Des règles de construction parasismiques sont adoptées pour ériger des bâtiments capables de résister aux tremblements de terre. Il y a trente ans, la terre a tremblé à Chlef. Qui s'appelait à l'époque El Asnam. Depuis 30 ans, des familles entières habitent encore dans des chalets. Qui ont eu le temps d'être totalement délabrés. Ce n'est peut-être qu'un problème de logistique, mais des dangers plus grands guettent l'Algérie. Inondations, séismes, affaissements de terrain, incendies, explosions chimiques se font toujours menaçants. En juillet dernier, lors du Congrès mondial des études sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, des conférenciers algériens devaient intervenir pour mettre en exergue la fragilité de l'espace urbain. Pour le Nord, les menaces sont claires. C'est une région où se concentre la majorité de la populations et des installations économiques, sans parler des institutions politiques. C'est en même temps celle à être la plus exposée aux inondations et aux séismes. Des scientifiques évoquent même le problème de l'instabilité du sol. C'est dire que le séisme n'est pas le seul phénomène à être source de malheurs. En se référant à une étude de Azzedine Boudiaf, consultant en géorisques et enseignant à l'université des sciences de Montpellier, publiée dans la revue de l'Institut algérien de pétrole, il s'avère que l'instabilité du sol dans la Mitidja est alimentée par le pompage de l'eau durant les années de sécheresse de 1992 à 2000. Il a fallu une étude appuyée par un satellite pour s'apercevoir d'un affaissement de terrain de trois centimètres par an au sud d'Alger. D'autres scientifiques se penchent sur des programmes de recherche. C'est le cas de Spiral (Sismique profonde et Investigation régionale du nord de l'Algérie), portant sur le nord de l'Algérie, en mer et à terre. Il est engagé, depuis 2009, dans le cadre d'un accord entre Sonatrach, le Centre de recherche astronomique, astrophysique et géophysique et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Des instituts français de recherche pour le développement sont engagés dans le programme. Il prévoit, dans un premier temps, l'acquisition de données sismiques de longue écoute pour définir la structure géologique profonde, jusqu'à 30 km de profondeur au nord de l'Algérie. L'engagement de Sonatrach n'est pas fortuit. L'acquisition des données dans le cadre de ce programme revêt un intérêt capital pour la définition des potentiels pétroliers et l'évaluation de l'aléa sismique du nord de l'Algérie. Sur le plan pétrolier, c'est dans le domaine tellien que furent découverts les premiers gisements d'hydrocarbures en Algérie. Ces trois composantes, scientifiques, risques majeurs et potentiel pétrolier, sont suffisantes pour sécuriser la zone. Même si au Sud, comme à Ghardaïa, ce ne sont pas les menaces qui manquent, comme en témoignent les inondations dans cette ville. Depuis 2003, la riposte des autorités est venue en mettant l'accent sur le volet assurances. Mais il semble que les citoyens sont loin d'avoir acquis ce réflexe de protection contre les catastrophes naturelles, ils ne sont pas trèsnombreux à souscrire à cette assurance. Même pour les dangers mineurs, la culture de prévention n'est pas incrustée dans l'esprit des citoyens. C'est ce qu'a confié le directeur général de la Protection civile, Mustapha Lehbiri. Des catégories professionnelles peuvent aussi être sérieusement malmenées par certaines catastrophes. C'est le cas de la sécheresse et de la grêle pour les agriculteurs. Pour la ville de Chlef, les scientifiques y détectent une zone d'activité sismique permanente. Elle a été ébranlée par un terrible tremblement de terre le 10 octobre 1980 rappelant ceux de 1922, 1934, 1954, soit quatre séismes en l'espace d'une cinquantaine d'années. Le séisme du 10 octobre de magnitude 7,5 sur l'échelle de Richter a été le plus destructeur. Les règles parasismiques seraient-elles un paravent suffisant pour épargner ces morts?