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Amour et malédiction
CE QUE LE JOUR DOIT À LA NUIT DE YASMINA KHADRA
Publié dans L'Expression le 20 - 10 - 2008

Dans son nouveau roman, l'écrivain Yasmina Khadra fait preuve d'une imagination foisonnante.
Il n'est pas totalement exclu qu'il y ait, dans ce roman-fleuve, des passages inspirés de la réalité, notamment les passages historiques, à l'exemple de celui inhérent aux événements tragiques du 8 Mai 1945, ayant ébranlé l'oncle paternel du personnage principal. Il y a aussi les endroits que décrit Yasmina Khadra avec une précision digne d'un grand écrivain.
Des quartiers connus de la ville d'Oran servent de décor à plusieurs scènes du roman et Yasmina Khadra a eu raison de dire et de répéter que son nouveau roman est celui qu'il rêvait d'écrire depuis au moins vingt ans. D'abord, c'est la première fois que cet écrivain prolifique signe un livre dont la trame s'étale sur plus d'un demi-siècle.
Des passages du roman sont franchement émouvants à telle enseigne que le lecteur est parfois obligé d'interrompre la lecture pour relire certaines lignes.
En page 61, on s'arrête pour déguster un poème d'amour où, en dix lignes, le romancier décrit tout ce qu'un coeur ne peut pas exprimer: «Qu'est-ce que vivre mon amour, quand toute chose en ce monde, me raconte ton absence?» Ce que le jour doit à la nuit est, avant tout, un roman de la douleur. Un livre sur l'enfance sans enfance. Younès est entré dans la vie par la vallée des larmes. Une malédiction s'abat sur sa famille dès qu'il commence à regarder la vie avec les yeux de l'enfance. Les malheurs se succèdent. Younès ne comprend rien. Il assiste impuissant au défilé des maux.
Le premier malheur est un incendie géant qui emporte tous les biens de la famille à trois jours de la moisson: «Un souffle de la rédemption.» Le feu ruine la petite famille de Younès qui revient à la case départ.
Le père du môme est un homme qui a la dignité à fleur de peau. Crever de faim plutôt que de faire la courbette. Après ce drame, il décide de déguerpir. En compagnie des siens, il quitte le village de ses aïeux et rejoint la grande ville d'Oran où son frère, instruit et marié à une Française, est propriétaire d'une pharmacie.
Un luxe à l'époque. L'aide de ce dernier est donc indispensable au frère déchu. Ce dernier tient énormément à son amour-propre. Il refuse l'argent. Juste un coup de main pour trouver un logis. Mais la vie d'un paysan candide s'avère très difficile en ville où la ruse est la première règle de conduite.
Le petit Younès est très proche de son père. Il est le témoin de sa misère et de son incapacité à s'accrocher à la vie citadine en dépit d'une volonté coriace et d'un personnalité inébranlable.
Mais être trop naïf est un handicap insurmontable qui rend toute entreprise impossible. C'est pourquoi le père de Younès finit mal. Non seulement il peine à dénicher un emploi qui lui permettrait de nourrir sa progéniture mais il sombre aussi dans le désespoir et dans un profonde mélancolie.
Cette dernière le conduit vers l'éthylisme. Un jour, il est vu par Younès au moment où il peinait à se tenir debout car ayant trop bu.
Le regard de son fils, dans cet état, creuse encore davantage son affliction. Malheur sur malheur, il finit par commettre un crime.
Le père disparaît. Younès ne le revoit plus. Puis, c'est le tour de la mère et de la soeur de ne plus donner signe de vie. Younès est adopté par son oncle. Mais même ce dernier est touché par l'infortune. En narrant toutes ces difficultés de la vie, le romancier Yasmina Khadra ne manque pas d'incruster des notes d'espoir. Sont ainsi racontés avec un style limpide et des expressions attrayantes, les premiers coups de coeur de l'enfant devenu adolescent.
Aux amourettes fugaces, succède le grand amour, celui d'Emilie qui semble être le prétexte même du roman. Mais avant cela, l'auteur fait voyager le lecteur sur les premiers pas de l'apprentissage amoureux. Une étape indispensable où chaque regard est un poème, chaque parole est une chanson et chaque sourire est un baiser éthéré.
Yasmina Khadra va jusqu'à faire confondre le rêve et la réalité lorsqu'il s'agit de parler du premier flirt de cet homme de dix-sept ans. L'écrivain choque, par ailleurs, en faisant découvrir au lecteur que la jeune fille, la première qui a fait battre le coeur de Younès, est devenue une fille de joie, poussée par les affres de la pauvreté.
La ségrégation n'est pas en reste. Younès est témoin aussi de la discrimination entre autochtones et Français. Il vit ce racisme de façon plus cruelle que ses concitoyens puisque lui, il côtoie beaucoup les jeunes Français dont certains ne cessent de lui rappeler, à chaque fois que l'occasion leur est offerte, ses origines «inférieures». «Yasmina Khadra nous offre un grand roman de l'Algérie coloniale, une Algérie torrentielle, passionnée et douloureuse et éclaire d'un nouveau jour, dans une langue splendide et avec la générosité qu'on lui connaît, la dislocation atroce de deux communautés, amoureuses d'un même pays», note, à juste titre, l'éditeur de Yasmina Khadra. Rappelons que les romans de Yasmina Khadra sont traduits dans trente-quatre pays.


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