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Nouvelle gouvernance ou disqualification des institutions politiques
La crise économique mondiale (2e partie et fin)
Publié dans Liberté le 23 - 03 - 2009

Nous publions la deuxième partie de la contribution de Mohamed Laïchoubi dans laquelle il aborde les instruments financiers de la mondialisation, l'ultralibéralisme et les fragilités sociales.
Système économique et domination politique
L'ensemble de ces éléments nous permet de dire que ceux qui ont impulsé les instruments, notamment financiers, de la mondialisation étaient intimement convaincus qu'ils assureraient ainsi leur puissance et leur prééminence, alors que, paradoxalement, ils ont plus réalisé leur propre précarité, et entraîné l'ensemble de l'économie mondiale dans une grande instabilité.
En effet la suspension unilatérale en 1971 de la convertibilité du dollar en or devenue monnaie de référence internationale avait pour finalité également de capter l'épargne mondiale et de financer l'endettement sans fin des USA, Allemagne, Japon, et maintenant s'y ajoute l'épargne des Chinois et celle des pays pétroliers.Résultat la dette de l'Etat fédéral américain est passée de 424 milliards en 1971 à plus de 10 000 milliards de dollars en 2007- 2008. L'émission sans frein du dollar dans les espaces et la baisse de la part des salaires dans le PIB (pouvoir d'achat), avec l'accroissement de la spéculation financière vont éloigner une économie devenue virtuelle de l'économie réelle, et tourne le dos au fondement du capitalisme qui reposait sur l'entreprise créatrice de richesse.
L'ensemble de ces incohérences a précipité un système par ailleurs convaincu de sa cohérence.
Fragilités sociales
Tout ceci a eu pour résultat, comme le dit Barack Obama, “le désastre se poursuit pour les familles travailleuses”, commentaire fait après la publication le 30 janvier dernier du chiffre de la croissance américaine pour le 4e trimestre – 3.8% qui n'améliore pas l'optimisme.
Finalement tout a été fait à l'inverse
Comment peut-on viser a une rentabilité maximum, avec une surproduction extrême, alors qu'en parallèle, les salaires dans les pays développés sont ralentis et pour pallier l'effet mécanique de la sous-consommation, les ménages sont poussés au surendettement pour consommer plus et absorber les surproductions et s'installer ainsi dans la fragilité avec un revenu virtuel (dû à l'endettement). Bernard Guerrien, chercheur associé, au Centre d'économie de la Sorbonne estime qu'“entre 1989 et 2006, la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises a diminuée de 67% à 57% dans les quinze pays les plus riches de l'OCDE”.
Les inégalités n'ont jamais été aussi fortes depuis 1920
Par ailleurs tout un pan de la population mondiale des pays émergents est maintenu dans la précarité de l'emploi ou du fait des bas salaires versés par les multinationales.
Les règles du jeu internationales non seulement viennent accroître la précarité évoquée mais elles entravent la progression de ces pays et rendent difficiles les rattrapages économiques.Les règles de l'OMC, les brevets notamment pour les médicaments, l'alimentaire et les semences, les produits agricoles subventionnés, le protectionnisme, les manipulations de change, etc. Et évidement ces populations au très faible pouvoir d'achat sont loin des rythmes effrénés des consommations des pays développés.
Et comme ce système de politique économique mondiale des trente dernières années n'est ni à un paradoxe ni à une contradiction près, il sollicite les pays émergents pour devenir des pays grands consommateurs. Ainsi Martin Wolf, grand éditorialiste économique, notamment du, suggère justement à ce sujet. Début de citation : “La Chine en particulier doit créer une économie portée sur la consommation. C'est dans l'intérêt de la Chine, c'est aussi dans l'intérêt du monde”, fin de citation. Mais la Chine reste un pays pauvre. La première conclusion de cette analyse est en fait que l'ultralibéralisme n'est pas apolitique, il est éminemment politique.
Et comme l'avoue Philip Stephens, éditorialiste du Financial Times, “la libéralisation du commerce et des flux de capitaux était un projet essentiellement américain. Ce n'était pas tout à fait une entreprise impérialiste.” À présent l'Occident “ne peut plus espérer dicter la règle du jeu”. Il est manifeste qu'il faille revisiter l'ensemble du système y compris dans ses approches politiques. Les modèles servant de références se désarticulent l'un après l'autre. Le miracle irlandais s'estompe brutalement et se transforme en désastre. En coordination avec l'ensemble du système, la Banque Mondiale et le FMI exigeaient l'autonomie totale des banques centrales. Or, devant la crise ces institutions se distinguent par leur mutisme. Néanmoins dans les espaces politiques la polémique s'installe. La veille de la réunion du G20 à Washington, le président Bush précisait : “Cette crise n'est pas l'échec de l'économie de marché et la réponse n'est pas de réinventer le système.” Alors que le président Français déclarait à Bruxelles : “La crise est mondiale, mais on sait très bien d'où elle est partie.” Devant la gravité de la situation sur la révision des modèles, le débat s'impose de lui-même et il ne se fait pas sans heurts. Peer Steinbauer, ministre allemand des Finances, accuse le Premier Ministre britannique Gordon Brown, de pratiquer un “keynésianisme grossier”. “Ceux-là mêmes qui ne touchaient jamais aux dépenses publiques jettent aujourd'hui des milliards par les fenêtres.” La contestation et la refondation du capitalisme sont évoquées non pas par les pays émergents contestataires traditionnels mais bien dans les espaces qui ont conçu l'architecture du système. Néanmoins, ils ne sont pas nombreux à évoquer la dimension politique d'une architecture économique et financière conçue pour servir et assurer la domination, sinon la prééminence, des uns sur les autres à travers la globalisation.
