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Réapprendre à vivre après l'exode
Les douars de l'Ouarsenis et du Zaccar tournent la page
Publié dans Liberté le 21 - 02 - 2009

Depuis 2002, près de 11 000 familles sont revenues dans leur douar natal. Ici le douar équivaut à la tribu. Dans ces plaines et prairies paradisiaques, dans ces terres arables et généreuses, les Patriotes ne badinent pas avec l'honneur. Fiers de défendre la République, les paysans, les jeunes, les anciens moudjahidine, tous victimes du terrorisme témoignent avec une rare émotion leur double absence : de leurs terres d'abord, ensuite de leurs coutumes et traditions rurales après une vie forcée et douloureuse dans des agglomérations. Ils avaient subi, durant la décennie rouge, la razzia des terroristes, l'exode, la misère et la frustration. Aujourd'hui, les enfants de l'Ouarsenis, de Medad, du Zaccar et autres chaînes Hessaïnia tournent la page. Ils se souviennent de tout. Du moindre détail. Leur arme, l'espoir. Leur maître-mot, la solidarité. Leur secret : la terre. La vie a repris ses droits.
Aïn Defla. Le monde rural commence à chaque fin d'une agglomération.
De petites agglomérations. À quelques encablures des villes, le monde rural accroche le visiteur et le dépayse. Les faux clichés du terrorisme et de la menace s'effacent au fur et à mesure qu'on avance sur ces pistes agricoles infinies qui serpentent les terres fertiles. Les chaînes montagneuses de l'Ouarsenis ou encore de Medad nous accompagnent de près comme s'il s'agit d'un seul pic. Un chic tableau de peinture signé Dame Nature. Les têtes de cheptel se chiffrent en milliers. Les plaines et prairies au décor verdâtre arborent oxygène et culture bio. Sans triche.
À perte de vue, des centaines d'hectares de cultures. Surtout la pomme de terre. La configuration sociologique capte de plus en plus notre attention. Des maisons éparses. Des habitations rurales bâties grâce aux dispositifs d'aide de l'Etat. Des demeures peintes de terre et de boue pour protéger l'ovin et le bovin. Des douars séparés, mais communicants. Des maisons groupées avec en sus un cadre de vie et les moyens appropriés. Dans le triangle Zerarka-Benaihia-Araibia, autrefois territoire libéré, aujourd'hui territoire libre, des hommes, des femmes et des enfants reconstituent leur passé. Ils compensent. Avec les moyens du bord. Pour eux, la notion de l'Etat est omniprésente. La couverture sécuritaire y est. Les commodités également. Cinq ans après leur retour dans leurs douars, ces âmes à jamais traumatisées prennent les choses en main. Parmi eux, des jeunes de 20 ans. Ils n'avaient que 10 ans quand leurs parents avaient été chassés par les hordes de l'AIS et du GIA. Ceux-ci acceptent, bon an, mal an, leur destin.
Ouled douar, ils n'avaient que 13 ans lors de la razzia
Première escale, Bourached, à 13 km du chef-lieu de wilaya, 24 douars peuplés de 29 411 habitants, touchée de plein fouet par le terrorisme de par son enclavement durant les années 1990. Relevant de la daïra de Djelid, cette localité a, aujourd'hui, le mérite de recevoir le plus important et principal échangeur de l'autoroute Est-Ouest avec le dédoublement du chemin de wilaya 42. À vocation agricole, comme tous les douars qui se respectent, Bourached est cette cité désertée, à quelques douars près, puis reconquise par ses enfants. Hadj Hamdani El Hachemi, 71 ans, éleveur de son état, nous aborde à chaud : “Nous avons résisté jusqu'au bout. Nous avons pris les armes. Moi ? Je n'ai rien perdu par rapport à d'autres ! J'ai sauvé 13 gendarmes d'une embuscade à Zedine, on brûlé ma maison. Je suis resté cinq ans sans revoir le douar de Zerarka. J'ai milité à ma manière car je suis un ancien moudjahid. Je ne cède pas au chantage des obscurantistes.”
