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«Je suis quelqu'un de très engagé pour l'humanité»
ENTRETIEN AVEC LA COMEDIENNE PALESTINIENNE HIAM ABBAS
Publié dans L'Expression le 04 - 01 - 2010

«Chaque film est un voyage», confie la comédienne qui affirme être «passionnée» par son travail.
Hiam Abbas est une actrice, directrice d'acteurs, réalisatrice, productrice, écrivaine, scénariste et photographe arabo-israélienne. Issue d'une famille palestinienne originaire de Nazareth, ses parents étaient enseignants. Elle parle couramment l'arabe, l'hébreu, le français et l'anglais. Elle a étudié la photographie à Haïfa puis a rejoint la troupe de théâtre palestinienne d'El Hakawati. Elle est surtout connue pour ses rôles dans les films, Satin Rouge, Paradise Now, La Fiancée syrienne, Free Zone, Les Citronniers et The Visitor. Elle vit depuis de nombreuses années à Paris avec son mari, le comédien Zinedine Soualem, et leurs deux filles. Son parcours éclectique, exceptionnel dévoile de riches expériences cinématographique. Hiam Abbas ne boude pas les genres, mais va là où son coeur lui dit et où penche son humanisme profond. Son nom apparaît aussi dans le prochain film de Jim Jarmusch, The Limits of Control. Elle a joué dans plusieurs courts et moyen métrages et en a réalisé deux, à savoir Le Pain (2000) et La Danse éternelle (2003). Distinguée entre autres pour son rôle dans La Fiancée syrienne d'Eran Riklis (2004) et Les Citronniers du même réalisateur (2008), Hiam Abbas a une certaine aura que de rares personnes possèdent. Une finesse, un mystère et une intelligence qui font d'elle une grande actrice, belle et altière, dévouée comme jamais à son art, avec un talent et une sérénité insoupçonnés. Nous l'avons rencontrée au Festival international du film d'Amiens qui a eu lieu en novembre dernier. Elle s'est confiée à nous...
L'Expression: En regardant votre parcours, on constate que vous avez une filmographie bien diversifiée et avez joué dans peu de films palestiniens...
Hiam Abbas: Mon parcours a eu une tournure internationale, mais ce n'était pas un choix. En fait, j'habite Paris depuis 20 ans et je parle quatre langues ce qui me permet de jouer un peu partout mais je n'ai jamais refusé un rôle palestinien parce qu'il est palestinien. Il ne faut pas oublier que les films palestiniens, il n y en a pas beaucoup. Donc s'il y en a eu 10 en deux ans, il y en a au moins deux qui possèdent des personnages que moi je peux jouer et dans deux ou trois ans il y aura des films qui n ‘auront plus de personnages pour moi. Je ne vais pas jouer dans un film où je n‘ai rien à jouer.
Tout le monde a en tête cette image de vous dans le film Satin Rouge de Raja Amari. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce film?
Je crois que c'est l'histoire elle-même. C'est vraiment l'histoire de cette femme qui m'a beaucoup touché. Son parcours et comment elle est dépassée par les événements et se dépasse elle même finalement. C'est surtout parce que c'est un film qui traite de la femme dans une société arabe.
C'est un film qui va jusqu'au bout des désirs féminins. C'est un film sur le corps, sur la découverte de soi-même, en fait. Et quand on est femme, bien sûr les difficultés sont multiples. Le fait qu'on soit femme dans une société traditionnelle, du coup le parcours est des plus intéressants, car il est plein d'obstacles.
Vous avez été conseillère de Steven Spielberg dans le film Munich, en 2005. Pourriez-vous parler de cette rencontre et/ou expérience?
Oui. On m'a fait lire d'abord le scénario, par la suite on m'a proposé un petit rôle et après on m'a demandé d'être coach pour préparer certaines scènes avec les comédiens palestiniens.
Ensuite Steven Spielberg m'a demandé de le faire, autant pour les comédiens qui devaient jouer le rôle d'Israéliens. Je crois, qu'à un certain moment, suite à ma rencontre avec lui sur le plateau de tournage, il a pensé que je pouvais apporter une connaissance de ce coin du monde que peut-être beaucoup de gens ne comprennent pas dans la finalité, les détails et les différences qui peuvent exister entre un Palestinien de Ghaza, un Palestinien de la Cisjordanie, et un autre d'Israël, entre un juif israélien et un autre d'origine arabe, il y avait beaucoup de choses dans lesquelles j'étais impliquée, à chercher, à donner mon avis..
