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Un DOYEN nommé MAHIOU
LE PLUS GRAND JURISTE ALGERIEN DE TOUS LES TEMPS HONORE
Publié dans L'Expression le 25 - 10 - 2009

ahmed Mahiou a été le rédacteur de la quasi-totalité des propositions officielles algériennes dans les conférences et forums internationaux.
Trois éminents juristes, le professeur Yadh Benachour (Tunisie), le professeur Rostane Mehdi (Algérie) et le Dr Jean Robert Henry, directeur de recherche au Cnrs (France) ont pris la salvatrice initiative (laquelle soit dit au passage n'a même pas été envisagée à Alger), d'honorer la fabuleuse carrière de A. Mahiou, ancien professeur à l'université d'Alger et à l'ENA, ancien membre de la Commission du droit international (institution sous les auspices des NU), juge ad hoc à la CIJ depuis 2002. Nous ne disposons pas ici de l'espace suffisant pour décliner, ne serait-ce que quelques travaux, publications et états de service de cet éminent juriste; tous réalisés pour le compte de l'Algérie et du système des NU. L'ouvrage qui l'honore est intitulé: Le débat juridique au Maghreb. De l'étatisme à l'Etat de droit, Publisud/Iremam, 2009, 403 pages.
Un grand serviteur de l'état
Les plus grands textes de droit, élaborés dans les années 1970, constituent la marque de fabrique du Doyen Mahiou, qu'il s'agisse de la Charte et de l'ordonnance portant Gestion socialiste des entreprises (1971), de la Charte et de l'ordonnance portant Révolution agraire(1971), ainsi que l'ensemble impressionnant de décrets d'application. Lorsque le chercheur se réfère aujourd'hui à ces textes, il ne peut qu'être frappé par leur concision, leur extrême rigueur, l'ordonnancement magistral de leur architecture. Il en est de même de la Charte nationale de 1976, de la Constitution du 28 novembre 1976 comme celle du 23 février 1989 à l'élaboration desquelles A. Mahiou a pris une part active, notamment en ce qui concerne les chapitres consacrés aux libertés individuelles et collectives. Il faut savoir que les seuls textes de droit algérien qui ne portent ni l'empreinte du droit français ni ne traduisent l'influence des textes juridiques des pays de l'ancienne Europe continentale et orientale sont dus au Doyen Mahiou; ils reflétaient à la fois la réalité sociologique du pays et se projetaient dans le seul avenir prévisible qu'il eût été raisonnable de concevoir: la consolidation d'un Etat aux institutions pérennes et au service du seul intérêt général.
Dans le domaine international, A. Mahiou a été le rédacteur de la quasi-totalité des propositions officielles algériennes dans les Conférences et forums internationaux, notamment de la troisième conférence des NU sur le droit de la mer, dans les années 1970, qui ont permis l'adoption de la Convention sur le Droit de la mer. Par ailleurs, il a marqué de son empreinte, depuis son entrée à la Commission du droit international, en 1982, tous les rapports de la Commission, qu'il s'agisse de celui sur les privilèges et immunités, celui sur la responsabilité internationale ou encore celui sur la répression des violations du droit de la guerre et du droit humanitaire.
Des dizaines de milliers d'Algériens ont été formés dans les facultés de droit d'Algérie par A. Mahiou. La quasi-totalité des mémoires de DES, de magister et de doctorats d'Etat ont été dirigés par lui. Nos plus éminents walis, directeurs centraux de ministères, directeurs généraux d'institutions publiques nationales, ambassadeurs, ministres et même Premier ministre, doivent leur science au Doyen Mahiou et gardent tous de lui un souvenir impérissable. Dans les années 2002- 2003, en sa qualité de directeur de recherche au Cnrs et d'ancien directeur général de l'Institut de recherche sur le monde arabe et musulman (Iremam), il a prodigué des conseils de premier ordre à l'institution militaire qui voulait s'ouvrir sur la société et inaugurer une ère de transparence sur son organisation, son fonctionnement et son activité.
