Le président Bouteflika vient d´autoriser, lors du dernier Conseil des ministres de mercredi dernier, «l´accès à la propriété des logements en location-vente pour les citoyens souhaitant payer cash». Il s´agit des logements financés par l´Etat, donc par le Trésor public. Ils sont 65.000 citoyens concernés par cette formule lancée en 2001 par l´Agence d´amélioration et du développement du logement (Aadl) sur instruction du chef de l´Etat. La décision, si elle «fouette» le marché de l´immobilier et réjouit bon nombre de bénéficiaires, est cependant, un véritable casse-tête pour l´exécutif chargé de son application. Parmi les nombreux effets qu´elle entraînera, il en est au moins deux qui méritent plus d´attention. Le premier de ces effets apporte incontestablement la solution radicale au problème du recouvrement des mensualités frappées du même sort que les loyers des Opgi. L´autre effet plus préoccupant, est celui de la gestion immobilière. Actuellement et même si c´est dans des conditions peu orthodoxes, celle-ci est assurée par l´Aadl. Qu´en sera-t-il une fois que le dernier bénéficiaire aura pleinement pris possession de sa propriété? Par qui et comment seront gérés ces biens en copropriétés une fois l´Aadl totalement désengagée? D´ailleurs et dès les premières acquisitions par paiement cash, les ressources de l´actuelle gestion immobilière de l´Aadl vont se réduire. Il est fort à craindre, si les responsables chargés de la mise en application de la décision du chef de l´Etat n´y prennent garde, que la cession des logements en location-vente ne connaisse le sort des logements en copropriété, biens de l´Etat cédés dans les années 80. Un sort qui, par faute de gestion immobilière a réduit aujourd´hui ce parc immobilier à un amas d´immeubles menaçant ruine. Il est donc urgent que le gouvernement prenne les mesures nécessaires pour éviter aux cités issues de la location-vente le même sort que les «cités dortoirs» qui défigurent nos villes. Certes, le président de la République a conditionné son autorisation à l´imposition d´une période d´incessibilité mais deux ans, trois ans ou même cinq années, c´est tellement court dans la vie d´un pays. Le gouvernement est devant une sérieuse épreuve. Aura -t-il l´imagination nécessaire pour éviter la clochardisation d´un patrimoine immobilier dont la paternité de la formule revient au Président Bouteflika lui-même? Ou alors, lancera-t-il purement et simplement les paiements cash pour la formule location-vente en copiant la procédure suivie par la cession des biens de l´Etat? On le saura dans peu de temps.