Ce Patriote de première heure ne cache pas ce qui a changé depuis 2002, année de son retour chez lui. La canne à la main, il témoigne sincèrement : “Il y a quatorze familles qui vivent ici. Toutes vous témoigneront de ce qui est fait par l'Etat depuis 1999. Depuis cette année, nous ne cessons de voter pour profiter des projets de développement. Et cette fois-ci encore, nous voterons en masse pour l'homme qui nous a rendu le sourire, Bouteflika.” Accompagné par “ouled douar”, Khadami Mohamed, 23 ans, paysan également, avouera ne pas se souvenir du jour de son départ de sa terre natale. “J'avais 13 ans, c'était en 1997. Aujourd'hui, mes parents m'enseignent à défendre cette terre par le travail. Et c'est ce que je fais pour les aider. Je cultive la terre et je gagne bien ma vie”, nous dira-t-il tout de go. Son ami Khedaoui Abbas, 23 ans, de la même génération, vante l'autoroute Est-Ouest : “Si on m'appelle pour travailler, j'irai car je n'ai aucun diplôme. Entre-temps, je travaille la terre. Mais, je suis sûr que cette autoroute va créer beaucoup d'emplois dès son ouverture. On attend ! Mais écrivez que nous les jeunes du douar Zerarka, nous voterons pour un candidat utile, celui qui nous a permis de revenir ici. Vous savez de qui je parle ? C'est Bouteflika.” Réservé depuis le début de notre arrivée, “l'enfant du FLN depuis 1967”, pour le paraphraser, en l'occurrence Zerouati Moussa, 65 ans, retraité et originaire de Sidi Bouâbida, se souvient aussi de ces années rigoureuses. “En 1999, nous venions quotidiennement ici. Mais, on repartait la nuit car il y avait encore des risques. En 2002, puis en 2003, les familles commençaient graduellement et définitivement à réinvestir leurs maisons et leurs biens. Et si aujourd'hui nous irons en masse aux urnes, c'est pour voter un programme, même avec ses insuffisances. Mais on soutiendra jusqu'au bout ses projets. Je parle du moudjahid Bouteflika, grâce à qui les enfants des douars ont réappris à vivre après des années de souffrance et de deuil”, témoigne-t-il. Et d'ajouter : “Nous vivons toujours l'isolement. Nous avons une école inoccupée à cause du manque de transport scolaire. Nos enfants étudient à un kilomètre du douar. Mais les choses vont certainement changer. Nous avons l'espoir.”
À un jet de pierre de Zerarka, les douars Ouled Attou, Ouled Abdelali. Copie conforme du premier, cet espace gigantesque verdoyant est équipé de toutes les commodités : éclairage public, école, eau potable, dispositif d'irrigation, habitations groupées et rurales individuelles, etc. Le taux d'électrification, nous dit-on, a atteint les 100%. Ici, il y a même un paysan, qui a par ailleurs bénéficié du PPDR (plan de développement rural) pour irriguer ses cultures à partir du barrage d'eau Ouled Mellouk, d'une capacité de plus de 127 millions de mètres cubes. Seconde agglomération de Bourached, Ouled Sid Ahmed surplombe le barrage Ouled Mellouk et Ghaba Babor que les habitants souhaitent transformer en un parc naturel et d'attractions surtout que le chemin est tracé par les autorités locales vers Ouled Zehar en passant par Douar Ksaksia. “Tous ces projets que vous voyez sont le fruit du passage du Président en 2003 à Aïn Defla. En plus des 18 locaux sur 100 déjà prêts, nous disposons d'une antenne administrative, de 30 logements sociaux, d'une salle de sports, d'écoles et d'infrastructures de base”, nous explique- t-on encore.
Slamnia, la République d'abord !
Nous parcourons à peine 4 km de piste pour atterrir dans le douar Slamnia, peuplé de 2 500 âmes. Patriote, élu FLN et vice-président chargé des affaires sociales à l'APC de Bourached, Noureddine Selmane se rappelle de l'assassinat d'un de ses cousins en 1994. “C'est le seul attentat terroriste que nous avons subi. Ensuite, nous avons pris les armes et soudé les rangs des douars contre toute tentative d'incursion. Ici, les paysans ne comptent pas sur l'Etat, sinon pour les aides pour le développement rural. Tout le monde travaille la terre”, nous avoue Selmane.
