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Un chef-d'œuvre et des interrogations
Projection du film “Mostefa Ben boulaId” en présence du président Bouteflika
Publié dans Liberté le 13 - 12 - 2008

La salle El-Mouggar a vécu, mercredi soir, une journée historique sur tous les plans. D'abord, en projetant en avant-première un chef- d'œuvre sur la vie de Mostefa Ben Boulaïd, l'un des principaux dirigeants de la révolution de Novembre 54, à la veille de la célébration des manifestations du 11 Décembre 1960.
Ensuite, en recevant le président de la République, qui a tenu à assister aux 2 heures 40 minutes du film et, enfin, en jetant une nouvelle pierre dans le jardin de l'écriture de l'histoire de la Révolution, au moment où le débat fait rage entre certains acteurs de cette époque.
La projection du film, qui a vu la présence des membres du gouvernement, mais surtout de la famille révolutionnaire, dont certains compagnons de Ben Boulaïd et la famille de ce dernier au grand complet, a été pleine de moments d'émotion. Plusieurs personnes étaient en larmes durant la projection. C'est que le film comporte des scènes à forte dose émotionnelle, entrecoupées de scènes comiques, exécutées à merveille par des comédiens qui se sont surpassés dans ce film, à l'instar de Hassane Guechache, qui incarne merveilleusement Mostefa Ben Boulaïd, ou encore Slimane Benaïssa qui prend le rôle de Messali El-Hadj.
C'est d'ailleurs l'une des qualités de ce film qui tranche singulièrement avec les navets servis à satiété au public algérien. La qualité de l'image et du son est tout simplement parfaite et fait de ce film un véritable chef-d'œuvre cinématographique signé par un grand cinéaste, Ahmed Rachedi, qui a fait appel au virtuose Safy Boutella pour la musique, à l'Italien Eric Beghlietto pour la direction de la photo, au Français Daniel Toussain pour le son et à Isabelle Douvanec pour le montage.
Et ce n'est pas un hasard qu'un autre grand du cinéma algérien, Mohamed-Lakhdar Hamina (Palme d'or à Cannes pour son film Chronique des années de braise) soit présent à la salle aux côtés de son ami Rachedi.
Ahmed Rachedi fera remarquer que ce film est le premier, en dehors de celui dédié à Cheikh Bouamama, qui est consacré à une personnalité historique. “Avant, on répétait le slogan du FLN : un seul héros : le peuple.” Or, fera-t-il remarquer, “l'Algérie regorge de héros”. Il ne cache pas son désir de voir ce film devenir une référence et qu'il soit suivi par d'autres dans le même genre.
Le film, bien avant sa sortie, est promu à un succès commercial certain. Produit par Missan Belkaïs Films, il est déjà programmé au Festival international de Dubaï où les organisateurs ont même proposé de le projeter en ouverture.
Selon Sadek Bakhouche, le scénariste, le film est le fruit d'un long travail d'enquête sur le terrain de compilation de documents traitant de la personnalité de Ben Boulaïd. Six ans durant, le scénariste a tenté de recueillir auprès des compagnons de lutte de Ben Boulaïd, et dans les livres, tous les éléments pouvant écrire une histoire la plus proche possible de la vérité.
Ce travail a ouvert l'appétit du scénariste, qui est en train de finir un autre scénario consacré au colonel Lotfi. Il estime que les autres leaders de la Révolution, à l'instar de Krim Belkacem, doivent être immortalisés par des films pareils pour faire connaître l'histoire de la Révolution.
Un des neveux de Mostefa Ben Boulaïd n'a pas caché sa fierté de voir la vie de son oncle sur le grand écran. Il nous a raconté une anecdote assez édifiante : “La semaine dernière, j'étais à Alger et j'ai demandé à un jeune s'il connaissait Ben Boulaïd. Ce dernier m'a répondu : je crois que c'est une avenue. C'est vous dire l'importance de faire connaître l'histoire aux jeunes générations.” Le film a coûté pour le moment quelque 27 milliards de centimes. Une somme insignifiante si on la compare au coût des productions cinématographiques à l'étranger. Mais ce coût ne prend pas en compte les dettes qui restent encore à définir. La présidence de la République y a grandement contribué en accordant 15 milliards, le ministère des Moudjahidine a mis 7 milliards sur la table et l'ENTV a contribué avec 5 milliards. De nombreux sponsors ont fait des promesses qui attendent d'être honorées. D'autres institutions ont contribué à ce film, notamment le ministère de la Défense, avec les moyens de l'armée qui ont été mis à la disposition du réalisateur, mais aussi le ministère de la Culture.