Vous avez aussi joué dans un film de Boualem Gerdjou, Vivre au Paradis, Noce en Galilée de Michel Khleifi, vous avez prêté votre voix à la nourrice dans Azur et Asmar. Comment parvenez-vous à jongler entre un registre et un autre?
Je crois que c'est le voyage d'un comédien. Il ne faut pas être enfermé dans un truc ou un autre. Comment me définir? Je ne sais pas...Je suis une comédienne qui est complètement passionnée par son travail. Et du coup, à la lecture des scénarios, des histoires et au regard des personnages, je vois par rapport à la personne qui je suis aujourd'hui, si je m'attache ou ne m'attache pas, m'identifie ou pas. Cela peut être une femme tunisienne, une femme algérienne, une femme du Moyen-Age, une Chinoise sauf que physiquement je ne peux pas le faire. C'est la diversité des rôles que j'interprète qui m'aide à enrichir mon expérience. Parce que j'ai l'impression de voyager à travers ce métier. Le voyage, c'est beau. Cela vous ouvre des portes. Ça ouvre les oreilles et les yeux, pour pouvoir voir, écouter d'autres gens, d'autres cultures. Chaque film, en soi est un voyage également.
On dit souvent que cette notion de voyage est propre aux comédiens et réalisateurs. Vous, en tant que Palestinienne, vous vivez peut-être ce voyage doublement et de façon encore plus forte. J'allais dire, à quand la fin du voyage?
Voyage ou pas. Je dirais quand je mourrai. Je n'aime pas dire que je vais me retrouver...Je crois savoir qui je suis. C'est-à-dire une comédienne passionnée. Une mère de deux filles que j'adore. Une Palestinienne attachée à l'histoire. Un être humain qui a dépassé les frontières parce que vraiment, l'être humain m'intéresse. Toute histoire de tout peuple opprimé, des gens qui souffrent sur terre m'intéresse énormément.
J'ai très envie d'explorer dans le cinéma et à travers des cinémas, des histoires de ces gens-là car je trouve que ça ouvre les oreilles et les yeux et ça aide les gens à s'identifier à des causes parce que justement on rentre dans les détails, dans l'humanité et l'individualité de l'histoire qui est complètement différente que celle donnée par les médias. Parce que souvent on a les infos en masse donc on ne fait pas trop la différence entre une femme et une autre, une victime et une autre, un enfant et un autre.
On a ainsi l'impression que toutes les femmes palestiniennes se ressemblent, toutes les femmes algériennes se ressemblent, que tous les gamins palestiniens qui souffrent se ressemblent...Les films nous aident à nous intéresser à leur histoire personnelle. Je suis quelqu'un de très engagé par rapport à l humanité.
Vous êtes à l'affiche, ici, à Amiens dans deux films en compétition, un libanais intitulé Chaque jour est une fête de Dima El-Horr et un autre palestinien, Grenades et Myrrhes de Najwa Najjar.Pourquoi le choix de ces films? Est-ce parce que la cause soulevée est pratiquement la même?
Ce n'est pas une question d'être la même. Encore une fois, quand je reçois un scénario, quand je le lis et je dis oui à un film, je ne m'engage pas par rapport à l'identité du réalisateur ou celle du film, je m'engage par rapport à l'identité artistique, si vous voulez,de ce que je vais faire. Sachant que l'artistique n'est pas séparé de l'être humain qui va vers la création, à partir de là, je m'engage vraiment envers une histoire que j'ai envie de partager. Après, si le film est palestinien, libanais ou autre, pour moi l'identité du film vient après. Ce n'est pas la ressemblance entre le déchirement des Palestiniens et celui des Libanais qui m'a fait accepter le film.
J'ai rencontré la réalisatrice avec le producteur qui est un ami, on a discuté de l'histoire, j'ai lu, j'ai aimé et j'ai foncé. A l'intérieur de moi, vous allez trouver des éléments qui font que je m'attache à des histoires qui peuvent être semblables dans la vie, mais ce n'est franchement pas cela qui me pousse à faire des films. C'est avant tout l'histoire du film et le personnage qu'on me propose.
Quel est le prochain film dans lequel vous allez encore nous surprendre?
Vous surprendre? je ne sais pas. En tout cas le prochain, c'est un très beau film du réalisateur palestinien Julian Schnabel, auteur, entre autres, de Le Scaphandre et le papillon. Je joue le rôle d'une femme palestinienne, de la période de 1947 à sa mort en 1994. Le film met en scène à travers le parcours de quatre femmes, une lecture de la Palestine qui est déclinée par un grand réalisateur qui est aussi artiste- peintre.


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