Dans ce douar constitué de quatre grandes familles, Moussa Kharbache, 64 ans, chef de faction, décideur et conseiller semble le mieux indiqué pour parler. “Ici, nous sommes 2 500 personnes. Il y aura 2 500 votes ! Nous voterons pour un programme, celui du président de la République. Le 9 avril prochain, nous irons en masse aux urnes. Ici, nous ne connaissons pas l'opposition. Hier, nous étions seuls face au terrorisme. Aujourd'hui, Dieu merci, nous sommes vivants et nous avons conservé nos terres. Le Président est un homme rassembleur et chacun est libre de voter sur le candidat de son choix. Nous, nous avons fait notre choix et c'est moi qui conseille et oriente ce douar. Nous devons penser aux futures générations. Il est temps”, nous affirme Kharbache.
Même température politique, même température sécuritaire
Au douar Koudiat Zeboudj, même topo, même température politique et mêmes appréciations sur les réalisations et les futurs projets. À Arib, à 10 km du chef-lieu de wilaya, 25 000 habitants, plus exactement aux douars Oued El Had et Sidi Amar, notre dernière escale, plus de 60 familles ont déjà rejoint leur domicile, les autres ayant bénéficié d'habitations individuelles et collectives, en sus des aides de l'Etat pour cultiver la terre, et enfin, la dernière catégorie qui refuse toujours de retourner dans leur terre natale.
Abdelmadjid Abdeli, chef de daïra d'El-Amra, et Oufkir Mohamed Mouloud, maire
d'Arib, soutiennent que des efforts sont consentis quotidiennement pour améliorer le quotidien des populations rurales. “Nous avons tout investi pour faire revenir ces familles. Nous avons offert des vaches, des brebis, des batteries de poulaillers et autres commodités, comme les routes, des habitations auxquelles ils greffent des bicoques de fortune, l'eau et l'électricité. Certains refusent, d'autres trichent, mais on devra gérer la situation”, nous dit-on.
Evoquant la prochaine élection présidentielle, cette daïra compte officiellement 35 685 électeurs, dont 15 656 femmes pour
76 bureaux de vote répartis dans 25 centres fixés pour la circonstance. Ici, on ne parle que du programme du Président. Le passage de Bouteflika en 2003 meuble encore les discussions à El Amra, à Arib et Mekhatria. Des localités ravagées par le terrorisme qui pansent désormais leurs plaies et changent de cap pour se mettre au diapason des grandes agglomérations d'Algérie.
À côté, comme à Béni Masser, Oued El-Had (83 personnes égorgées en une seule nuit) et Targhouth, on ne parle que
du retour. Rasés et brûlés, ces douars ne jurent que par ce mot cher aux familles terrorisées : le défi.
Pour preuve, au barrage Sid M'hamed Bentiba, pas moins de 350 familles ont été évacuées, relogées et indemnisées pour les sécuriser. Une dizaine de postes d'observation et de contrôle militaires, des patrouilles ponctuelles et inopinées et des barrages fixes de la Gendarmerie nationale et de la Garde communale sont érigés
pour une sécurisation optimale
des secteurs où le terrorisme et le banditisme n'ont plus droit de citer. Et ce n'est pas un hasard si ces lieux paradisiaques deviennent des lieux de pèlerinage pour les familles. Tous les douars que nous avons visités se ressemblent.
Ils ont tous subi les affres du terrorisme aveugle. Passée au rang de wilaya en 1984, Aïn Defla n'a pas goûté au développement puisque quelques années après, cette région de l'Algérie profonde est frappée de plein fouet par le terrorisme.
Une situation qui aura duré une longue décennie et durant laquelle ses populations ont sombré dans l'exode, l'errance et la souffrance. Décidés plus que jamais à tourner la page, après leur retour euphorique, les enfants de l'Ouarsenis et du Zaccar gardent espoir. Désormais, elle vit le déclic, l'effervescence des investissements et a reconquis ses lettres de noblesse d'antan : Aïn Defla, l'enchanteresse.
F. B.


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