En fait, le nerf de la guerre, c'est l'argent. D'ailleurs, Mohamed-Chérif Abbas, le ministre des Moudjahidine, réserve toujours sa réponse. “Il faudrait d'abord voir le film pour décider si l'on doit l'encourager”, même si le ministre avoue que ce film en appelle d'autres qui devraient être consacrés aux symboles de la Révolution. Le film sur Ben Boulaïd est, certes, un chef-d'œuvre. Mais il a été émaillé d'erreurs, comme celle montrant une boîte à chique siglée SNTA, ou encore le drapeau algérien brandi à Constantine à l'occasion de la visite de Messali El-Hadj. Ce dernier avait, sur son éventail, le drapeau algérien. Ou encore le Hercule de l'Algerian Air Force, ou encore les hélicoptères de combat, sans compter les escaliers de la pêcherie où des arbres poussaient dans les murs. Bref, des petits détails qui ont leur pesant dans le résultat final. Le film, long de 2 heures 40 minutes, et qui devrait passer à la Télévision algérienne sous forme de feuilleton de 10 parties, pèche par d'autres défauts techniques, à commencer par la répartition, dans le scénario, des étapes du film : on s'est trop attardé sur la scène de l'évasion de la prison d'El-Koudia de Constantine, alors que des événements, comme la réunion des 22 ou celle des 6, précédant le déclenchement de la lutte armée, ont été traités de façon expéditive. Cependant, le scénariste est tombé dans deux travers en glorifiant à outrance Mostefa Ben Boulaïd, jusqu'à laisser croire que ce dernier était le seul maître à penser de la Révolution, le véritable leader, mais surtout en accréditant la thèse de la trahison dans la mort de Ben Boulaïd. Le scénariste suggère, de manière on ne peut plus claire, que le remplaçant de Ben Boulaïd à la tête de la zone des Aurès, pendant l'incarcération de Ben Boulaïd, est l'auteur de cette trahison qui a permis à l'armée française de balancer un poste radio piégé qui devait exposer en face de Mostefa Ben Boulaïd, le soir même où ce dernier devait tenir une réunion importante pour débattre des questions de l'organisation de la Révolution dans les Aurès. La personne incriminée est toujours vivante et le fait de ressortir cette question, à l'occasion d'un film pareil, pourrait refroidir les ardeurs de tous ceux qui voudraient suivre cette voie en levant le voile sur des pans de l'histoire de la Révolution.
Le film se termine avec la scène de l'explosion qui a coûté la vie à Mostefa Ben Boulaïd et les cris d'impuissance de Hadj Lakhdar. Une fin qui laisse un goût d'inachevé et beaucoup d'interrogations. Faut-il classer le film dans le genre sentimental ? Peut-être bien, d'autant plus que les âmes sensibles seront bien servies. Faut-il le classer dans le genre historique ? Peut-être bien, puisqu'il traite du mouvement national (omettant l'OS), des préparatifs pour la Révolution, de la question de l'approvisionnement du maquis en armes qui tardait à se concrétiser, et des luttes fratricides pour le leadership, déjà aux premières années de la Révolution. Dans tous les cas de figure, c'est un film à voir, ne serait-ce que par ce qu'il tranche avec la médiocrité de la production audiovisuelle nationale et des prestations aussi médiocres de pseudo-comédiens qui monopolisent le petit écran. Le film de Rachedi démontre que l'on peut faire du cinéma de qualité en Algérie, pour peu que les moyens suivent. Le film prouve que l'Algérie recèle de talentueux comédiens autres que ceux qui occupent de force les devants de la scène, sans avoir le moindre talent. Le film, enfin, ose porter le débat sur l'histoire de la Révolution sur le grand écran.
Azzeddine Bensouiah


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