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L'Algérie s'ennuie
Publié dans L'Expression le 08 - 03 - 2008

Mais où sont passés nos députés? J'ai vu, ce jeudi, au JT de vingt heures, le ministre du Travail présenter, à l'APN, un projet de loi devant une Assemblée plus que clairsemée. Si j'ai bien compté, les députés présents ne dépasseraient pas, en tout et pour tout, le nombre de passagers d'un minibus en partance à une heure creuse de la journée. Sur le perchoir, il n'y avait point de président, à moins qu'il ne soit, tout de même, lui le troisième personnage de l'Etat, retenu pour quelque cas de force majeure.
Cette poignée de députés a eu quand même la main heureuse. Elle a croisé le fer vaillamment avec le ministre sur la question vitale du pouvoir d'achat. Simple question de bon sens: comment nos députés ont préféré le confort de leur demeure à la mission pour laquelle ils ont été élus? Exiger du gouvernement qu'il donne des explications sur l'augmentation du prix du pain, du lait et de l'huile ne devrait-il pas être la principale préoccupation d'un élu du peuple? Pourtant, ces absents savaient qu'il y aurait, ce jeudi, un débat avec le gouvernement sur la cherté de la vie. On pourrait même les accuser d'absence préméditée.
Le Parlement de la République algérienne démocratique et populaire, élu au forceps, en avril dernier, à quelque 37% des voix par le suffrage universel, se réduisait, en ce jeudi d'hiver tardif, comme une peau de chagrin devant le zoom des caméras de la télévision, dont les journalistes, il faut s'en féliciter, ont fait oeuvre de salubrité publique en dénonçant ce qu'on peut appeler un vrai outrage à toute la République. Mais qui a bien pu pousser les «honorables représentants du peuple» à déserter, en force, les travées de l'Assemblée? L'ennui de débattre? Ou celui de légiférer?
Aujourd'hui, l'absentéisme est une maladie qui est à l'origine de presque tous les dysfonctionnements de nos institutions. Qui n'a pas surpris un employé, un responsable, disparaître physiquement de son bureau des heures durant, en laissant son veston trôner sur le dossier de sa chaise?
N'y a-t-il pas vacance de l'Etat, chaque fois qu'un de ses fonctionnaires n'assume pas les tâches pour lesquelles il a été nommé? Et quelquefois par décret. C'est-à-dire par le président de la République lui-même.
Au moins 80% de «nos» députés ont fait le choix de rester chez eux au chaud, par ce temps de chien. Qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige. Leur alibi, s'il y en a un, ne tiendrait qu'à ce triptyque capricieux et sordide de la météo? Se faire payer à 15 ou 20 millions de centimes chaque mois, selon que l'on soit député, président de commission ou chef de groupe parlementaire, et déserter le «front parlementaire», si l'on peut appeler comme ça une chambre d'enregistrement, équivaudrait, dans une entreprise commerciale qui se respecte, à de l'abus de biens sociaux.
Que reste-t-il donc de crédibilité à des députés d'une Assemblée nationale, déjà mal intronisée parce que mal élue au départ, que certains de leurs détracteurs ravalent, par pure méchanceté ou par bienveillance politique, à des «béni-oui-oui» et qui se permettaient de soulever, en catimini, en ces temps de grogne sociale, à l'occasion du vote de la loi de finances 2008, la question de la révision de leurs salaires?
N'avons-nous pas le droit, mais aussi le devoir en tant que citoyens de ce pays de demander des comptes sur l'utilisation abusive qui est faite de l'argent du contribuable?
Lors de sa dernière sortie médiatique, M.Ziari, le président de l'APN, a annoncé qu'il était en pourparlers avec le directeur général de l'Entv, pour la création d'une chaîne parlementaire. Voilà une idée géniale qui permettrait aux Algériens d'avoir à l'oeil leurs députés et de noter leur assiduité aux débats de l'Assemblée. Une caméra braquée sur chaque carré de députés serait certainement la seule riposte républicaine à apporter à ceux qui seraient tentés par le démon de l'«école buissonnière». Les Algériens n'avaient-ils pas relevé, il y a quelques années, qu'un député, leader d'un parti qui se prenait pour un parangon de vertu, n'avait pris part, tout compte fait, qu'à deux ou trois séances de débats, durant toute une législature, et cela sans ouvrir une seule fois la bouche? L'Assemblée nationale est-elle devenue à ce point un vrai purgatoire où l'on s'ennuierait à mourir pour que l'on ne daigne même pas faire de la figuration, durant une heure par quinzaine, à 180 millions de centimes l'année? Soit 900 millions en cinq ans avec l'immunité parlementaire en prime! Même une star de cinéma ne répugnerait pas à toucher un pactole aussi alléchant pour un rôle de simple figurant.
Il est bien vrai que le silence paie. Mais à ce prix, il dépasse toutes les bornes que la logique humaine autoriserait. Eh bien! sachez que cet honorable représentant du peuple, qui a refait surface grâce au miracle démocratique des dernières législatives, on ne l'a vu qu'une seule fois depuis.
Les Algériens, ayant élu cette engeance de députés fantômes, sont les gogos qui paient aujourd'hui la facture. Elle coûte très cher au Trésor public. Et l'on feint de s'interroger aujourd'hui pourquoi l'opposition est devenue subitement aphone. Je vous disais bien que le silence a un prix.
Alors que la situation paraît «plombée» sur les plans social et économique, nos députés ferment les yeux et se bouchent les oreilles. Le phénomène des «harragas», qui sont une honte nationale pour un pays aussi riche que le nôtre, les grèves des fonctionnaires, le renchérissement des produits de première nécessité, l'état délabré de notre système sanitaire, sans compter le fléau croissant de la corruption, enfin toute cette misère qui gangrène l'Algérie de 2008 ne constitue-t-elle pas, hélas, un motif suffisant pour exiger un débat avec le gouvernement? De grâce, n'enterrez pas l'Algérie.
Les électeurs sont suffisamment avertis, aujourd'hui, pour savoir que les députés qu'ils ont élus sont en train de se muer en barons de la République. Dans les monarchies des pétrodollars, ce sont les émirs qui font la loi. «Un prince qui peut faire ce qu'il veut est fou», disait Machiavel.
Peut-être qu'en gravant cet avertissement sur le fronton de l'APN, on en viendrait à corriger ses dérives et à sauver la République.


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