Les troupes d'Alassane Ouattarra essayaient de sécuriser le reste de la capitale économique qui souffre d'une grave situation alimentaire. Le calme régnait hier matin à Abidjan après de violents combats ayant opposé la veille les troupes d'Alassane Ouattara, président ivoirien internationalement reconnu et celles restées fidèles à Laurent Gbagbo, dans le quartier de Cocody où ce dernier est retranché. Aucun tir n'a été entendu dans la matinée d'hier dans le quartier de Cocody, autour de la résidence présidentielle où se trouve toujours le président sortant Laurent Gbagbo, et dans celui du Plateau, siège du palais présidentiel, ont indiqué des habitants. «La matinée est calme», a dit un résident de Cocody tout en ajoutant: «les combats reprendront peut-être cet après-midi» dans ce quartier du nord de la capitale économique où se situent, outre la résidence présidentielle, le siège de la radio-télévision ivoirienne (RTI) et l'école de gendarmerie, tenues par les forces pro-Gbagbo. De violents combats ont eu lieu durant toute la semaine dans ce quartier, contraignant les habitants à se terrer chez eux. Vendredi, en milieu d'après-midi et en début de soirée, des combats à la mitrailleuse lourde et à l'arme légère ont encore fait rage dans le périmètre qui englobe la résidence de M.Gbagbo, la RTI et l'école de gendarmerie. Laurent Gbagbo a retrouvé un instrument de propagande avec la télévision (RTI) qui a recommencé à émettre vendredi dans certains quartiers alors que le signal avait été coupé lundi soir après des frappes de la Mission des Nations unies en Côte d'ivoire (Onuci) et de la force française Licorne. Ses troupes se battent avec acharnement dans les fiefs qu'elles ont conservés et où elles bénéficient d'une certaine mobilité, selon des témoignages concordants. On assiste ainsi à une partition assez marquée de la ville. Les troupes d'Alassane Ouattarra essayaient de sécuriser le reste de la capitale économique qui souffre d'une grave situation alimentaire. L'ambassade de France a affirmé vendredi que la résidence de l'ambassadeur avait été attaquée, pour la deuxième fois en moins de 48 heures, par des forces loyales à Laurent Gbagbo, ce que le camp du président sortant a démenti. Le porte-parole de l'état-major français, le colonel Thierry Burkhard, a souligné qu'il n'y avait pas eu, en riposte, d'attaques des hélicoptères de Licorne contre la résidence de M.Gbagbo. Par ailleurs, lors d'une tentative d'évacuation du personnel d'une autre ambassade «à la demande du gouvernement d'un pays allié» dont le nom n'a pas été précisé pour des raisons de sécurité, les soldats français ont été la cible de tirs, a précisé le colonel Burkhard. Les hélicoptères de Licorne ont alors détruit un véhicule blindé des forces pro Gbagbo dans la zone des résidences diplomatiques, a-t-il précisé. A l'impasse politique née de l'élection présidentielle du 28 novembre et l'enlisement militaire, Abidjan, livrée aux pillards, est confrontée à l'urgence humanitaire. «Abidjan est une tragédie humaine», a déclaré vendredi le représentant du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) en Côte d'Ivoire, Carlos Geha. Dans l'Ouest, les informations collectées par les enquêteurs de l'ONU sur les droits de l'homme sont «absolument terrifiantes», a déclaré la Haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay. Hier, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a affirmé détenir de nouvelles preuves d'atrocités commises dans l'Ouest, aussi bien par les forces pro-Ouattara, que par les forces pro-Gbagbo et déjà dénoncées par l'ONU et des ONG.