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Comment sont blanchis les milliards des kidnappings
L'argent du terrorisme réinvesti dans des circuits légaux
Publié dans Liberté le 10 - 02 - 2009

On sait presque tout sur les méthodes utilisées dans les opérations de kidnapping, liées au financement des activités terroristes, de cibles choisies. On en sait moins, en revanche, sur le partage de la rançon et les circuits retenus pour blanchir cet argent. Dans cette enquête, un début de réponse.
Quand deux civils ont été enlevés, en 2005 dans la wilaya de Tizi-Ouzou, peu de personnes se doutaient que ce phénomène allait prendre une telle ampleur jusqu'à atteindre une cadence de 15 kidnappings par mois, cinq à Boumerdès et dix à Tizi-Ouzou. En se basant sur des cas déclarés aux services de sécurité — car la plupart des familles ne signalent pas les disparitions et préfèrent honorer la rançon — le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur révèle que 375 personnes ont été kidnappées en 2007. 115 enlèvements sont directement liés au financement des groupes terroristes. Tizi-Ouzou vient en tête de ce sinistre palmarès, suivie par Boumerdès, Tlemcen et Batna, pour un total comptabilisé officiellement de 1,2 milliard de dinars de rançon versé par les familles des victimes durant la même période.
Sur la base des aveux des repentis, les services de sécurité en charge de la question savent, aujourd'hui, que cet argent a servi à l'achat des armes, mais aussi à prendre en charge les familles des terroristes morts ou activant dans le maquis, à payer les nouveaux enrôlés et surtout à réinjecter ce pactole — à des fins d'enrichissement personnel des “émirs” — dans l'immobilier, le trabendo et autres activités juteuses à la limite de la légalité. Les chefs des différentes phalanges du GSPC, et auparavant ceux du GIA et de l'AIS, a-t-on constaté, agissent en dehors de toute hiérarchie et idéologie et accomplissent leurs actions uniquement en fonction de leurs intérêts. À Boumerdès, des enquêtes ont été menées sur l'enrichissement soudain de certaines familles. Il s'est avéré que presque toutes avaient au moins un proche dans les maquis.
Le blanchiment de l'argent du terrorisme a été au centre de luttes intestines entre différents groupes terroristes et membres d'une même organisation. Les rivalités avaient été portées sur la scène publique à Jijel par le procès opposant un ancien membre de l'AIS à des chefs de la même organisation. Il les accusait de manquer à leur promesse de distribution équitable du butin et d'avoir investi l'argent du racket dans l'agriculture et le commerce pour leur propre compte.
En réalité, le foncier et l'immobilier constituent un créneau privilégié pour le blanchiment d'argent des chefs des groupes armés. Pourquoi le choix de ces secteurs ? Tout simplement parce que les différents acteurs, que sont les notaires, les avocats d'affaires et les agents immobiliers, jouent le jeu en ne déclarant pas systématiquement les transactions et opérations qui leur semblent douteuses, bien que la loi les y oblige.
Les familles des terroristes et des repentis ont aussi une prédilection pour les cafés, les magasins d'habillement, les douches, les librairies spécialisée dans la vente de livres religieux, CD et cassettes de hadiths et de musc ainsi que pour les petits restaurants et l'importation de la banane.
Des rançons de 300 millions de centimes
On croit savoir que la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) n'exclut pas d'inquiéter même les repentis si elle est destinataire de déclaration de soupçon de la part des banques ou de toute autre entité déclarante. Le problème réside à ce niveau. Les terroristes fuient comme la peste les circuits officiels, quitte à amasser l'argent dans des casemates ou à le confier à des proches. La structure même de l'économie algérienne, qui reste largement informelle, offre plusieurs moyens d'évasion. Ce qui complique la tâche de la cellule de traitement du renseignement financier qui fonctionne depuis 2004 et qui trouve bien des difficultés à traquer l'argent sale du terrorisme.