Globalisation et justice sociale
Il faut lire entre les lignes pour interpréter ces déclarations réservées. Ainsi encore une fois Martin Wolf prend les devants et déclare dans le Financial Times : “Nous sommes à un moment décisif, si nous émergeons de cette crise sans un effondrement général, nous aurons le temps et l‘occasion d'édifier un ordre mondial plus juste et plus stable.”Et voilà un concept largement défendu par l'Algérie à travers son ministre des Affaires étrangères de l'époque (président de l'Assemblée générale de l'ONU et actuel président de l'Algérie) et les pays non alignés dans les années 1970, qui ressurgit en 2009 dans les propos d'un des tenants les plus forts de l'économie mondiale des vingt dernières années et qui mieux est dans le Financial Times. Cela confirme le caractère politique du système économique et financier mondial. Par conséquent les réponses ne devront être également politiques. Or, la crise va venir accroître la carence des systèmes sociaux contestés et mis en place à l'aune de l'ultralibéralisme et des visions de rentabilité.
En effet, les concepts de service public ont été totalement révisés, résultat que certains qualifient de désertification du territoire : déficit de médecins, hôpitaux, écoles, maternités ferment les unes après les autres pour des raisons dite d'efficience et de rentabilité. La crise va être aggravée dans ces pays, par le fait que l'Etat n'est plus le régulateur social garant d'un service public équitable et accessible à tous.Il a cédé aux dimensions marchandes ; il a été progressivement évincé de l'espace public par le système économique et financier. C'est donc un Etat affaibli avec des structures sociales qui ne sont plus adaptées aux duretés qui s'annoncent à l'échelle mondiale.
Nouveau multiralisme sur le plan international
Les remises en cause des modes management de la relation internationale ne sont plus l'apanage d'Etats ou de courants politiques traditionnellement contestataires mais c'est au sein même de la présidence des Etats-Unis que l'on prône les vertus du dialogue et que l'on évoque un nouveau multilatéralisme.Nécessité faisant loi, le G7-G8 étend la concertation au G20 et manifestement ce cadre lui-même restera bien étroit au vu de l'ampleur de la tâche et de la mobilisation qu'elle implique à l'échelon mondial.
Mais il est surtout fondamental de dire que cette immense tâche de remise en ordre de l'économie mondiale, prélude d'une crise qui sera longue d'autant qu'elle intervient à des fins de cycles pour les modèles les plus fondamentaux de la planète :
- le modèle énergétique est clairement mis en cause, ceci d'autant qu'il arrive à saturation ;
- le modèle industriel est polluant, il dilapide les énergies dont l'eau ;
- le modèle agricole consomme trop d'eau, il tourne le dos à l'écologie. L'usage des pesticides a des effets dévastateurs sur les écosystèmes (en France, la présence des pesticides est révélée sur 90% des eaux de surface) ;
- l'insécurité alimentaire menace de faire exploser bon nombre de pays, de nombreux spécialistes annoncent les guerres de la faim ;
- les modèles alimentaires eux-mêmes sont contestés, les nouvelles techniques notamment de clonage ne sont pas admises ;
- la gestion des ressources en eau devrait se faire différemment, de graves pénuries sont annoncées dans les 20 prochaines années, notamment en Inde et aux Etats-Unis. Or, pour relever l'ensemble de ces défis, les acteurs de la catastrophe ne peuvent pas être ceux qui aideront le monde à appréhender les problématiques actuelles ni à leur trouver des solutions. Au vu de l'ensemble de ces éléments, il apparaît fondamental qu'au plan interne, il faille réintroduire l'Etat régulateur des solidarités et gestionnaire de l'intérêt général. Au plan International, il faut organiser une responsabilité collective et solidaire sans laquelle les chantiers évoqués ne seront que partiellement traités et revoir l'organisation institutionnelle. La chancelière allemande estime qu'un conseil économique et social mondial est utile pour faire avancer les choses. Par ailleurs, il faut introduire les pays émergents dans l'espace décisionnel mondial (20% de la population mondiale gèrent 80% des richesses).
Concrètement l'économie mondiale pour retrouver sa fluidité a besoin que la pauvreté se réduise. Tous les paradoxes relevés dans la présente analyse tiennent au fait que le besoin de domination a été souvent le moteur de l'économie mondiale, il a même été le paramètre essentiel de l'architecture du système mondial. L'argent cache l'insignifiance des hommes comme le torrent boueux cache les racines vermoulues des arbres (proverbe). Il est clair que les nouvelles reconfigurations mondiales vont s'engager dans les difficultés, pour les pays émergents, cela va nécessiter une capacité de manœuvre à l'échelon internationale que seuls les dirigeants expérimentés peuvent conduire, c'est pourquoi pour l'Algérie la présence de l'actuel président au prochain mandat est un enjeu important pour faire face aux grandes incertitudes qui s'annoncent sur le plan international, et parce qu' il a toujours su que la modernisation du pays et sa vitalité passent par la cohésion sociale. C'est ensemble que le pays doit affronter les enjeux qui s'annoncent.
M. L.
(*) Conférence donnée le 5 février à Bilbao par M. Mohamed Laïchoubi, ancien ministre du Travail et de la Protection sociale, diplomate et membre de l'Académie royale espagnole pour les sciences économiques et financières comme académicien correspondant pour l'Algérie. M. Laïchoubi a déjà participé à divers actes internationaux de la Racef. Celle-ci est l'unique des académies royales d'Espagne qui a son siège dans la capitale catalane. Actuellement, elle compte 42 académiciens numéraires et 31 correspondants espagnols et étrangers.


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