Un bras de fer oppose déjà depuis plusieurs semaines le camp du Premier ministre, Saad Hariri, au Hezbollah, le parti chiite accusant le tribunal de l'ONU d'avoir basé son enquête sur de faux témoignages et d'être à la solde d'Israël. Le Liban est au bord d'une grave crise politique liée à l'enquête menée par le tribunal de l'ONU sur l'assassinat du dirigeant Rafic Hariri, et exacerbée par l'émission de mandats d'arrêt en Syrie contre des proches du Premier ministre libanais, estiment des analystes. Un bras de fer oppose déjà depuis plusieurs semaines le camp du Premier ministre Saad Hariri, fils de Rafic Hariri, au Hezbollah, le parti chiite accusant le tribunal de l'ONU d'avoir basé son enquête sur de faux témoignages et d'être à la solde d'Israël. Dimanche, la justice syrienne a émis des mandats d'arrêt contre 33 personnalités libanaises, arabes et étrangères, dont des proches de M.Hariri, après une plainte d'un ex-général libanais contre de «faux témoins» ayant déposé devant le tribunal de l'ONU au sujet de l'attentat qui a tué l'ancien Premier ministre libanais en 2005. «La tension monte dangereusement, la crise commence», estime Hilal Khachane, professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth. La Syrie, montrée du doigt par le camp de Saad Hariri après l'assassinat de Rafic Hariri, a été contrainte de retirer ses troupes du Liban après 30 ans de tutelle. Mais Saad Hariri, dont les relations se sont améliorées avec la Syrie depuis qu'il est devenu Premier ministre fin 2009, a affirmé en septembre avoir commis une «erreur» en accusant Damas. «La position des Syriens est claire, ils veulent que M.Hariri lâche le Tribunal spécial pour le Liban» (TSL), estime M.Khachane. Si l'ambassadeur de la Syrie à Beyrouth a affirmé que l'affaire était «purement judiciaire», M.Hariri a «regretté l'émission des mandats d'arrêt et aurait préféré que les relations qui se développent entre le Liban et la Syrie ne connaissent pas ce genre de développement», a rapporté le ministre de l'Information, Tarek Mitri à l'issue d'une réunion du Conseil des ministres lundi soir. M.Hariri a également «mis en garde contre les conséquences d'une escalade (...) et assuré qu'il continuait d'oeuvrer en vue de meilleures relations avec la Syrie», selon M.Mitri. Le ministre libanais de la Justice, Ibrahim Najjar a été chargé de suivre l'affaire des mandats d'arrêt avec son homologue syrien, a-t-il ajouté. Les mandats d'arrêt exacerbent une situation déjà tendue à propos du TSL, créé par l'ONU en 2007 pour identifier et juger les assassins présumés de M.Hariri. En juillet, le Hezbollah, puissant allié de la Syrie au Liban, a fait savoir qu'il s'attendait à être accusé par le TSL d'implication dans le meurtre. Il a depuis mis en garde contre toute accusation, refusé de remettre un seul membre du parti à cette instance, et rejeté tout nouveau financement du TSL par le Liban. Une situation qui met le pays «devant une impasse», selon Paul Salem, directeur du centre Carnegie pour le Moyen-Orient. «Le Hezbollah va mettre encore plus de pression sur M.Hariri pour qu'il cesse son soutien au TSL», affirme-t-il. M.Hariri a fait savoir qu'il était «hors de question d'oublier le sang» de son père.