«Les pour et les contre se reconnaîtront...», avouera le réalisateur qui dit avoir interrogé ceux qui, peut-être, ont plus vécu cette situation de drame. «Comment veux -tu que tes enfants s'en souviennent si toi tu as oublié?», dit le comédien Sid Ali Kouiret dans ce feuilleton mélodramatique qui sera diffusé bientôt sur nos petits écrans, pendant le mois de Ramadhan. Il s'agit du nouveau feuilleton télé de Lamine Merbah qui traite de la situation politique actuelle de notre pays et pose la problématique de la Réconciliation nationale dans la réalité sociale de l'Algérie d'aujourd'hui. Son nom Darna Lekdima est une parabole sur la situation de l'Algérie avant la tragédie nationale et comment elle est devenue maintenant, où la traîtrise et la suspicion règnent en maître des lieux alors que le banditisme est légion. Quelques extraits ont été présentés, hier, à la presse à la faveur d'une rencontre avec le réalisateur, auteur et producteur exécutif de ce feuilleton qui comptera 15 épisodes et a duré huit mois en tout pour sa réalisation. Nous retrouvons au casting le grand Sid Ali Kouiret dans la peau du père pieux, Bahia Rachedi dans le rôle de la mère éplorée mais aussi Abdenour Chelouche, un ancien pauvre, sorti d'affaire, devenu acariâtre, allant jusqu'à répudier sa femme alias Nssima Shems qui a déjà excellé dans le rôle de la femme marginale dans L'envers du miroir de Nadia Labidi Cherabi, Mustapha Laribi dans un rôle qui lui sied, celui d'un ancien terroriste ayant déposé les armes après avoir suivi les conseils d'un bandit véreux qui s'est enrichi grâce à l'argent du banditisme, profitant de la loi du «Ouiem» et en envoyant les jeunes désoeuvrés tuer et voler pour son compte. Autres visages nouveaux, la jeune Sarah Reguigue (découverte et repérée dans le téléfilm de Fatima Belhadj, Mel Ouatni, puis dans l'excellent film de Lyes Salem Mascarades), sans oublier Bendaoud Mohamed Seghir que nous retrouvons encore une fois dans le rôle d'un handicapé (la Dernière solution de Rachid Benallal), et aveugle après avoir marché sur une bombe au marché...,le réalisateur explique sa démarche: «J'ai mis dans ce feuilleton ce que j'ai cru comprendre et ressenti surtout de ce concept de Réconciliation nationale, d'autant plus après avoir pris l'avis des gens qui l'ont peut être vécu plus que moi. Comme tout le monde le sait, il y a les pour et les contre. Je ne me suis pas arrêté là mais j'ai voulu expliquer le pourquoi, avec à chacun ses arguments. Je n'ai pas de message précis à transmettre. En tant que citoyen et membre de cette société, j'ai voulu exprimer ce qui se passe, par le biais de la caméra.». M.Lamine Merbah fera remarquer qu'il s'intéresse à tous les sujets brûlants, à l'image de la presse et qu'il est temps de faire face à l'hégémonie turque en produisant plus de feuilletons algériens eu égard à la présence, selon lui, des moyens techniques et humains pour aborder des sujets qui interpellent le grand public. «Je ne pense pas qu'il y ait une moralité. Je pense avoir mis dedans ce que les Algériens perçoivent de cette Réconciliation, que ce soit les pour ou les contre. Ce n'est pas à moi de trancher.» De son côté, l'acteur et homme de théâtre Sid Ali Kouiret reconnaîtra les quelques lenteurs et lourdeurs dans les séquences qui ont émaillé ce feuilleton qui gagnerait, selon lui, à être élagué: «Les comédiens se basaient beaucoup plus sur le texte, or par moment, il est nécessaire de s'exprimer à travers ses sentiments...Toujours est -il, cela m'a plu. Moi, vous savez, j'investis chaque réplique. Ce n'est pas elle qui m'investit. Ceci est le talent et il ne vient pas grâce à la formation. Je n y crois pas. La musique par contre est très belle!» Et de dire un peu dépité: «Ne me demandez pas mon avis sur la question. Bien sûr la Réconciliation n'a pas tout apporté... Avec ce qui s'est passé dernièrement, on se dit qu'elle n'a pas donné les fruits escomptés. Mais c'est une politique et nous sommes des comédiens», avouera l'incarnation de Omar mout wakef...