Les investigations de nos sources ont, en outre, confirmé le lien entre “la mafia du sable” et les terroristes à Boumerdès, qui leur servent de guide et de protection contre un partage de gains. Ces enquêtes mettent également en évidence une relation entre le banditisme et le GSPC pour ce qui est des enlèvements. Les groupes de gangs, quand ils n'opèrent pas pour leur propre compte en se faisant passer pour des terroristes, aident ces derniers en leur fournissant tous les renseignements utiles sur la victime.
Le GSPC a son mode d'emploi. Il agit souvent sur la base d'informations données par l'entourage même de la victime. Mais des fois, il compte sur le hasard. Vu la situation sécuritaire qui a prévalu avant 2008 dans la région, les groupes armés dressaient de faux barrages en toute quiétude sur certains axes routiers en dehors des zones urbaines. Dès qu'ils se trouvaient face à des personnes aisées financièrement, comme les commerçants, les hommes d'affaires ou les industriels, ils les enlevaient.
Le montant des rançons demandé est rarement en dessous des 25 millions de dinars et peut atteindre largement les 300 millions de dinars. Tout dépend de la situation financière de l'otage, bien étudiée à l'avance. On peut citer, notamment le cas d'un entrepreneur enlevé en 2007 et relâché contre une rançon de 25 milliards de centimes. Son affaire a été traitée par la cour de Tizi-Ouzou en 2008. Deux des auteurs de l'enlèvement, reconnus par la victime, ont été condamnés à la peine capitale.
En moyenne, la captivité ne dépasse pas une semaine. Souvent pas plus de deux jours. Exceptionnellement, l'enlèvement d'un commerçant de la commune de Boudouaou a duré 65 jours. Rarement ces tentatives de kidnapping ont été déjouées. En premier lieu, parce que les parents de l'otage craignent que la mise à contribution des services de sécurité entraîne l'exécution de leur proche et donc ils préfèrent payer automatiquement la somme réclamée, sans même négocier. Ensuite, parce que les groupes armés avaient de nombreux réseaux de soutien non affichés qui leur procuraient des caches sûres, en sus du fait qu'ils étaient fortement avantagés par le relief ardu et escarpé de la région et l'étendue géographique du maquis qui pouvait conduire jusqu'à Jijel.
Si le phénomène de l'enlèvement est apparu avec densité
en 2005 en Kabylie et à Boumerdès, il constituait une pratique usitée du GSPC depuis juillet 2001, date de l'enlèvement de l'ex-sénateur, ex-président de la commission juridique Mohamed Boudiar à Tébessa par El-Para.
Le même chef terroriste avait mené l'opération d'enlèvement des 31 touristes occidentaux, dont la libération a nécessité le paiement par le gouvernement allemand d'une somme de 5 millions d'euros. Cet argent a servi à de nombreuses opérations d'achat d'armes dont l'un des convois a été intercepté par les militaires au Sud algérien.
Qu'est-ce qui a conduit à la multiplication de ce genre d'action et à sa concentration pratiquement dans deux régions : Boumerdès et Tizi-Ouzou ?
La configuration du terrain et son étalement permettaient aux groupes terroristes de se replier et rejoindre une autre région en un temps record. L'autre paramètre réside dans le tarissement des sources de financement, à cause du refus des agriculteurs et des commerçants de payer l'impôt imposé par le GSPC, confortés par le renforcement des mesures de sécurité. En troisième lieu figure le gain facile et le ramassage de fortunes colossales.
En septembre 2008, avec l'enlèvement d'un riche entrepreneur, la soixantaine, dans la localité de Mâatkas, Tizi-Ouzou comptait son 34e kidnapping. Le dernier enlèvement remonte au mois de janvier dernier et a eu lieu dans la commune de Aït Yahia. Avant le GSPC s'adonnait à des activités tout autant lucratives, comme le racket, le braquage de bureaux de poste, l'attaque de convois de fonds et trafics divers, voitures, tabac et drogues, qui, pour ces derniers, n'ont pas cessé jusqu'à présent. Ces milliards de la terreur sont reconvertis dans les affaires avec, parfois, l'aide précieuse des repentis et des éléments des groupes armés élargis des prisons.
N. H.
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