaisir est de transmettre le savoir aux jeunes, et non autre chose» son slogan durant toute sa carrière. Mahfoudh Benayachi, poète bilingue et homme de théâtre honoré, a fait vibrer la salle avec un texte en arabe dialectal évoquant d'une manière indirecte notre terre et notre patrimoine. Il abordé son amour pour une certaine Khdaoudj, à laquelle il vouait une extrême fidélité. Le choix de ce nom n'était pas donc fortuit puisqu'il symbolise son rattachement à notre histoire et à nos traditions. Un message total qu'il voulait à tout prix lancer aux assistants qui semblaient «réagir» à cette histoire de Khdaoudj. Les jeunes talents venus des wilayas limitrophes pour «exhiber» leurs «mots» et «verbes» ont, quant à eux, lancé à travers des poèmes, des messages crus, moins «politisés» en évoquant les «faiblesses» des régimes arabes face à une «hogra» émanant du plus fort. Enfn, la journée du jeudi a été agréable et surtout une véritable bouffée d'oxygène pour des créateurs qui étaient, pendant longtemps, «privés d'air».