Maria Guidicelli a adressé un courrier à Jean-Louis Borloo afin de lui demander des garanties sur les accords formalisés entre la France et l'Italie qui doit leur rétrocéder le gaz reçu d'Algérie. La Corse est inquiète sur les capacités de l'Algérie à honorer ses engagements gaziers. Personnalités politiques et médias locaux ont réagi au rapport publié par la presse algérienne (reproduisant une étude du Creg) qui évoque l'incertitude planant sur des réserves en hydrocarbures rentables du pays. «Si l'Algérie ne trouve pas de nouveaux gisements sur son sol dans les prochaines années, le pays pourrait compromettre ses projets internationaux d'exportation et notamment le projet Galsi dont la Corse devait profiter.» Une interprétation qui fait craindre le pire mais qui n'est pas prise très au sérieux par les officiels corses. Maria Guidicelli, conseillère exécutive déléguée à l'énergie, a réagi en affirmant avoir appris cette information par médias interposés. «Je pense qu'il faut en relativiser la portée». L'article paru dans la presse algérienne étant peut-être une interprétation de la situation, souligne-t-elle avant d'ajouter: «Que je sache, les services de l'Etat n'ont pas reçu d'information alarmante en Italie.» Sur le fond, Maria Guidicelli relativise l'impact du contexte énergétique algérien sur l'approvisionnement de l'Italie et donc de la Corse dans la mesure où «au vu des réserves actuelles de l'Algérie et de sa capacité de production de gaz (100 milliards de mètres cubes par an) le Galsi ne représente que 8 milliards et la Corse, 5 milliards de ces 8 milliards». La conseillère poursuit qu'il y a apparemment deux courants de pensée en Algérie. Le premier prône de stocker le gaz afin qu'il prenne de la valeur et le vendre plus tard après avoir renégocié les tarifs. Le second suggère de ne pas interrompre l'exportation de gaz qui est une ressource essentielle de l'Algérie. «Il semblerait que le nouveau ministre algérien de l'Energie penche pour ce second courant.» La conseillère annonce avoir écrit à l'ambassade afin de connaître la position officielle du ministre mais qu'elle n'a pas encore eu de réponse. La même responsable a adressé un courrier à Jean-Louis Borloo afin de lui demander des garanties sur les accords formalisés entre la France et l'Italie qui doit leur rétrocéder le gaz reçu d'Algérie. Il n'y a donc pas lieu de s'alarmer mais nous restons vigilants. Les clignotants sont au vert, mais nous attendons des garanties du gouvernement qui, plus que jamais, doit jouer son rôle. La Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg), s'est penchée sur les perspectives d'approvisionnement du marché national algérien pour la période 2010-2018. D'où les menaces évoquées sur le projet du gazoduc entre l'Algérie et l'Italie. A Paris, du côté du ministère de l'Ecologie, de l'Energie et du Développement durable, on souligne avoir eu connaissance de ce rapport sorti il y a quinze jours tout en rappelant qu'il a été réalisé dans le cadre d'un exercice annuel par un organisme indépendant du gouvernement algérien lequel n'a pas fait de commentaires. «Or, notre interlocuteur est le gouvernement algérien et non pas la Creg. De fait, il n'y a pas lieu de réagir sur ce document.» Rappelons que selon le rapport de la Creg à l'horizon 2018, la demande globale intérieure en gaz atteindra 62,96 milliards de m3, soit un rythme d'évolution annuel moyen de 11,3% entre 2008 et 2013 et de 6,7% entre 2013 et 2018. Cette évolution de la demande est établie selon le scénario fort incluant la consommation des gros projets. La crainte pèse sur la capacité de l'Algérie à honorer ses engagements gaziers envers l'étranger en raison de l'augmentation de sa consommation interne d'ici à 2018. Les exportations sont déjà de 60 milliards de m3. Or, la demande interne pourrait évoluer entre 50,48 milliards et près de 63 milliards de m3 à l'horizon 2018. Actuellement, 40% des 40 milliards de dollars des exportations en hydrocarbures proviennent du gaz.