Bien qu'il ait quitté l'Algérie en 1992, A. Mahiou a poursuivi régulièrement sa collaboration et mis ses compétences et son prodigieux savoir-faire pédagogique autant que managérial (car il a été sans conteste le meilleur doyen de la Faculté de droit d'Alger, le meilleur directeur de l'Iremam, le meilleur président de session de la CDI, etc.) au service de sa patrie. Il constitue, à bien des égards, une exception dans le monde universitaire algérien expatrié en France, puisqu'il n'a pas adopté la nationalité française; il n'en avait du reste pas besoin pour s'imposer dans un pays où il avait accompli l'essentiel de son cursus universitaire et qui constituait pour lui, sentimentalement, sa seconde patrie. Bien plus, à la différence de certains universitaires algériens (dont Ahmed Mahiou ne faisait pas partie) que le pouvoir avait comblés de ses bienfaits, avant qu'ils n'en viennent à le diaboliser, A. Mahiou n'a jamais mis en cause l'Etat algérien à l'étranger, prenant même sa défense au moment où ceux appointés pour le mettre hors de cause se dérobaient. C'est là un des grands mérites que l'Algérie officielle doit reconnaître à cette personnalité qui aurait pu aspirer à l'exercice des plus hautes fonctions dans l'appareil de l'Etat et qui aurait mérité, plus que tout autre (on songe ici en particulier à un ex-ministre des Affaires étrangères, qui a poignardé dans le dos l'Etat algérien, lequel n'a eu pourtant de cesse de l'honorer en lui confiant les plus hautes responsabilités), de diriger notre diplomatie. A tout le moins, A.Mahiou aurait-il pu présider la CDI, mais hélas, le soutien de l'Algérie officielle lui a mystérieusement fait défaut.
Un juriste d'exception
Ce qui fait la singularité du Doyen A. Mahiou tient à la circonstance qu'il s'agit d'un esprit universel, capable de maîtriser toutes les disciplines de la science juridique et de la science politique à égalité avec le professeur tunisien, Yadh Benachour: droit international (public et privé), droit de l'environnement, droit administratif, droit des investissements, droit constitutionnel, droit des sociétés, droit des biens, droit monétaire, science politique, sociologie politique et même économie politique. Il n'est pas un seul domaine des sciences sociales et humaines qui échappe à son érudition. Sa capacité de travail hors du commun, servie par une humilité profonde et une rectitude morale de type janséniste, lui vaudra bien des jalousies et bien des avanies de la part de son propre camp, de ceux dont c'était pourtant le devoir de le soutenir et de le défendre. Il n'est pas jusqu'à certains de ses collègues agrégés, qui le vitupéraient, sans cesse, mais en vain, auprès d'un public de gens avertis qui ne s'en laisseront pas conter et qui étaient conquis depuis longtemps par le rayonnement intellectuel et moral du maître.
Avec Yadh Benachour, A. Mahiou compte parmi les plus brillants experts du droit international du monde contemporain. Sa puissance et son ubiquité intellectuelles sont reconnues universellement. Rappelons pour mémoire, sa communication historique au Colloque d'Alger d'octobre 1976: «droit international et développement», intitulée: Les implications du Nouvel Ordre Economique en droit international, qui restera un morceau d'anthologie de la littérature juridique des années 1970. Mais beaucoup plus près de nous, il y a le cours général de droit international public, qu'il a donné, en 2008, à l'Académie de droit international de La Haye, devant des centaines d'auditeurs ébahis par l'audace de sa réflexion, la dialectique de son raisonnement et surtout cette capacité inédite à renouveler les problématiques d'une matière pourtant aussi vieille que l'âge des nations. Y.Benachour avait déjà ouvert la voie avec l'ouvrage le plus révolutionnariste et le plus érudit qui ait jamais encore été écrit sur le droit international: Le rôle des civilisations dans le système international. Droit et relations internationales, Bruylant, 2003, 324p.
Le pays ne parvient pas à honorer son élite
Le cas du Doyen, A. Mahiou est emblématique de l'incapacité de nos pouvoirs publics à apprécier à leur juste valeur nos meilleures compétences, désormais établies à l'extérieur, alors que nos frères tunisiens et marocains, tout en travaillant en étroite symbiose avec les chercheurs du monde entier, en se déplaçant très souvent à l'étranger, continuent de résider dans leur pays d'origine où ils jouissent d'une grande considération. Il a fallu attendre le 9 septembre 2009, pour qu'un décret présidentiel vienne mettre en place un Conseil consultatif de la communauté nationale à l'étranger, soit 30 ans après l'accélération de l'exode de nos compétences. Mieux vaut tard que jamais. Mais ce texte changera-t-il la donne? Si des universitaires de la trempe de A.Mahiou viennent régulièrement en Algérie, c'est parce qu'ils y ont conservé des attaches familiales; ensuite parce qu'ils sont portés par une foi qui n'est désormais l'apanage que d'une minorité d'expatriés, tant il est vrai que les membres de notre diaspora ont été recrus de promesses non tenues et d'engagements non respectés. S'il convient de se réjouir de la publication du décret précité, il est utile, d'ores et déjà, d'en assortir l'hypothétique application, des réserves suivantes:
1. le Conseil consultatif ne prend aucune décision, comme sa dénomination même l'indique. Il s'agit d'un espace de concertation, de dialogue et d'évaluation de questions relatives à la communauté nationale à l'étranger (article 3);
2. il a été certes créé en son sein une commission de la recherche scientifique et des compétences nationales à l'étranger, mais personne ne sait si cette commission pourra disposer d'un pouvoir d'initiative propre pour sélectionner par exemple les candidats algériens au retour;
3. en tout état de cause, le Conseil adresse un rapport annuel au président de la République dont, d'une part, les conclusions ne le lient pas, et d'autre part, même s'il était résolu à leur donner une traduction concrète, les différentes chaînes de commandement par lesquelles transiteraient ses décisions ne sont pas connues et leur efficacité non encore testée.
Cela fait donc beaucoup d'incertitudes que la volonté politique abstraite et souveraine ne peut lever à elle seule. Le président de la République est, semble-t-il, résolu à battre le rappel de notre diaspora. Mais il importe, avant tout, que l'Algérie se donne les moyens de devenir dans les années qui viennent une terre d'attraction, non pas seulement pour les investisseurs étrangers, mais pour l'ensemble des chercheurs, universitaires, cadres de haut niveau qui souhaitent y travailler, séjourner voire y résider dans des conditions comparables à celles des pays voisins frères qui doivent constituer un exemple pour l'Algérie.
Or, la situation actuelle de notre pays ne favorise pas une telle évolution. Dans le classement établi par le Forum mondial de la Compétitivité pour 2008-2009, sur 134 pays, l'Algérie est classée 102e pour l'enseignement supérieur, 132e pour le marché du travail et 114e pour la réactivité technologique. C'est assez dire les efforts que nos responsables, à tous les niveaux, se doivent d'entreprendre pour convaincre les Algériens de l'étranger, non point de rentrer au bercail (ne nous illusionnons pas!) mais de participer seulement aux différents projets scientifiques, techniques et culturels arrêtés dans le cadre du plan quinquennal (2009-2014). Mais bien des obstacles devront être levés: la bureaucratisation des procédures, l'hostilité d'une partie de l'élite locale à la venue des Algériens de la diaspora, l'inertie des structures en charge de la communauté algérienne à l'étranger, le sous- développement dramatique des TIC, l'absence totale de considération pour l'effort de recherche et d'innovation que pourtant poursuit avec force persévérance une minorité ignorée et marginalisée.
Le seul fait que le Doyen A.Mahiou ait été honoré de l'extérieur de l'Algérie, qu'à l'initiative de recueillir des études en son honneur, pas un seul universitaire de l'intérieur ne s'est associé, que la Faculté de droit d'Alger (une des plus médiocres du monde) n'y a pris aucune part, ne procède pas d'un effet du hasard. Reste, toutefois, une immense consolation: si le Maghreb des Etats est encore dans les limbes, celui des chercheurs et des universitaires est en marche et il a de très beaux jours devant lui.
(*) Professeur de droit
Ancien élève du Doyen Mahiou


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